REPÈRES BIOGRAPHIQUES
par Evelyne Taslitzky
« 1911 Le 30 septembre, à l’hôpital Tarnier à Paris, naît Boris Taslitzky, fils de Smerko (Simon) Taslitzky (1883-1915), ingénieur, et d’Anna Riback-Taslitzky (1889?-1942), couturière, fille et petite-fille de rabbins. Venus respectivement d’Ukraine (Ekaterinoslaw) et de Crimée (Talnoë) en 1904 et 1905, ses parents se sont rencontrés à Paris. Bien que ces derniers soient juifs, Boris Taslitzky est baptisé suite à l’incompréhension de sa mère, qui ne parlait pas encore français et pensait qu’il s’agissait de le faire vacciner(1).
1915 Engagé volontaire, le père de Boris devient sergent au 169e régiment d’infanterie et meurt le 13 juillet sur le front de Ronchamp (Haute-Saône). De ce fait, Boris est déclaré pupille de la nation. Plus tard, il dira : « toute ma vie a été influencée par les guerres et ça a déterminé pour une part énorme ma vie militante et ma vie d’artiste » (2).
1916 Malade des bronches, Boris Taslitzky déménage avec sa mère à Nice avant d’être mis en pension à La Colle-sur-Loup (Alpes-Maritimes), parce que les médecins lui recommandent l’air de la montagne.
1917 Sa mère perd son emploi de couturière à Nice et part travailler à Marseille. Boris la suit et entre au collège Saint-Loup.
1918 En octobre, de retour à Paris, Boris et sa mère frôlent la mort lors de l’épidémie de grippe espagnole qui sévit jusqu’en 1921.
1919-1920 Boris et sa mère déménagent plusieurs fois dans Paris, habitant tour à tour rue des Cinq Diamants, rue Mirbel, etc.
Boris est mis en pension successivement à Paris, au Perreux, à l’île d’Oléron, à Asnières et enfin en Normandie.
1921 Début 1921, sa mère lui annonce qu’elle va se remarier avec Victor Rosenblum, dit Vitia, ingénieur et bon musicien.
Le 30 septembre, Boris rentre à Paris où il habite rue Vauquelin. Il fréquente alors sa famille par alliance, profondément monarchiste et catholique. Anna, la soeur de Vitia, est mariée à Fabrice Sévère, écrivain, journaliste et catholique militant. Le père de Fabrice, Hector Justinien Sévère, est organiste à Sainte-Anne, tandis que Gabriel Sévère, frère de Fabrice, est musicien. Sophia Petrovna, la mère de Vitia, tient quant à elle une table d’hôte et est passionnée par le cinéma où elle emmène Boris.
Quand elle apprend que Boris avait été baptisé, la famille en informe l’Archevêché de Paris qui en réfère à la Papauté. Pie XI, lui-même, considère alors que la « main de Dieu » est sur cet enfant (ce que tend à confirmer le fait que la mère de Boris avait prié pour la fille de Fabrice Sévère, malade, à la suite de quoi l’enfant avait été sauvée).
Cherchant à rompre l’encerclement catholique et l’éducation religieuse de Boris entreprise par la famille, sa mère l’inscrit à l’école rabbinique rue Vauquelin. Boris finit par refuser toute religion et ne faire ni sa communion ni sa bar mitzvah.
1924 Après qu’il a été un moment premier de sa classe, Boris obtient de mauvais résultats scolaires. Son instituteur, Monsieur Weill, refuse de le présenter au certificat d’études, tout en lui conseillant de s’inscrire en candidat libre. Il est reçu premier de l’école et cinquième de l’arrondissement. Mis en apprentissage chez un architecte, Boris décide ensuite de suivre des cours de dessin boulevard du Montparnasse pendant deux ans.
1926 Boris Taslitzky décide de devenir peintre et s’inscrit à l’Académie Moderne rue Notre Dame-des-Champs.
1928 Envoyé au Salon d’Automne, le tableau La Farandole est refusé.
Le beau-père de Boris, Vitia, devenu alcoolique, se sépare de sa mère.
1929 Durant ses vacances, sur l’île d’Oléron, Boris fait la connaissance de Jacqueline Lefèvre (née le 7 décembre 1912).
Il travaille dans l’atelier du maître-verrier Jacques Gruber qui lui présente son fils, Francis, dont il deviendra l’ami.
1929-1930 Boris entre à l’école des Beaux-Arts dans l’atelier de Lucien Simon. Il y fait la connaissance de Jean Amblard en qui il reconnaitra son « frère de coeur ».
Ensemble ils font de multiples visites au musée du Louvre où ils exécutent des copies des grands maîtres.
C’est aussi dans l’atelier Simon qu’il rencontre Amrita Sher-Gil avec laquelle il aura une aventure amoureuse. Ils peignent mutuellement leurs portraits à plusieurs reprises. Mais Amrita, issue d’une riche famille, épousera finalement un cousin.
1930 Boris retrouve Jacqueline Lefèvre.
1932 Le 4 mars, le peintre épouse Jacqueline Lefèvre. Leur fils, Jean-Michel, nait le 19 septembre suivant.
1932-1933 Boris fait son service militaire au 5ème régiment d’infanterie.
1934 Boris adhère à l’A.E.A.R. (Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires). Il fait la connaissance de Louis Aragon, Francis Jourdain, Paul Vaillant-Couturier, Pablo Picasso, Édouard Pignon, André Fougeron, André Derain, François Desnoyer, Jean Lurçat, Marcel Gromaire, André Lhote, Frans Masereel, Fernand Léger, etc.
Il participe à diverses actions et notamment à l’accueil à Saint-Denis, par les artistes des marcheurs de la faim du Nord, mais aussi aux manifestations des 6, 9 et 12 février 1934 contre le fascisme.
Élu l’un des trois secrétaires de l’A.E.A.R, il participe à diverses expositions et débats.
Le 7 décembre, le fils de Boris, Jean-Michel, décède des conséquences de la poliomyélite. Le couple ne survit pas à ce drame et finit par se séparer.
1935 En mars, Boris Taslitzky adhère au Parti Communiste.
À partir de mai-juin, l’A.E.A.R disparait peu à peu pour laisser place à la Maison de la Culture en essayant de regrouper toutes les forces antifascistes. Elle organise des expositions Courbet, Bonnard, etc.
Le 14 juillet, le comité du Front Populaire charge les artistes de la Maison de la Culture de décorer la place de la Bastille et de peindre des banderoles et pancartes pour la manifestation. Malheureusement ces panneaux, réalisés, entre autres, par Lurçat, Léger, Masereel et Taslitzky, n’ont pas été conservés.
Boris rencontre Jacques Lipchitz dont il devient l’élève.
Il peint L’escalier mécanique du métro le soir.
1936 Boris dessine pendant les grèves (aux usines Renault, à la Samaritaine, dans des meetings) et peint la toile intitulée Les grèves de juin 36.
Pour le 14 juillet, au théâtre de l’Alhambra, la Maison de la Culture organise une représentation de la pièce de Romain Rolland, 14 juillet, ainsi qu’une exposition de peintures à laquelle Taslitzky participe aux côtés de Picasso, Pignon, Gromaire, Lurçat, Léger, Matisse, Fougeron, Amblard, etc.
Taslitzky peint plusieurs compositions inspirées par l’actualité : Commémoration de la Commune au père Lachaise, Scènes de la guerre civile en Espagne, Les Asturies. À la suite de l’annonce de l’exécution de Federico Garcia Lorca, il réalise Le Télégramme qu’il qualifiera a posteriori de « nature morte à contenu social ». (3)
1937 Boris devient secrétaire général de la Maison de la Culture.
Il habite dans son atelier au 3, rue Campagne-Première, à Paris, et travaille comme illustrateur au journal Ce Soir.
Du 12 au 25 mars, il expose à la Galerie Billiet, à Paris, aux côtés de Théodore Fried, Edmond Kuss, Charles Mérangel et Édouard Pignon.
Boris Taslitzky rencontre Suzanne Leguet (née le 31 octobre 1914) dans une manifestation du 14 juillet.
1938 Il peint Le jeudi des enfants d’Ivry.
1939 Mobilisé le 26 août, il fait la « drôle de guerre » au 101e régiment d’infanterie et y réalise quelques dessins.
1940 Le 10 mai, durant la bataille qui oppose son régiment à l’armée allemande devant Château-Thierry, Boris s’illustre, ce qui lui vaudra la Croix de Guerre, médaille de bronze et palme.
Lors de la débâcle, il est fait prisonnier sur la Loire et transporté au camp de Melun le 18 juin. Envoyé au travail des moissons à Saint- Saulieu dans la Somme, il s’évade fin août, rentre à Paris, puis passe en zone libre et se met à la disposition du Parti Communiste et de la Résistance.
Il prend alors contact avec Jean Lurçat et Marcel Gromaire qui s’étaient retirés à Aubusson. Grâce à un certificat de travail et de domicile de Lurçat, il est démobilisé. Devenu son assistant pour la création de cartons de tapisserie, il signe aussi des cartons en son nom propre. Par la suite il continuera épisodiquement, jusqu’aux années 1980-1990, à livrer des modèles pour des tapisseries exécutées par l’atelier Suzanne Goubely. (4)
À la suite d’une enquête de police de Vichy, Lurçat et Taslitzky se séparent pour raison de sécurité.
Alors qu’il avait jusque-là participé à la confection de journaux clandestins et à leur diffusion dans cinq départements du Centre de la France, sous la direction de Bourdeau, Boris prend contact avec le peintre Fabien Menot (1885-1975) à Crégols, près de Saint-Cirq-Lapopie (Lot).
En juillet, il rencontre Aragon à Cahors. Avec Fabien Menot, ils constituent deux groupes autonomes clandestins pour le « Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France », organisation de résistance créée par le Parti Communiste.
Boris Taslitzky vit pendant un mois chez Raoul Dufy et effectue une liaison à Montpellier auprès de Marcel Weil.
1941 Le 13 novembre, Boris est arrêté à Crégols sur commission rogatoire de la Creuse, puis déféré devant la session de la 13e région et condamné à deux ans de prison pour avoir « effectué plusieurs dessins destinés à la propagande communiste ».
Il est envoyé à la Maison Centrale de Riom (Puy-de-Dôme) où il demeure 17 mois avec 32 autres prisonniers communistes et plus de 600 prisonniers de droit commun. Il n’a pu y réaliser que deux croquis.
1942 Le 16 juillet, Anna, la mère de l’artiste, est arrêtée au cours de la grande rafle du « Vél d’Hiv » à Paris.
Envoyée à Drancy, elle est transférée à Auschwitz, où elle est assassinée par les nazis.
1943 Le 23 juillet, l’administration pénitentiaire du régime de Vichy réalisant que les détenus condamnés par des tribunaux militaires n’ont rien à faire dans une prison civile, Boris Taslitzky est transféré à la prison militaire de Mauzac en Dordogne et écroué sous le matricule 4186. Il y réalise plus d’une centaine de dessins qui lui sont confisqués à la sortie et dont la trace n’a jamais été retrouvée.
Le 12 novembre, bien qu’ayant purgé sa peine, il est transféré au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) comme interné administratif sur ordre du préfet, en même temps que d’autres communistes de la prison de Mauzac. Il y reste 8 mois, prenant une part très active à la vie culturelle du camp, et devient l’un des dirigeants du triangle de direction du Front National de lutte pour la libération et l’indépendance de la France et l’un des responsables militaires de l’organisation clandestine du camp (5). Il décore les murs des baraques du camp de grandes fresques peintes avec les pots de peinture à l’eau qui servaient à l’entretien des soubassements (6). Il y effectue également des dessins que sa femme, ayant réussi à lui rendre visite, peut récupérer.(7)
Dans un article publié dans la revue Regards du 2 février 1945, Aragon écrira à son propos : « Nous l’appellerons “Le Maître de Saint-Sulpice” comme dans l’histoire de la peinture on disait des peintres connus seulement par leur tableaux : Le Maître de Moulins, Le Maître à la Licorne ».
1944 Le 31 juillet, les SS envahissent le camp de Saint-Sulpice et les prisonniers sont déportés au camp de Buchenwald. Le voyage se fait dans des wagons à bestiaux aux portes scellées.
Le 5 août, Boris Taslitzky arrive à Buchenwald où il restera 9 mois sous le matricule 69022. Affecté au bloc 34 dans le grand camp, il devient l’un des responsables du triangle de direction du Parti Communiste et rencontre notamment Julien Cain et Jorge Semprun. Grâce à la protection de ses camarades, il parvient à réaliser plus de 200 dessins. Il déclarera plus tard : « L’horreur peut avoir une beauté plastique extraordinaire », et aussi : « Si je vais en enfer j’y ferai des croquis, d’ailleurs j’ai l’expérience, j’y suis allé et j’ai dessiné. » (8)
1945 Le 11 avril, Boris participe à l’insurrection du camp et à sa libération. Quelques jours après, il confie ses dessins à Christian Pineau, rapatrié avant lui, afin qu’il les remette à Aragon.
Le 2 mai, Boris est rapatrié. Responsable d’un convoi de déportés, il arrive à Paris.
1945-1946 Taslitzky « crache » dans trois très grandes toiles ce qu’il a vu et vécu durant la guerre : Le Petit camp de Buchenwald, Le Wagon de la déportation et La Pesée mensuelle à la centrale de Riom. À propos de la première, Jacques Gaucheron s’interrogera en 1986 : « Et si Le petit camp de Buchenwald (…) était une sorte de « Radeau de la Méduse » pour notre temps ? »(9)
En janvier, Aragon fait publier, aux éditions « La bibliothèque française », avec une préface de Julien Cain et un texte de Marcel Paul, un volume regroupant une partie importante de ses dessins faits à Buchenwald sous le titre Boris Taslitzky, 111 dessins faits à Buchenwald.
Le 1er juin 1946, s’ouvre l’exposition Témoignage à la galerie La Gentilhommière, à Paris. Cette année-là l’artiste reçoit le Prix Blumenthal (section peinture).
Le 22 août, naît Évelyne, la fille de Boris Taslitzky et de Suzanne Leguet, que le peintre épouse le 5 novembre.
1947 Le 26 avril, Taslitzky expose à nouveau à la galerie La Gentilhommière, à Paris, avec les peintres Jean Amblard, Mireille Glodeck-Miailhe et Albert Laforêt.
Boris écrit et livre de nombreuses illustrations pour des journaux tels que Les Lettres Françaises, L’Humanité, France Nouvelle, La Pensée, Europe ou La Nouvelle Critique. Il rencontre Jean Rollin au journal Ce Soir.
Sur décision de Georges Henri Rivière, pour le Musée des Arts et Traditions Populaires fondé par ce dernier, il fait en compagnie de Jean Amblard un reportage à Denain (Nord) sur les mines et les usines de sidérurgie. En découlent notamment la toile intitulée Les Délégués I et Manifestation au carreau des mines.
1948 Taslitzky peint plusieurs toiles inspirées des dessins exécutés lors de ce reportage : Les Délégués II (qui est exposée au Salon d’Automne), Le Délégué ou Les Femmes de Denain. Il représente aussi en peinture Les Anciens du maquis de la Creuse.
1949 Boris Taslitzky consacre une composition monumentale à La Mort de Danielle Casanova, militante communiste arrêtée en tant que résistante et morte à Auschwitz. Il en précisera ainsi l’objectif : « La Mort de Danielle (…), le sujet de ce tableau, c’est de raconter cette page d’histoire, bien sûr, mais le contenu de ce sujet n’est pas l’horreur, c’est l’indignation. » (10)
Au Salon d’Automne, il expose Le Four électrique.
1950 Aux côtés de Paul Éluard, Boris Taslitzky fait partie d’une délégation du Parti Communiste français en U.R.S.S.
Le 10 mai, il reçoit la médaille militaire et celle du combattant volontaire de la Résistance. Il expose La Mort de Danielle Casanova au Salon d’Automne et, en décembre, à l’hôtel de ville de Saint-Denis en Ile-de-France.
1951 Boris Taslitzky expose au Salon d’Automne, sous le pseudonyme de Julien Sorel, une toile intitulée Le Prisonnier (qui représente Henri Martin dans sa cellule) et, sous son propre nom, Riposte (qui décrit la répression, à Port-de-Bouc, d’une manifestation de dockers qui refusaient de charger des armes destinées à la guerre d’Indochine). Ces tableaux sont décrochés du Salon sur ordre du préfet Baylot, car jugés « politiquement incorrects ».
Du 23 novembre au 12 décembre, se tient une exposition de dessins de Taslitzky à la galerie La Gentilhommière à Paris.
1952 À la demande du Parti Communiste algérien, Taslitzky effectue un reportage en Algérie avec Mireille Miailhe.
Il en rapporte plus d’une centaine de dessins, certains reproduits dans l’ouvrage qui paraît alors aux éditions du Cercle d’art, Deux peintres et un poète. Retour d’Algérie. Boris Taslitzky, Mireille Miailhe et Jacques Dubois.
En décembre, est publié le livre Vingt-quatre dessins de Boris Taslitzky, préfacé par George Besson.
1953 Du 3 au 17 janvier, l’exposition à la galerie André Weil des dessins d’Algérie de Mireille Miailhe et Boris Taslitzky suscite de violentes réactions.
1954 L’artiste peint Le Tremblement de terre d’Orléansville et expose au Salon d’Automne Orléansville, étude et Portrait du Professeur Desanti.
Conservant son atelier rue Campagne-Première, il déménage avec sa famille, au 5 rue Racine, dans le 6e arrondissement de Paris.
1955 Paraît L’Âge mûr, un recueil de poèmes de Guillevic illustré par Boris Taslitzky.
La galerie Gisler organise en février-mars une exposition de natures mortes, paysages et figures de l’artiste, et réitère l’expérience l’année suivante.
Taslitzky dresse le double Portrait de Louis Aragon et Elsa Triolet. Il dira « Le double portrait d’Elsa et de Louis (…), aucun des deux n’a posé. C’est à la fois un portrait et une composition. Elsa (…) m’a donné 4 séances en 2 ans et à la fin elle m’a dit « Mon Dieu, Boris que vous m’avez fatiguée. Quant à la composition, j’ai voulu exprimer l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre. » (11)
1956 Au Salon des Indépendants, est présenté Homme lisant dans l’atelier ; au Salon des Peintres témoins de leur temps, Portrait d’Elsa Triolet et de Louis Aragon.
1957 En septembre et octobre, Boris Taslitzky participe, avec une délégation du Parti Communiste français, à un voyage en Albanie dont il rapporte dessins et peintures.
Pour le musée de Yad Vashem à Jérusalem, il peint une réplique de sa toile de 1945, Le petit camp de Buchenwald.
1959 Taslitzky adresse au Salon des Peintres témoins de leur temps la Figure de sidérurgiste.
Il fait paraître Tu parles !… Chronique autobiographique.
1960 La grande composition intitulée Le Bon samaritain agrège autoportrait, réminiscences du camp de Buchenwald et souvenir du reportage algérien.
Du 15 au 30 novembre, se tient une exposition d’« Œuvres récentes » à la galerie Bénézit à Paris.
1961 À la suite du 16e congrès du Parti Communiste et de l’affaire Servin-Casanova (procédure d’exclusion de certains responsables du Parti Communiste français accusés de révisionnisme par la direction du Parti), Boris Taslitzky cesse toute responsabilité au sein du Parti Communiste. En effet, il déclare que ce qui est reproché à Laurent Casanova est faux et qu’il lui garde sa confiance et son amitié. (12)
Peignant Le carreau des mines, il réalise en outre avec Jean Amblard des ciments gravés pour le groupe scolaire Anatole France à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).
1962 Le peintre publie Tambour battant, un recueil de nouvelles.
Avec Jean Amblard à nouveau, il livre des ciments gravés pour le centre social de Bagnolet (Seine-Saint-Denis).
1964 Taslitzky peint la série Insurrection à Buchenwald.
1965 Dans le texte « Mon Atelier », paru en septembre/octobre, dans la revue Europe, l’artiste écrit : « Je dessine comme d’autres collectionnent. Je m’empare des expressions, des regards perdus, je vole des pensées. J’ai dessiné la joie et l’outrage. J’ai la passion de l’Homme. » (13)
1965-1970 À Saint-Ouen, Stains, La Courneuve, Bobigny, Drancy et Épinay/Seine, Taslitzky effectue durant de nombreux mois une importante série de dessins à la plume témoignant des bouleversements de la banlieue parisienne.
En août 1965, Alberto Giacometti acquiert quatre des dessins faits à Buchenwald.
1966 Avec humour, l’artiste et ancien résistant accepte de figurer un soldat allemand en uniforme peignant place des Vosges à Paris, sous l’Occupation, pour le film de René Clément, Paris brûle-t-il ?
1967 Le 12e Salon de l’union des artistes d’Ivry, à Ivry-sur-Seine, rend « Hommage au peintre Boris Taslitzky ».
L’artiste débute la série Napalm.
1968 Boris Taslitzky réalise le décor de ciments gravés de la crèche Louise Michel à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), en hommage à Louise Michel (1830-1905) et aux enfants de Nouméa.
1970 La maison sise 3, rue Campagne-Première, à Paris, où se trouve son atelier est détruite. Il obtient un atelier de la Ville de Paris au 7, passage Ricaut, dans le 13e arrondissement.
1971 Cette année-là, Boris Taslitzky devient professeur à l’École Nationale des Arts Décoratifs (E.N.S.A.D) où, durant 9 ans, il restaure l’enseignement du dessin.
En 1975, il préside la commission qui décide de la création des « Ateliers de rencontres ».
Il écrit Hommage à Courbet, peint le tableau Pour Angela en hommage à Angela Davis et bénéficie d’une exposition particulière à la galerie Christiane Colin à Paris.
1972 Boris Taslitzky expose en compagnie du sculpteur Louis Bancel à l’Institut National d’Éducation Populaire à Marly-le-Roi.
1974 Les poèmes de Jacques Gaucheron et les dessins de Boris Taslitzky paraissent dans Un Pommier de plein vent.
Taslitzky entame, pour trois ans, une série consacrée au Chili.
1975 Paraît À la rencontre de l’océan, un recueil de dessins de Boris Taslitzky et de poèmes de Jacques Gaucheron.
1976 Taslitzky envoie au Salon des Peintres témoins de leur temps Les paysans du Centre barrent les routes.
1978 L’association française Buchenwald-Dora réédite l’ouvrage Boris Taslitzky, cent onze dessins faits à Buchenwald.
1980 Une exposition se tient à la Bibliothèque Pablo Neruda à Malakoff.
À Épinay sur Seine (Seine-Saint-Denis), une mosaïque en hommage à Fernand Belino (1910-1979), homme politique et ami de déportation de Taslitzky, est exécutée par l’atelier Lazaretto d’après un modèle du peintre.
1981 Au sein de l’exposition Paris – Paris, 1937-1957 au Centre Georges Pompidou à Paris, figurent plusieurs dessins et peintures de Taslitzky, dont Le Télégramme, Les Grèves de juin 1936 ou Le délégué.
1982 Taslitzky expose en mai en compagnie de Jacques Gaucheron à l’École Nationale des Arts Décoratifs à Paris.
1983 Le 20 janvier, Boris Taslitzky est fait Chevalier des Arts et Lettres.
Il illustre le poème-opéra de Jacques Gaucheron, La Maison du sourd, aux éditions Temps Actuels.
1984 Paraît en mars Le Grand bouc. Vingt dessins en écho à La Maison du sourd, chez Claude Jobin.
1985 Taslitzky est exposé du 13 janvier au 3 février à la galerie Pablo Picasso, à Denain.
1986-1987 En octobre 1986, se tient au Château de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), l’exposition L’atelier de Boris Taslitzky, reprise en mai 1987 à Sainte Geneviève-des-Bois (Essonne).
1987-1988 En décembre 1987, s’ouvre l’exposition Boris Taslitzky : Zeichnungen à Berlin-Est, au Zentrum für Kunstausstellugen, reprise, l’année suivante, au Stadtmuseum de Weimar.
1988 Taslitzky consacre plusieurs toiles à L’Apartheid en Afrique du Sud.
Il participe au Salon du dessin et de la peinture à l’eau auquel il fera par la suite, à quatre reprises, des envois.
1989 Exode est présenté au Salon d’Automne, tandis qu’une exposition Carte blanche à Boris Taslitzky se tient, du 8 mars au 8 mai, au Musée de la Résistance Nationale à Champigny-sur-Marne (Val de Marne).
1990-1991 Boris Taslitzky réalise la série Tout fout le camp.
Il participe au Salon du dessin et de la peinture à l’eau.
1992 Taslitzky expose au Salon du dessin et de la peinture à l’eau et au Salon d’Automne (Portrait de Madame T.E.).
1994 Boris peint le tableau Sarajevo.
Son oeuvre est montré dans l’exposition Des mineurs, des artistes au centre culturel Max-Pol-Fouchet à Méricourt (Pas-de-Calais).
1995 Taslitzky participe à l’exposition Créer pour survivre au musée des Beaux-Arts de Reims.
1996 L’oeuvre de Taslitzky figure dans l’exposition La résistance de l’Esprit, l’art de l’Holocauste, au musée de la Tolérance à Los Angeles (USA).
1997 Boris peint une série de toiles intitulées Zaïre.
Présent dans l’exposition Les Années trente en Europe. Le Temps menaçant 1929-1939 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, il anime en mars, à l’E.N.S.A.D, avec Serge Fauchereau, un « Atelier de rencontres » sur cette décennie.
Le 7 mars, Boris Taslitzky est décoré des insignes de la Légion d’Honneur des mains de Maurice Kriegel-Valrimont à la mairie du 6e arrondissement.
La galerie 46-13 à Paris lui consacre une exposition personnelle.
1998-1999 Taslitzky peint la série La Chute et participe au salon du dessin et de la peinture à l’eau.
2001 En septembre, à l’occasion des 90 ans de Boris Taslitzky, l’espace Niemeyer, siège du Parti Communiste à Paris, organise une rétrospective.
À l’Assemblée Nationale, dans le cadre de l’exposition La Commune a 130 ans, est accroché Le mur des Fédérés.
2004 Alors que sort le film de Christophe Cognet, L’Atelier de Boris, sont réédités l’autobiographie Tu parles !… et le recueil de nouvelles Tambour battant.
2005 Le 9 décembre, un an après son épouse Suzanne, décédée le 16 décembre 2004, Boris Taslitzky meurt.
Il est inhumé le 14 décembre à ses côtés au cimetière du Montparnasse à Paris.
Notes
1- Boris Taslitzky, Tu parles, chronique, Les Éditeurs Français Réunis 1959, L’Harmattan 2004
2 et 3- Christophe Cognet, L’atelier de Boris, film 2004
5- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, dit Le Maitron, tome 42, p° 51-52
6- Jacky Tronel « Le maître de Saint Sulpice », Arkheia n°11-12-13, 2003
7- Texte de Laurent Gervereau d’après son entretien avec Boris Taslitzky le 13 octobre 1994
8- Christophe Cognet, L’atelier de Boris, film 2004
9- Jacques Gaucheron L’atelier de Boris Taslitzky, 1986,
Catalogues des expositions au Château de Saint Ouen 1986, à Sainte Geneviève des Bois 1987, au Musée de la Résistance Nationale 1989
10- Boris Taslitzky « La peinture et le lyrisme de notre temps », La Nouvelle Critique, mai 1950 n°16
11- Isabelle Rollin-Royer « Entretien avec Boris Taslitzky sur le Salon des peintres témoins de leur temps », Les Annales de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, 2006, n°8
12- Christophe Cognet, L’atelier de Boris, film 2004
13- Boris Taslitzky « Mon atelier », Revue Europe, septembre octobre 1965, Les Annales de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet, 2006, n°8 »