La liberté pédagogique l’emportera sur cet épisode de l’Histoire, a tranché le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. Sollicité par le député Patrick Hetzel (Les Républicains – Bas-Rhin), fin octobre, le ministre répond sur le devenir des « Malgré nous » .

Publié par Victor De Sepausy

Incorporés contre leur gré durant la Première, et surtout, la Seconde Guerre mondiale, des dizaines de milliers de civils d’Alsace et de Moselle servirent les forces allemandes. Hors de ces départements, le sort de ces populations reste méconnu, pointait le député — qui a fait de cette cause un combat depuis 2016.

Les chiffres font frémir : « Trois départements de l’Est ont été annexés à l’Allemagne nazie après l’armistice du 22 juin 1940. Cela a conduit à l’enrôlement de force de 130.000 hommes dans la Wehrmacht et les WaffenSS et 15.000 femmes astreintes au Reichsarbeitsdienst et au Hielfskriegsdienst. »

Alors, comment leur rendre justice, sinon en leur octroyant une place dans les manuels scolaires ? Pour le ministère, pas question d’aller trop loin : cet « épisode singulier et important de l’histoire de la France durant la Seconde Guerre mondiale » a toute sa place dans les ouvrages. D’autant qu’il « permet de rendre compte des conséquences lourdes de la défaite et de l’armistice de juin 1940, ainsi que de la complexité des parcours individuels en temps de guerre ».

Toutefois, il revient aux enseignants de s’en emparer, en regard des outils pédagogiques à leur disposition. Et suivant le niveau de leurs élèves. Pour exemple, les classes de 3e peuvent y être sensibilisées « dans le cadre du thème consacré à “L’Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945)” ».

Idem pour les CAP ou encore dans les classes de cycle terminal : les occasions d’évoquer cette période et les victimes ne manqueraient pas.

Mais pas question d’outrepasser les rôles de chacun. « Concernant les manuels scolaires, le principe de liberté éditoriale ne permet pas au ministère d’imposer à un éditeur de manuel, qui est libre de ses choix tant qu’ils ne contreviennent pas au texte des programmes ou aux lois de la République, de traiter l’histoire des incorporés de force alsaciens et mosellans », conclut le ministre.

 

[Photo : ministère des Armées – source : http://www.actualitte.com ]