Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

Synopsis :

Pékin, 1924. Douzi entre à l’académie de maître Guan pour apprendre l’art de l’opéra chinois. Très vite, il se lie d’amitié avec le jeune Shitou. Devenus adolescents, les deux garçons obtiennent les rôles principaux de l’opéra « Adieu ma concubine », ceux du roi Chu et de sa maîtresse Yu. Ce grand classique de la culture chinoise les mènera vers la gloire. Dix ans plus tard, désormais connus sous les noms de Dieyi et Xiaolou, les inséparables Douzi et Shitou jouent inlassablement ce même opéra. Mais un chamboulement va bientôt advenir. Amoureux de son partenaire depuis toujours, Dieyi apprend les fiançailles de Xiaolou avec Juxian, une ancienne prostituée…

  • Titre original : Ba wang bie ji (霸王別姬)
  • Support testé : UHD
  • Genre : drame
  • Année : 1993
  • Réalisation : Chen Kaige
  • Casting : Leslie Cheung, Zhang Fengyi, Gong Li, Lu Qi, Ying Da, Ge You, Li Chun, Lei Han
  • Durée : 2 h 51 mn 39
  • Format vidéo : 16/9
  • Format ciné : 1,85/1 (HDR 10, Dolby Vision)
  • Sous-titrage : français
  • Pistes sonores : DTS-HD 5.1 et 2.0 mandarin, français
  • Bonus : Digipack exclusif avec l’UHD et le Blu-ray du film – livret inspiré du dossier de presse international édité lors de la diffusion du film au Festival de Cannes 1993 (40 pages) – jeu de 10 photos du film (13 x 18 cm) – marque-page – affiche 2023 du film (38 x 53,5 cm)
  • Bonus HD : La Cinquième génération, entretien avec Hubert Niogret, historien du cinéma (2024, 23 mn 33) – Making of, avec le réalisateur et les trois comédiens principaux (2003, 23 mn 33) – bande annonce teaser (2 mn 15) – bande annonce 2023 (2 mn 02)
  • Éditeur : Carlotta Films

 

Commentaire artistique

Pour le numéro 27 de sa collection édition prestige limitée, tirée à 2000 exemplaires, Carlotta Films a choisi le film de Chen Kaige, Adieu ma concubine (1993), dont l’UHD 4K et le Blu-ray sont inclus dans un coffret Digipack exclusif accompagnés d’un livret et de goodies. Le film qui remporta la Palme d’or à Cannes et de nombreux autres prix, dont un Golden Globe, est, à ce jour, le seul film chinois ayant reçu la récompense suprême au Festival de Cannes. Lorsque Chen Kaige réalise Adieu ma concubine, c’est un cinéaste chinois renommé de la « cinquième génération » (cf. excellent bonus) depuis son film La Terre jaune (1984) qui avait initié un nouveau style cinématographique chinois. Adieu ma concubine est un film souhaité par l’ex-actrice Hsu Feng devenue productrice après avoir épouser un riche Taiwanais et qui rencontra Chen Kaige à Cannes et Hong Kong en 1988/1990. C’est elle qui lui fit lire l’ouvrage de Lilian Lee (Pik Wah Lee) mais le cinéaste, peu sensible à la fiction superficielle du roman, l’a largement retravaillé avec le scénariste Lu Wei. Son film sera aussi placé sous le signe de la repentance (cf. bonus) en employant son père Chen Huaiai comme directeur artistiqueLa description du destin tourmenté de deux chanteurs de l’opéra de Pékin, jouant inlassablement l’opéra « Adieu ma concubine », servira de prétexte pour évoquer l’histoire de la Chine entre 1924 et 1977 encadrée par deux scènes se déroulant en 1979. Les deux protagonistes, Douzi devenu Cheng Dieyl (Leslie Cheung) qui joue la concubine Yu Ji et Shitou devenu Duan (Zgan Fengyi) qui incarne le roi Xiang Yu, vont traverser différentes époques majeures (invasion japonaise, Kouo-Min-Tang, République populaire, Révolution culturelle) qui sont dépeintes comme toile de fond à leur histoire. Le film, quoique à demi désapprouvé par les autorités chinoises, ne se livre pourtant à aucune analyse politique directe et ouvertement critique. Il est vrai que Chen Kaige comptait plus sur la métaphore que sur la description factuelle des faits : les évènements vécus par les deux chanteurs trouvent constamment leur équivalence dans les situations narrées dans l’opéra, comme notamment le mariage de Duan, désavoué par Douzi, avec la prostituée Juxhan incarnée par Gong Li. Cette dernière, encore méconnue, devra sa future renommée internationale à ce film dont l’interprétation exceptionnelle de tout le casting est un atout majeur. Ainsi sa première partie, consacrée à l’éducation violente des apprentis chanteurs, doit beaucoup de son intensité à ses excellents jeunes acteurs : Ma Mingwei et Yin Zhi (Douzi), Zhang Fengyi, Fei Yang (Shitou). Autre atout de poids, la superbe photographie de Gu Changwei qui combine une caméra très mobile, immersive dans des plans-séquences avec usage de courtes focales, et des lentilles de diffusion. Tous ces talents conjugués ont servi merveilleusement le but fondamental du film Adieu ma concubine : raconter l’histoire de Cheng Dieyl, chanteur d’opéra à l’homosexualité refoulée par la société et avide de perfection jusqu’à confondre tragiquement sa vie et son art. En hommage au chanteur de l’opéra de Pékin, Mei Lanfang, spécialiste des rôles féminins et qui joua Yu, Leslie Cheung, chanteur hongkongais devenu acteur (disparu en 2003) compose, à la perfection, un chanteur d’opéra à la sensibilité exacerbée. Conçu comme un opéra au souffle épique qui a su s’affranchir du carcan politico-gouvernemental, Adieu ma concubine est proposé dans une excellente version restaurée en 4K : la vision de chef-d’œuvre, avec sa superbe image et son mixage 5.1 spectaculairement immersif, est un plaisir total à ne pas manquer.

 

UHD Adieu ma concubine

Commentaire technique 

Version restaurée 30ème anniversaire : la restauration a été effectuée en 2023 à partir d’un scan 4K DPX du négatif 35 mm original en prenant grand soin de conserver la texture du grain du film original.

Image : copie UHD, excellente définition et très bon piqué sur les textures malgré une image volontairement diffuse et une texture argentique discrète (tournage en 35 mm avec caméras Arriflex 35-III et Arriflex 535, Master Format 4K 2023), image très bien nettoyée, superbe gestion HDR10 du contraste, image très lumineuse mais bien détaillée dans les basses lumières, noirs profonds, blancs nuancés, étalonnage somptueusement chatoyant, colorimétrie vives aux teintes éclatantes (costumes de scène) et très soigneusement nuancées en HDR10, tons délicatement nuancés

Son : mixage mandarin 5.1 (au cinéma Dolby Stéréo), dialogues centrés très clairs, dynamique remarquable qui favorise les ambiances (opéra, scènes militaires, rues) et surtout la musique très typée de l’opéra chinois, plus celle du film composée par Zhao Jiping, spatialisation immersive aux effets surrounds latéraux et arrières spectaculaires (véhicules, spectacle, école), LFE très énergique ; VF 5.1, claire, dynamique mais malgré un doublage soigné, elle reste très artificielle.

 

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleue(5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0106332/

[Source : http://www.on-mag.fr]