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Fernando Arrabal raconte la fascinante vie du philosophe qui a été le précurseur de l’écologie. Il est notamment l’ auteur de «Walden, ou la vie dans les bois».

Par Fernando Arrabal

En lutte contre les brutalités d’une langue radicalement étrangère, Mohandas Karamchand Gandhi, dans sa prison de Mumbay (ex-Bombay), avait toujours à la main le texte de la conférence prononcée par le philosophe H D Thoreau. Conversation accueillie avec des sentiments mitigés, en 1846, et éditée trois ans plus tard ; ne méritant pas d’autre honneur ou épitaphe que le silence et l’oubli. Désobéissance civile se dit en sanskrit ahimsā : Gandhi allait répandre ce terme avec vénération.

Thoreau se refusa à collaborer avec un État en guerre contre son Mexique bien-aimé autant qu’inconnu ; en outre, il n’appréciait pas de voir ce même État maintenir un régime esclavagiste. C’est pourquoi, en simple citoyen, il refusa de payer ses impôts. Ce qui permit aux autorités de comprendre combien il se montrait fermement vertueux et radical dans ses fruits, ses branches et son tronc. Sans prendre plaisir aux douceurs de la tolérance, elles le mirent en prison, car, selon elles, le plus sûr était de ne pas réveiller un dormeur, quand le philosophe osa dire que l’arbre au plus noble sommet a des sabots aux pieds. Henry Miller a déclaré que Thoreau est ce qu’on peut trouver de plus rare sur la croûte terrestre. Le philosophe soutenait avec mesure et droiture : nous sommes des individus d’abord et seulement ensuite des citoyens. Il révéla le secret de la véhémence de ses opinions et de son extrême libéralisme en affirmant : Tout homme qui a davantage raison que ses voisins constitue une majorité d’UN. Il n’a jamais rien exigé de personne et était encore moins tenté par l’anarchie. Il n’a jamais demandé qu’il n’y ait pas de gouvernement mais un meilleur gouvernement. Sans mépris de sa condition (la plus obscure), il a déclaré qu’un État libre ne pourra jamais exister tant qu’il n’acceptera pas de reconnaître l’individu comme une puissance supérieure, seule source de son pouvoir et de son autorité.

Il était comme un Indien marchant vers sa destination dans un Far West de cowboys ; c’était le Spinoza de l’industrialisation, pensant son existence et vivant ses idées. Son journal était son examen de conscience quotidien alors qu’il décrivait le cosmos et l’univers à partir de sa Voie Lactée. Il ne s’est jamais départi de son éthique existentielle individuelle et radicale avec Schopenhauer, Stirner, Spinoza. C’était, sans prêcher, le contrepoint individualiste aux solutions et aux utopies.

Une photo et des dessins en hommage au philosophe Thoreau.

Montage de photo et dessins de Fernando Arrabal en hommage au philosophe, naturaliste et poète américain Henry David Thoreau.

Ni embusqué ni camouflé, observant sa conscience, il s’inspirait d’évidences telles que l’homme est riche en proportion de la quantité de choses dont il peut se passer. Il faisait don du fruit de son travail et de son adresse : chez moi il y avait trois chaises : une pour la solitude, la deuxième pour l’amitié, et la troisième pour la société. Il ne s’est pas laissé submerger par les incohérences ni par la colère de ses auditeurs et lecteurs les plus radicaux. Il affirmait que la bonté est le seul investissement qui ne déçoit jamais.

Il a pu écrire sur ce que presque personne ne songeait à faire : par exemple, sur la succession des arbres dans la forêt, les teintes de l’automne, les pommes sauvages, la lumière de la lune, les temps de maturation des fruits, la profondeur des étangs, ou les jours où les oiseaux migrent. Il a été le piéton-poète diverti par son penchant pour les libertés et les délices illicites. Ce fut le philosophe qui étudia scrupuleusement les phénomènes naturels et, amassant une foule d’exceptions et de confusions, est devenu un scientifique. Thoreau, et non seulement à cause de la nouvelle race de braillards, était et est considéré comme un homme des cavernes arriéré, un original réactionnaire, un provincial grincheux hostile à tout progrès matériel, un ultra qui tourne le dos à toute idée de progrès. On a prétendu qu’il s’aliénait le « positivisme scientifique ». Il y avait même ceux qui le taxaient de très mauvais, très mauvais, très mauvais… et en outre d’être un bigot ne cherchant qu’à conduire l’homme à une vie animale et dégradante. Au contraire, Jean Giono s’est inspiré de ses concepts philosophiques pour écrire son Refus d’Obéissance, Romain Rolland a qualifié ses écrits de Bible du grand individualisme et Marcel Proust, Léon Tolstoï Martin Luther ont tiré beaucoup de profit de sa lecture ; comme Ernest Hemingway ou Bernard Shaw. Thoreau a tenté de rencontrer Walt Whitman en parcourant 347,8 km : la distance entre son village et la mère du poète.

Henry David Thoreau est né le 12 juillet 1817 dans un petit bourg du Massachusetts : Concord, comme son élève, la romancière des Quatre filles du docteur March (« Little Women »). Son grand-père paternel d’origine anglaise était venu au Nouveau Monde sur un navire corsaire. Pendant la majeure partie de sa vie d’adulte, Thoreau a fabriqué des crayons comme son père et sa famille, et il les faisait à merveille ! Il a découvert le processus de fabrication de bons crayons avec du graphite de qualité inférieure. Il étudia à Harvard entre 1833 et 1837. Son grand-père maternel Asa Dunbar avait joui aussi d’une certaine notoriété en prenant la tête, en 1766 – précisément à Harvard – de la révolte du beurre : la première contestation étudiante. Les diplômes universitaires – droit, église, commerce, médecine – ne l’intéressaient pas. Il enseigna alors à l’école publique, mais il démissionna bientôt pour ne pas avoir à administrer les châtiments corporels obligatoires. Il refusa de payer les frais de cinq dollars par diplôme. Il dit à l’administration qu’il préférait que chaque mouton garde sa propre peau – à son époque, des rouleaux de peau de mouton étaient utilisés pour les diplômes.

Le 4 juillet 1845, son ami intime Ellery Channing [poète  « transcendentaliste », mais pas encore « satrape »] le recommandait : « Allez, construisez une cabane et commencez le grand processus de vous dévorer ». Thoreau éleva de ses mains une hutte au milieu de la forêt, dont aujourd’hui une réplique est visitée : à 2 km et demi de sa maison natale. C’était un endroit mystérieux pour lui. Une place murée (que voulait-il dire par un tel mot ?). Il connaissait bien l’étang (son lac) depuis son enfance. La construction de la hutte, décrite en détail, est une métaphore qui illustre la construction de l’âme. Il a essayé de disparaître temporairement de la vie, de rejeter l’existence occupée uniquement à la poursuite de la subsistance quotidienne, pervertissant de facto la liberté dans le désespoir. Il ne s’agit pas d’une évasion ou d’un refuge d’ermite, puisque l’écrivain revenait souvent voir ses amis, mais cela rappelle l’expérience de Jean-Jacques Rousseau dans la forêt d’Ermenonville. Thoreau en mouvement et en « inter-action » avec son environnement naturel et social offre toujours des découvertes, même avec ses promenades. Il fut le premier randonneur et un canoéiste de championnat. Il observe en détail la nature, ses concitoyens, son domaine, enregistre et note avec des observations de plus en plus détaillées « Ma vie est le poème que j’aurais aimé écrire puisque vivre est mon métier pour m’émerveiller de ce qui m’entoure ».

Dans la cabane, il a vécu en autarcie. Pour ce faire, il a planté un hectare de pommes de terre, haricots, blé, maïs, etc. Le lieu s’est fait connaître grâce à son livre Walden ou la vie dans la forêt : Une vie de simplicité, d’indépendance, de magnanimité et de confiance. Thoreau a donné à ses contemporains l’exemple d’une relation active avec la nature, le concept de « simplicité volontaire ». André Gide disait de Walden : Ce n’est ni un roman ni une véritable autobiographie, mais une critique du monde occidental, l’histoire d’un voyageur immobile qui narre sa révolte solitaire.

Thoreau contracta la tuberculose, ravivée par l’air chargé de poussière de graphite comme Spinoza frottant ses lunettes. Il continua à écrire des lettres et à tenir un journal jusqu’à ce qu’il se trouve trop frêle pour tenir un stylo. On était étonné de sa calme acceptation de la mort. Il s’est occulté le 6 mai 1862 dans son village non loin de son Wallden, à l’âge de 44 ans. Quelques jours avant que sa tante Louisa lui demande s’il avait fait la paix avec Dieu, Thoreau a répondu : « Je ne savais pas que nous nous disputions ».

John Updike m’a dit il y a une vingtaine d’années au restaurant Sardi’s à NY : « Walden est devenu un totem en un peu plus d’un siècle, le totem du retour à la nature ! Il a vécu, si authentiquement, en ermite, que son livre est en danger, comme la Bible, d’être acheté mais pas lu. »

 

[Source :  http://www.laregledujeu.org]

 

O cantante e compositor de Minesota cumpre hoxe 80 anos

O músico Bob Dylan (nacido Robert Allen Zimmerman en Duluth, Minesota, o 24 de maio de 1941), nunha imaxe tomada durante a xira que realizou en 1975 por Estados Unidos «The Rolling Thunder Revue».

Escrito por FRANCISCO CASTRO

Cando a Academia Sueca decidiu darlle o Nobel de Literatura a Bob Dylan, non estaba cedendo a unha excentricidade, senón que estaba recoñecendo un poeta. Quen se achegue pola magnífica edición que no 2017 fixo o selo Malpaso baixo do título, clarísimo, Letras completas 1962-2012, e se deteña a ler, só a ler, esas letras entenderá que estamos diante dun bardo á altura dun Walt Whitman. Pensarán que esaxero. Pois non. Para nada. De vivir Borges, que adoraba a Whitman, daríame a razón. Porque poucos coma Dylan construíron poemas para reflectir unha época (aínda que o seu traballo é tan longo no tempo que el reflicte séculos) construíndo versos que cheiran a realidade e que nos dan iso que nos ten que dar a poesía: unha certa orientación sobre que é o que hai dentro da alma humana.

Dylan aprendeulle aos roqueiros, aos músicos populares en xeral, que a letra é importante, que non abonda con rimar. Iso faino calquera. A letra é importante porque a música non é só para bailar (Charlie Watts, o batería dos Stones non estaría de acordo comigo: el di, modesto ou repugnante, que só é o rapaz que toca o tambor no grupo para que a xente baile). A música, dende Dylan en diante, ten que conmover, ten que remexer, ten que furar esternos, ten que volverte tolo ou axudarte a ser máis ti. Ou menos. Sen Dylan non hai cantautores. Sen el, a palabra nos discos é baleiro puro.

The Beatles, por exemplo, era un grupo que facía boa música pero letras moi parvas ata que Dylan aparece nas súas vidas. Quen colleu a testemuña foi, como non, John Lennon. Logo xa foron os outros tres. A lenda di que Dylan os iniciou na marihuana. Pode ser. En todo caso, non ten importancia. O que interesa para a historia é que un día o escoitaron e xa nada puido ser igual. Aínda que a influencia vai e vén de Liverpool a Minesota e dá a volta. Bob Dylan contou que ía conducindo o seu coche por unha desas estradas infinitas e rectas dos Estados Unidos cando escoitou na radio I wanna hold your hand e quedou pampo con toda aquela forza rebotándolle dun lado a outro do cerebro. Ese día, comentou, entendeu que si, que The Times They Are A-Changin’. E nese cambio, el tiña moito que dicir. De feito, segue dicindo aos seus 80 anos.

Diciamos: os Beatles. Atópanse con Dylan un 28 de agosto de 1964. O mundo está sacudido pola beatlemanía, pero aos Fab Four lles falta algo. Faltáballes Dylan. Foi, como non, en Nova York. Os catro de Liverpool viñan de actuar en Queens.

Houbo porros, seica, xa o dixemos. Pero sobre todo o nacemento dunha amizade (en especial con Harrison, con quen compartiría o soño de The Traveling Wilburys) e a comprensión de que o rock tiña que aproveitar o seu poder para dicir algo importante.

Así pois, con Dylan, o rock vólvese adulto. Vólvese arte. Xa non é só ritmo, rapazas histéricas e o tupé de Elvis. Hai que currarse as letras. Os compositores pasan a ser escritores.

Lennon cambia

Logo desa primeira xuntanza, Lennon xa non escribe igual máis nunca. O primeiro que fai logo desa xuntanza é You’ve got to hide your love away. Ata no xeito de cantar, case que coa boca pechada, imita a Dylan. A letra é a primeira seria. Logo xa virán Revolution ou Come together (despois, en 1970, Lennon cantará I don’t believe in Zimmerman, que é como de verdade se apelida Dylan, pero non hai que terllo moi en conta. Daquela, Johnny estaba enfadado co mundo todo).

Dende Dylan escoitamos a música. Non só a ouvimos. Quedamos abraiados logo dunha frase. Ás veces atopamos secuencias de palabras que nos demostran que o rock’n’roll non é só un pasatempo. Por culpa de Dylan o rock necesita comentarios de texto, análises semióticas e moita filoloxía. Bob Dylan, grazas a todos os deuses, ten a culpa de case que todo.

 

 

[Imaxe: EFE – fonte: http://www.lavozdegalicia.es]

 

 

El libro más reciente de la lingüísta Yásnaya Elena Aguilar Gil nos recuerda el destino de discriminación que han sufrido las lenguas indígenas en México. No se trata, como nos aclara esta reseña, de sopesar que algunas lenguas son mejores que otras, sino de exigir que la sociedad valore la diversidad lingüística y su presencia como eje fundamental en la educación.

 


Sacrificamos México en aras de crear la idea de México
—Yásnaya Elena Aguilar Gil

 

Escrito por Patricia Córdova

La experiencia está siempre al servicio de la conciencia y de la imaginación; para no sucumbir ante el caos de la existencia, el ser humano acota ambas con relatos y moralejas de todo tipo.  Nuestras vidas —hemos aprendido— transcurren según la estructura de una narración: planteamiento, causas, consecuencias, nudos y desenlaces. Por ello, el sentido de lo vivido es  tan limitado como las historias y argumentos que interiorizamos.

Escribimos la historia de nuestra vida —e interpretamos la de los otros— al seleccionar los nudos con los que explicamos lo que acontece a nuestro alrededor. El sentido es siempre una selección que pone en evidencia nuestros alcances y nuestras limitaciones. Este sutil, pero poderoso hecho, propicia la madre de todas las batallas: la de las narrativas.

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No ha habido inocencia en la expansión del español en la propia península ibérica ni en América. Desde Antonio de Nebrija, el andaluz que escribió la primera gramática del español en 1492, quedó claro que si la publicaba y la dedicaba a la reina Isabel la Católica era porque “siempre la lengua fue compañera del imperio”. En las primeras páginas de Gramática de la lengua castellana, Nebrija explica la importancia histórica de lenguas como el hebreo, griego y latín y argumenta que la lengua es una pieza clave para extender la fe religiosa.

La primera gramática del español es un nudo lingüístico y político con el que España define una expansión económica, religiosa y sociocultural que marcó la historia de su colonia,  la posterior América Latina. Sin embargo, el proceso de evangelización y dominio que se extendió a lo largo de trescientos años de colonia llevó también a la escritura de las lenguas originarias, a la confección de sus gramáticas (artes de las lenguas primigenias) y al inventario de vocabularios concebidos de acuerdo a lo que los líderes religiosos y nuevos gobernantes necesitaban que nombraran los recién conquistados.

En 1820, justo antes de la consumación de la Independencia de México, el 65% de la población eran hablantes de alguna lengua indígena. Hoy solo el 6.5% de la población habla una de las 68 lenguas indígenas que existen en el país. La Independencia destituyó a los españoles, pero a la vez revictimizó a las comunidades indígenas. Fueron sometidas a un proyecto de nación en el cual se condicionó su existencia a la negación de sus lenguas, de sus territorios y de una autonomía política que ya había sido arrebatada. Este es el antecedente histórico y la situación glotopolítica que Yásnaya Elena Aguilar Gil aborda en Ää: manifiestos sobre la diversidad lingüística (Almadía, 2020).

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Desde el primer texto, “Ser o no ser: bilingüismos”, Yásnaya imprime su particular estilo: una mirada aguda sobre la política lingüística que se ha aplicado a las lenguas originarias, a partir del análisis de experiencias cotidianas. El contraste entre el bilingüismo en su comunidad Ayutla, Oaxaca, y en Ciudad de México, marcó su manera de narrar el mundo. Dos cosas sorprenden a la autora: en Ayutla se desdeña la educación bilingüe y se prefiere la “formal” (monolingüe en español) y en Ciudad de México se pondera el bilingüismo (no español-náhuatl, sino español-inglés). Su cierre es auténtico y espontáneamente irónico: “Entendí, en pocas palabras, que no es lo mismo ser bilingüe que ser bilingüe”.

Yásnaya es ayuujk jä’äy, mixe, y muestra una singular y permanente disposición al cuestionamiento. Le seduce pensar en la existencia de la lengua, la diversidad y la injusticia. La génesis de su lucidez y lucha las presenta, claramente, en Un nosotrxs sin Estado (Ona Ediciones, 2020). A Yásnaya la educaron con una disciplina rigurosa en la lectura de los clásicos. De niña sus tíos la hacían leer en voz alta, cada día, para que adquiriera un español sin acento. El libro rojo de Mao Tse-Tung, Los vedas, el PanchatantraLas mil y una noches, la Ilíada y la Odisea de Homero, las obras de Amado Nervo, Manuel José Othon, Sor Juana Inés de la Cruz, Alexander Pushkin, Ánton Chéjov, Fiódor Dostoievski, Walt Whitman y Lev Tolstói —el nombre de Yásnaya es, de hecho, un homenaje a este autor—, fueron lecturas, “edificios sonoros”, cuyo significado ignoraba, y que más tarde se iluminaron a la luz de sus estudios de preparatoria, licenciatura y posgrado en Ciudad de México.

Los textos que componen Ää: manifiestos sobre la diversidad lingüística son una compilación de ensayos breves publicados en la revista Este país entre 2011 y 2015. Los compiladores —Ana Aguilar Guevara,  Julia Bravo Varela, Gustavo Ogarrio Badillo y Valentina Quaresma Rodríguez— también han incluido  tuits y entradas de Facebook de la lingüista que aluden a los temas de tales ensayos.

El libro es evidencia del sincretismo lingüístico y cultural que ha sucedido a lo largo de 500 años, pero tiene el gran mérito de ser el primero escrito en su género por una mujer, una ayuujk jä’äy, y por alguien cuya agudeza analítica le permite exponer, de forma clara, las diversas aristas del asunto. Su empatía por el mundo la lleva a aprender de todo y de todos. De una amiga japonesa, compañera universitaria, aprende que es mejor sentirse contenta y no orgullosa de hablar una lengua, y sentencia: “El orgullo puede estrechar lazos con la dignidad pero también con la soberbia o, en el peor de los casos, se utiliza como un parche emotivo que cubre una herida amplia y profunda. Un relleno que trata de compensar una carencia”.

La dificultad de la convivencia entre lenguas que gozan con un mayor o menor prestigio también la lleva a anotar que para una niña que habla italiano, inglés y español en casa lo extraño es un entorno monolingüe, prebabélico. La también maestra en lingüística hispánica, Yásnaya Elena —cuya madre, por cierto, se llama Eneida— evoca, en otro ejemplo, el rechazo que provoca hablar español en ciertos contextos en Estados Unidos, de la misma manera en que han sido denostadas las lenguas originarias en México. Su conclusión es que no existen lenguas minoritarias, sino minimizadas al extremo de crear familias que rechazan que sus hijos sean educados en armonía con su lengua materna, sea esta una lengua originaria o el español hablado en México.

La censura sistemática, algunas veces casi invisible, con que se ha tratado a las lenguas originarias se manifiesta en la ignorancia y desprecio que despiertan más allá de los círculos de lingüistas cuyo interés no rebasa, en ocasiones, la obsesión por partículas morfológicas o por la construcción y crítica de una gramática. “¿Por qué la diversidad cultural y lingüística no es un eje temático importante en los contenidos educativos?”, pregunta la autora. En su histórico discurso “México. El agua y la palabra”, pronunciado en la Cámara de Diputados el 26 de febrero de 2019 y que forma parte del libro, la lingüista recuerda que, en promedio, una lengua muere cada tres meses. En un centenar de años se habrán extinguido la mitad de las lenguas del planeta. Causa pudor que no se sepa nombrar las lenguas habladas en México, causa desconcierto que se haga tan poco para preservar las del mundo. Con ello se niega el derecho a una vida propia y digna de estas comunidades. El monolingüismo, además, adelgaza la inteligencia, pues nos alejamos de la complejidad creativa y cognitiva que cada lengua entraña al nombrar el mundo. Aprender que en ayuujk el azul y el verde se mezclan en una sola palabra  —tsujxk—advierte que los colores pueden ser percibidos en un continuo cromático, sin las divisiones con que otras lenguas los definen. Asimismo, saber que täay puede significar “ser chistoso” en el mixe de Ayutla, pero “mentir” en el mixe de Tlahuitoltepec, puede disparar la creatividad si se imaginan los enredos comunicativos que dicha variante puede causar. Yásnaya Aguilar convive, precisamente, en ambas comunidades.

Los conflictos lingüísticos se convierten en conflictos identitarios, pero la seriedad con que Yásnaya los aborda no necesariamente implican una renuncia a su particular humor: “En Europa fui mexicana, en México soy oaxaqueña, en Oaxaca estoy siendo mixe, en la sierra suelo ser de Ayutla. En algún punto soy indígena, pero eso me lo dijeron o lo intuí en el contraste antes de que llegara el nombre. Durante un ataque de fuerzas extraterrestres seguro que seré terrícola, y lo seré con pasión.” La conciencia de esta multirreferencialidad contrasta con la sencilla elegancia con que en ayuujk se nombra a todo aquel que no sea mixe: akäts. La visión del mundo mixe se simplifica en este aspecto, así como en Harry Potter a todos aquellos que no pueden hacer magia se les llama muggles.

La fascinación que suscita conocer nuevas lenguas, sin embargo, no puede ser un hecho si el fomento de la diversidad no cuenta con el apoyo de un gobierno y de sus instituciones. Cuando la lingüista afirma: “Hay tantas razones para querer aprender nuevas lenguas, pero solo  una para querer dejar de hablarlas”, se refiere al racismo, maltrato y negación a que los pueblos originarios han sido sometidos a lo largo del tiempo.

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El proyecto de nación mexicana, que tuvo su origen a partir de la consumación de la Independencia en 1821, ha sido también el proyecto de la negación de los pueblos indígenas y su pluralidad. Una negación no sólo del reconocimiento de las lenguas, sino del derecho a las tierras, al agua, a los recursos naturales y a gobiernos autónomos: “La pérdida de una lengua no es un proceso pacífico en el que los hablantes abandonan una lengua por otra, es un proceso en el que median castigos, menosprecios y en la mayoría de los casos, colonialismo contra los pueblos que la hablan”. Llegada la discusión a este punto, la lingüista Yásnaya Elena Aguilar Gil se torna activista. No son solo lenguas las que se ignoran, sufren segregación y mueren, son naciones indígenas. En un tuit de 2017 apunta: “Nación mapuche dividida en dos Estados: Argentina y Chile; nación sami dividida en cuatro Estados: Suecia, Noruega, Finlandia y Rusia; nación cucapá dividida en dos Estados: México y Estados Unidos”.

En defensa de los pueblos originarios, Yásnaya parece recuperar la etimología de la palabra nación: del latín natio -ōnis, es decir,“lugar de nacimiento” -“pueblo”. Hablar desde la cultura mixe, desde su lengua materna de la familia otomangue, la coloca en un territorio discursivo que es también tierra, organización política y social, conocimiento y mitología ancestral, costumbres familiares y culinarias concretas. El ayuujk encarna el nacimiento, desarrollo y consolidación de un pueblo que sigue luchando por ser respetado y reconocido. Inspirada en el periodista mapuche Pedro Cayuqueo, Yásnaya Elena plantea, en su libro Un nosotrxs sin estado, que México es un Estado plurinacional y no una nación multicultural; critica la educación indígena impartida en español, los hospitales y juzgados sin intérpretes que conozcan la lengua de cada región. La idea de mexicanidad —reclama— los ha ignorado: “No hay penacho de Moctezuma ni mariachi ni huapango de Moncayo ni china poblana que pueda borrar ese hecho. La multiculturalidad niega la idea de nación tal y como fue pensada en sus inicios por los que la proclamaron”.

Si se ha construido una nación unívoca que niega la diversidad, solo hay una aparente salida para la autora: la conformación de un Estado plurinacional en el que se reconozca a las comunidades indígenas como naciones con derecho a la autodeterminación social, económica, lingüística y política. La idea es una seductora utopía. Sin embargo, el lector no puede dejar de preguntarse cómo, en un entorno global que encarna la competencia permanente, se podría legitimar geopolíticamente la existencia de 68 naciones bajo el lema de un país llamado México.

Ää: manifiestos sobre la diversidad lingüística pone sobre la mesa un conflicto social que cobró fuerza política, en 1994, con el levantamiento zapatista y, más tarde, en 1995, con los Acuerdos de San Andrés Larraínzar. A 25 años, el despojo de tierras y la extracción de recursos naturales a las comunidades indígenas sigue sucediendo. El Estado mexicano no ha incorporado un modelo que respete la riqueza cultural y geográfica del territorio. En la narrativa nacionalista promovida desde el Estado, la diversidad cultural de México no ha sido efectiva ni equitativamente incorporada. El sistema de castas se ha superado porque ya no se obliga a escribir la etnia o grado de pureza de la sangre en un acta de nacimiento. No obstante, como afirma la autora, aún existe el gesto disuasorio en los registros civiles para no darles a los recién nacidos nombres que no provengan del español o del inglés; aún se escriben notas periodísticas en que un problema judicial, de salud o de autoridad, se reporta como un problema originado por no saber hablar español. Si bien es cierto que el español mexicano hace tiempo que dejó de ser colonizante, en el sentido de que no representa valores y variantes de un lugar lejano llamado España, y en el sentido de que el español de México es ya patrimonio cultural del país, también es un hecho que las instituciones gubernamentales y la educación pública siguen aplicando prácticas colonizantes en los servicios institucionales que ofrecen a comunidades indomexicanas. De ahí el valor de Ää: Manifiestos sobre la diversidad lingüística de Aguilar Gil, un libro que pone en evidencia las prácticas insuficientes e injustas con que se incorpora a estas comunidades y el discurso nacionalista que afirma lo contrario.

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En La vida contada por un sapiens a un neandertal (Alfaguara, 2020), el paleoantropólogo Juan Luis Arsuaga se esfuerza por explicarle al escritor Juan José Millás la razón por la cual los australopitecos se desplazan de la selva tropical a la pradera: buscan la luz. Al ver una frutería —porque la conversación ocurre en una caminata por el mercado—, Arsuaga rectifica y decide hablar mejor del Homo erectus. Seguramente, por su capacidad de coleccionar frutas. Millás expresa que así habrá más orden en la exposición. La indignación del paleontólogo es más que sugestiva: “–Oye, qué es eso del orden. Esto no es un cuento. Si quieres un cuento, te lees el Génesis. La evolución no tiene la estructura de un relato. No hay planteamiento, nudo ni desenlace. La evolución es el mundo del caos”.

El pasaje me hizo reflexionar en las anotaciones que hice al principio de este texto. La exuberancia de la existencia es, al margen de nuestro pensamiento, siempre caótica. Somos nosotros quienes, acorralados por la conciencia y la angustia connatural que esta desata, nos vemos en la necesidad de construir relatos sobre los hechos que experimentamos o de los cuales tenemos noticias. Los hechos están ahí, sueltos. Cada día salimos a la calle, o al espacio digital, a encontrarnos con los otros. Cada uno hilvana con palabras la historia que es capaz de construir. La madre de todas las batallas es la lucha entre estas narrativas porque ahí se define quién entra o quién sale de la escena; quién tiene derecho o quién no. Arsuaga sabe que los hechos pueden significar por un instante y en un contexto reducido, para luego seguir suspendidos en el espacio de lo no explicable o a merced de narrativas diversas.

En Ää: Manifiestos sobre la diversidad lingüística se construye una narrativa sobre la historia indígena de México y de sus lenguas. ¿Fueron los indígenas de la era de la domesticación del maíz, hace 9000 años, los mismos sometidos durante 300 años por los españoles? ¿Es el mexicano una invención ilegítima del proyecto nacional de 1821? ¿Cómo integrar la existencia del español de México (la lengua) con la existencia de las lenguas originarias? Construir un territorio narrativo para luchar por una nación, o por un ideal social, tiene mucho más peso que la narrativa con la que recordamos nuestras vivencias cada noche. Sin embargo, ambas narrativas son brújulas capaces de guiar individuos y legiones. La narrativa de una nación y los hechos en que se fundamenta tendrán que ser siempre inclusivos, sin prejuicio de ningún grupo humano, o entidad natural que habita el territorio. Cuando Yásnaya Aguilar Gil analiza la coexistencia de las lenguas y de las culturas parece saber esto último. La narrativa de los ensayos que componen este libro es una defensa de las lenguas originarias de México y de los pueblos indígenas que las hablan. También es una genuina invitación a que dichas lenguas se incorporen al horizonte sociopolítico de los hablantes nativos del español de México.

• Yásnaya Elena  A. Gil, Ää: manifiestos sobre la diversidad lingüística, Ana Aguilar Guevara, Julio Bravo Varela, Gustavo Ogarrio Badillo y Valentina Quaresma Rodríguez (comps.), México, Almadía, 2020.

Patricia Córdova es profesora investigadora de Lingüística Hispánica y directora de la División de Estudios Históricos y Humanos de la Universidad de Guadalajara.

 

[Fuente: http://www.nexos.com.mx]

Aunque parezca mentira, las grandes religiones tanto monoteístas como politeístas han influido en la música de grandes figuras del rock. Algunos de las más grandes estrellas del pop-rock han estado influidas por religiones como el cristianismo o el Islam, el hunduismo o el budismo. Alberto Manzano nos los cuenta en su nuevo libro « Aleluya ».

Escrito por IZARO SANFLORENTINO

La espiritualidad y las grandes religiones han influido en numerosos músicos a lo largo de la historia del rock. Entre ellos, destacan los cuatro artistas que conforman los pilares de este libro, y cuyas obras agrupan las cuatro grandes religiones: hinduismo —reflejado en la obra de George Harrison—, cristianismo-judaísmo —que forma el sustrato de numerosas canciones de Bob Dylan—, islam —representado por Cat Stevens—, y budismo-zen —cuya influencia es fundamental en la obra de Leonard Cohen—.

Alberto Manzano analiza figuras como George Harrison, Bob Dylan, Leonard Cohen, Cat Stevens, Suzanne Vega, Nick Cave, Sinéad O’Connor, Johnny Cash, Patti Smith o Van Morrison, para entender su música según el propio prisma religioso de cada uno de ellos.

« Aunque los primeros rastros de carácter religioso hallados dentro de la música en el siglo XX — particularmente, del cristianismo— se perciben con absoluta claridad en los primigenios géneros musicales dotados de raíces negras —góspel, blues, soul—, es a partir de los años sesenta, coincidiendo con el inicio de la revolución contracultural en Estados Unidos, cuando un contingente de cantantes y poetas —estos últimos integrados mayormente en la generación beat: Allen Ginsberg, Gary Snyder, William Burroughs—, inequívocamente influidos, a su vez, por el trascendentalismo y realismo filosófico del poeta Walt Whitman (1819-1892) —que llegó a ser proclamado «sustrato de la nueva generación de cantautores poéticos»: Bob Dylan, Joni Mitchell, David Crosby, Laura Nyro, etcétera— muestran un desaforado interés por las religiones orientales, cuyas semillas acaban de ser trasplantadas en el Nuevo Mundo, particularmente en California, por gurús y maestros espirituales procedentes de la India y del Japón, y, desde ese momento, van a impregnar las obras de estos músicos visionarios, bohemios y «vagabundos del dharma», de un profundo calado espiritual », nos cuenta el autor de « Aleluya« .

 

Alberto Manzano es poeta, traductor, biógrafo y ensayista. Ha publicado más de quince libros en torno a la obra de Leonard Cohen entre las que destacan Leonard Cohen (Cúpula, 2009), y Leonard Cohen y el zen (Luciérnaga) y ha adaptado al castellano numerosas canciones del bardo canadiense para ser interpretadas por Enrique Morente, Duquende, Argentina, Mayte Martín, Rocío Segura, etc. En los discos “Omega”, “como un Corazón” y “Acordes con Leonard Cohen”. Como poeta, tiene cuatro libros publicados (El reino de la pobreza, Hiperión, 2016, es su último poemario), a la vez que, en el ámbito de la traducción, ha trabajado en más de un centenar de libros (Bukowstki, Rumi, Basho, Rimbaud, D.H. Laurence, Bob Dylan, Jim Morrison, Suzanne Vega, Patti Smith, Tom Waits, etc.). Fue amigo personal de Leonard Cohen desde 1980 hasta su fallecimiento.

 

 

[Fuente: http://www.todoliteratura.es]

Narradora, poeta y cantante underground, a sus 73 años se define como una superviviente. La pandemia le confirmó que la libertad es una conquista mental y, para que la sociedad estadounidense despertara, salió a la calle a cantar y animar al voto. Sus libros, como su vida, están escritos con recuerdos de Robert Mapplethorpe y Sam Shepard, sus dos grandes amores. También de Janis Joplin, Bob Dylan y William Burroughs, que le enseñó el secreto del arte: mantener un nombre limpio y no fingir.

La cantante y poeta Patti Smith, fotografiada este año por Steven Sebring. Steven Sebring

Por Anatxu Zabalbeascoa

Escritora, cantante, artista de la performance y pintora, si a Patti Smith (Chicago, 73 años) se le pregunta cuántas ­Patti coexisten, contesta con palabras de Walt Whitman: “Contenemos multitudes”. Testigo de una Nueva York de alquileres baratos y “drogas que acabaron con mucha gente”, entró en el mundo beat y el entorno warholiano cuando la fábrica de bicicletas de Nueva Jersey en la que trabajaba cerró y, con 19 años, se mudó al bajo Manhattan. Corría 1971 cuando el fotógrafo Robert Mapple­thorpe la empujó a cantar sus poemas. Él —que terminaría convirtiéndose en un icono gay— fue uno de sus grandes amores. El dramaturgo Sam Shepard fue otro. Y por su marido, el guitarrista Fred Sonic Smith, abandonaría ese mundo para retirarse a criar a sus hijos en Detroit. Pero Sonic murió y, “para alimentarlos”, Smith regresó a los escenarios. Tenía 44 años. Con 55 comenzó a publicar sus memorias. Éramos unos niños (Lumen) narra con ternura y crudeza —explica que Mapple­thorpe hacía de chapero para pagar el alquiler— la historia de amor entre ambos que, en su lecho de muerte, el fotógrafo le rogó que escribiera. Consiguió hacerlo en 2010, 21 años después de que él muriera de sida. Vestida con ropa de hombre, representa la independencia y la sabiduría de saber vivir con poco. La conversación es telefónica. Habla desde su piso de Nueva York. En un recuento agónico, Joe Biden se ha confirmado como el nuevo presidente de su país. Le pregunto si tiene al lado un café —su “único vicio” aparece continuamente en sus libros (el último: El año del mono, publicado este año) y la marca Lavazza le ha nombrado “embajadora cultural”—. Contesta que sí: “Negro, sin azúcar y con un poco de canela”.

La gente ha hablado. Nunca había votado tanta. Que la gente se movilice es el triunfo. Somos una sociedad que a veces tiene que despertar.

El amor —a sus parejas, a su perro o a la memoria de sus padres— define su escritura. ¿Necesitó subirse a un escenario y dar patadas para compensar tanto amor?

Uno difícilmente puede mostrar su amor si no muestra su enfado. El enfado suele ser fruto de la búsqueda de la verdad, por eso la gente protesta en la calle. La música que hacemos comunica esas emociones.

“El arte te acerca a lo que la gente llama Dios. Como artista busco revelaciones. Para mí el arte es un viaje de descubrimiento”, dice Patti Smith, que aparece en esta imagen eligiendo fotos para el calendario Lavazza.

“El arte te acerca a lo que la gente llama Dios. Como artista busco revelaciones. Para mí el arte es un viaje de descubrimiento”, dice Patti Smith, que aparece en esta imagen eligiendo fotos para el calendario Lavazza. Steven Sebring

Entre sus amores pone a la misma altura a su perro Bambi y al dramaturgo Sam Shepard.

Son dos de mis favoritos. Bambi se dejó atropellar cuando íbamos a darlo en adopción porque mi hermana pequeña era alérgica. Cogí comida y salí con él. Durante un día recorrimos todos los lugares donde habíamos sido felices. Luego se puso delante del camión de quien lo iba a adoptar. Sam y yo fuimos una pareja salvaje. Siempre pude contar con él. Al final, cuando tenía ELA [esclerosis lateral amiotrófica], fui a ayudarlo. Estábamos en la cocina. Bebíamos café. Le hice un bocadillo y él dijo: “Patti Lee, nos hemos convertido en una obra de Beckett”. Siempre me llamaba con mi segundo nombre. Solo lo hacían mi madre, Johnny Depp y él.

Es inclasificable, pero no ha sido cuestionada como artista.

Como me aconsejó William Burroughs, he tratado de proteger mi nombre y no he mentido.

Sin embargo, sí la cuestionaron personalmente cuando fue pareja de Mapplethorpe, cierta prensa publicó que era lesbiana.

También me criticaron algunas feministas cuando me mudé a Detroit con mi marido para cuidar a mis hijos. Hay que dar muchos pasos para conseguir ser libre. Se es porque uno se cuestiona cada decisión. Hay gente que busca una identidad en la pertenencia a un grupo, pero la tienes que buscar en ti mismo. Ser madre no me oprimió. Pero entiendo que a otras personas pueda sucederles. Para mí el sacrificio es parte de nuestra evolución como seres humanos. Cuando uno se sacrifica, crece.

¿Se sacrificó por amor a Mapplethorpe?

En absoluto. Nos conocimos con 20 años. Tuvimos una relación de amantes jóvenes. Jamás pensé que él estaba cuestionando su sexualidad. Yo tampoco tenía mucha experiencia. Luego se atrevió a plantearse cosas. Lidiábamos con asuntos fundamentales sabiendo muy poco. Él me pidió que lo contara.

Resulta chocante que alguien que representaba la ruptura sufriera tanta autorrepresión.

Es chocante hoy. En 1968 ocultar la homosexualidad era lo habitual. A los jóvenes los internaban en psiquiátricos por eso. Era un estigma. Y él quería convertirse en artista y salvar nuestra relación. No sabíamos más.

Patti Smith: “Hay que dar muchos pasos para conseguir ser libre”
Steven Sebring

Sabrían poco, pero tuvieron claro que su amor estaba por encima de todo.

Creímos en nosotros mismos a través del otro. Cuando alguien tiene esa confianza en ti, eso te aguanta toda la vida. Todavía hoy, cuando tengo un momento bajo, busco esos instantes en el recuerdo y obtengo fortaleza. Uno puede recurrir a la memoria para ­fortalecerse.

¿Vive tanto en su cabeza como en la realidad?

Vivo en el pasado y en el presente. En mi cabeza y en la calle. A veces mirar atrás es doloroso. He perdido a tanta gente: a mi marido, a Robert, a Sam, a mis padres, a mi perro, a mi hermano… Pero otras veces una fotografía o un libro te permiten traerlos hasta el presente y te devuelven a esa persona un momento. La imaginación sirve para viajar hacia lo desconocido o hacia lo conocido. Tiene esa fuerza. Haríamos mal en no aprovechar ese potencial.

Conoció a Mapplethorpe cuando se mudó a Nueva York con 19 años.

Trabajaba en una fábrica de bicicletas que cerró. Buscaba trabajo. Llegué con lo puesto, pero había restaurantes, sabía que encontraría algo. Encontré un puesto en una librería, pero tuve que dormir una semana en la calle porque no tenía el depósito para alquilar una habitación. A mí la escasez no me asusta. Crecí habituada a ella.

¿Pasó hambre de niña?

Aprendí lo que era el hambre y a no hundirme con eso porque algún día la comida volvía a casa. Lidiar con las dificultades no ha sido para mí algo tan complicado como puede serlo para otra persona. Yo sabía resistir. Además, era romántica. Asociaba ser artista al sacrificio. Piense en Van Gogh. Tenía esa idea: tenía que estar dispuesta a una vida de sacrificio si quería ser artista.

¿Sentía que pasando hambre daba el primer paso?

Era ingenua, pero aceptar el sacrificio te fortalece. Robert venía de una familia de clase media y para él pasar hambre era insoportable.

Habla de sí misma como de “una chica mala que trataba de ser buena”. Y de Mapplethorpe como de “un chico bueno que trataba de parecer malo”.

Yo era pícara. Tuve que espabilar y aprender a robar un poco, nada serio: coger comida y correr. A Robert eso no le cabía en la cabeza. Era listo, aplicado…, la esperanza de su familia. Pero él quería ser otra cosa. Por eso quería ser malo, para alejarse de lo que se esperaba de él.

¿Por qué ser bueno tiene mala reputación en el arte?

Mitificamos aspectos malditos de la creación. Yo tuve una fuerte educación bíblica. Aprendí que ser buena tenía que ver con tu capacidad para sacrificarte a favor de una causa mayor. Pero también entendí que nunca sería una santa.

¿Sus padres eran testigos de Jehová?

Mi madre. Mi padre no era religioso, pero leía la Biblia. Creía que era gran literatura y me lo transmitió.

Con 19 años tuvo un hijo y lo dio en adopción. ¿Ha vuelto a verlo?

¿Puedo contestar en privado?

Claro, pero lo pregunto porque habla de ese episodio en sus memorias asegurando que no pasa un día sin pensar en él.

Logré contactar con él. Dijo que quería ser parte de nuestra familia pero de manera privada. ¿Contesta eso a su pregunta?

Tengo otra: ¿prefiere que no mencionemos este tema?

Haga con esta información lo que crea que puede ser más útil para todos.

Entre sus modelos siempre cita a Jo, la hermana escritora de Mujercitas, y a Jim Morrison, el cantante de The Doors. ¡Menuda combinación!

Morrison relacionó poesía y rock and roll, pero el que realmente me indicó un camino fue Dylan, simplemente porque lo probó todo. Me parecía como Picasso: nunca ha dejado de cambiar. Cuando alguien que cambia es tu modelo, el mensaje es: debes buscar tu camino de distintas maneras.

¿Por eso se quedó en blanco al cantar A Hard ­Rain’s A-Gonna Fall cuando recogió el Nobel en su nombre?

Fue humillante. La orquesta estaba tocando, los reyes mirándome, la cámara enfocándome, y sentí el horror. Nunca me había intimidado subir a un escenario. Pero lo extraordinario sucedió después: recibí una avalancha de mensajes. El fallo humanizó mi actuación. Los momentos que explican nuestra humanidad son los que nos llegan. Aprendí una lección: la gente perdona un error en público si eres honesto y cuentas lo que te está pasando.

Relaciona el arte con el atrevimiento.

Burroughs lo decía: “Un artista ve lo que otros no ven”. Robert quería hacer algo que nadie hubiera hecho.

¿Y usted?

Para mí no se trata de conseguir lo nunca visto. Creo que el arte te acerca a lo que la gente llama Dios. Como artista busco revelaciones. Para mí el arte es un viaje de descubrimiento.

Prefiere a los artistas que transforman su tiempo a los que lo reflejan.

Yo quiero que el arte me lleve más allá del mundo en el que estoy. No leo mucha no ficción, a menos que esté estudiando algo, porque solo la ficción tiene un lugar para la improvisación y lo inesperado. Me sucede igual con la música. Prefiero escuchar a Coltrane y que cada vez sea distinto. Me gusta más lo que se redefine continuamente que lo que permanece inalterable.

¿Qué ha transformado usted como artista?

Tengo una banda y soy mujer. Pasé de escribir poesía a cantarla sobre un escenario convirtiéndola en rock. Las únicas normas que tengo son las del decoro. Cuando escribí Éramos unos niños decidí hacer un libro responsable. Todo lo que sale es cierto. No solo lo que hizo Robert [Mapplethorpe] o la naturaleza de nuestra relación. También cualquier dato sobre las librerías o sobre el precio de un perrito caliente. No es un trabajo de fantasía: todo ocurrió. Pero más allá de ese libro, que Robert me pidió, soy fiel a mi búsqueda, no a los hechos.

¿El Chelsea Hotel fue su universidad?

No terminé mis estudios, pero allí tenía al profesor William Burroughs o al profesor Allen Ginsberg, las grandes mentes de un momento, en la habitación de al lado.

De niña era una gran lectora. ¿Por qué no estudió en la universidad?

Empecé en una, pero tenía que trabajar en la fábrica. No era suficientemente buena como para conseguir una beca. No conseguía esforzarme por lo que no me gustaba. Mi madre trabajaba todo el día de camarera y mi padre era obrero. Pero no tenían prejuicios. Eso los hacía creíbles. Crecí en un ambiente de carencias materiales pero no mentales. Discutían todo el rato. Muchas veces por dinero. Pero permanecieron siempre juntos no porque tuvieran hijos, sino porque se reían juntos.

¿Se aprende algo de la escasez?

Es un romanticismo y una realidad. Hoy por hoy yo no necesito mucho. El otro día estaba con mi hija y me pidieron que firmara un libro. Iba con una camisa a rayas igual que la de la foto del libro que era de 1972. Mi hija dijo: “Mira, eres la misma persona”.

¿Lo es?

Creo en la evolución, pero veo que mis excentricidades siguen siendo las mismas.

¿Todavía se viste en tiendas de segunda mano?

Compro muy poco. Me duran las camisas que compré hace 30 años y una amiga me hace las chaquetas. En general llevo ropa de hombre.

Cuando Mapplethorpe era su novio, usted llevaba corbata y él pantalones de lamé.

A él sí le gustaba acicalarse. Para mí la ropa de hombre es más ligera. Suele ser más cómoda y te permite moverte. Lo mínimo que pido de la ropa es que no me oprima.

Incluso si vivió rodeada de las drogas de sus amigos, ha descrito el café como su única adicción.

Nunca he tenido adicciones porque crecí con una madre que fumaba dos paquetes al día y cuando no tenía dinero para tabaco la veía llorar de ansiedad. Decidí que no quería depender de algo que, en su ausencia, me hiciera sentir así. Además, fui una niña enfermiza. Tuve tuberculosis y mi madre tuvo que luchar para mantenerme con vida. ¡No iba a ir a Nueva York a tirar todo ese esfuerzo a la basura! Luego vi cómo se morían amigos. Janis Joplin tenía pocos años más que yo y murió de sobredosis. Puede que fuera romántica con el tema del hambre para convertirme en artista, pero nunca lo fui con la muerte temprana. Soy una superviviente. Tengo 73 años y espero vivir hasta los 93.

Puede que sí mitifique el café: le dio dinero a un camarero para que abriera su propio local.

Y casi abrí uno yo. Lo quería llamar Café Nerval: un sitio pequeño que solo sirviera café, pan y aceite de oliva.

¡Un negocio redondo!

El amor por el café me viene de la infancia. Mis padres lo tomaban nada más levantarse y a nosotros no nos daban. Eso me fascinaba.

Nerval escribió en Aurelia: “Los sueños son una segunda vida”. ¿Sus últimos libros son eso?

Soy una soñadora diurna. A veces pienso en un estudio en Nueva York que me encanta. No puedo pagarlo, pero imagino que una anciana me lo ofrece porque ella ya no lo necesita. Lo paso bien imaginando. Lo dijo Stevenson: somos dos: uno camina en el mundo, y el otro, en sueños.

En sus libros cuenta todo tipo de problemas, pero no los de su familia. ¿No tenían?

Claro. Mi marido murió cuando mis hijos tenían 6 y 12 años. Sabemos mucho de pérdidas, pero ni por un segundo olvido lo que la gente está sufriendo en el mundo. Cuando era joven solo quería ser artista. No tenía anhelo de fundar una familia y tener hijos. Pero lo hice e inauguré un sendero que terminó por salvarme la vida. Proteger su infancia hizo que mi empatía se expandiera.

Para hablar de racismo describió a Billie Holiday con su gardenia, su chihuahua y su vestido arrugado por tener que dormir en un banco cuando no la admitieron en un hotel.

No soy una activista como Greta Thunberg o como mi hija, pero trato de utilizar mi voz.

Ha escrito que supo quién era Pessoa no por lo que escribió sino por lo que leyó.

Al final eres lo que guardas. Y en su biblioteca Pessoa tenía a Blake, a Baudelaire y novelas policiacas.

¿Qué debe tener un escritor para quedarse en la suya?

Un idioma. Rimbaud está conmigo desde que tengo 19 años. También Nerval. Son guías. No he necesitado entender todo lo que decían. La clave es que te llegue algo. La poesía está escrita en un código secreto que a veces cuesta entender.

¿Qué piensa de la Nobel Louise Glück?

Tengo que ser honesta y decir que no estaba en mi radar. Pero la leeré.

¿Siempre se ha sentido libre?

Sí. En la pandemia lo he pensado: no he dejado de sentirme libre pese a estar encerrada. Creo que es un privilegio, una conquista mental que uno logra cuando dedica su vida a no molestar y a hacer algo que le permite crecer como persona.

¿Dónde deja su enfado?

En el escenario, cuando doy la patada. No soy vengativa. Me he equivocado y me han perdonado. Trato de hacer lo mismo. No pido perdón por ser como soy y cuando me enfado con Trump o con dictadores de otros países salgo a la calle y protesto. —eps

[Fuente: http://www.elpais.com]

La casa museo del escritor portugués en Lisboa finaliza su remodelación y presenta una exposición permanente con los libros que pertenecieron al autor

Escrito por FELIPE SÁNCHEZ
“Ventanas de mi cuarto, / cuarto de uno de los millones del mundo que nadie sabe quién es / (y si supiesen quién es, ¿qué sabrían?)”, se pregunta en el más famoso de sus poemas, Tabaquería, el ingeniero naval Álvaro de Campos, heterónimo del genial poeta portugués Fernando Pessoa. ¿Qué saben sobre él, en efecto, las personas que desde fuera miran las ventanas del 1º derecha en el número 16 de la Rua Coelho da Rocha, el piso de Lisboa en el que vivió Pessoa sus últimos 15 años? En ese edificio funciona desde 1993 un museo dedicado al escritor, que este sábado ha reabierto tras un cierre de año y medio por remodelaciones y en el que ahora podrá verse cómo vivía y cómo era la biblioteca del discreto autor, artífice en sí mismo de toda una literatura pero de cuya vida se sabe relativamente poco.

La casa museo del poeta ha construido un plano a escala real del apartamento al que llegó en 1920 Pessoa con su madre y sus hermanos y en el que vivió solo durante varios periodos hasta su fallecimiento en 1935 a los 47 años por dolencias vinculadas a su afición al alcohol. En un cuarto interior diminuto en el que apenas cabe un catre y un baúl como el que contenía los 25.000 folios inéditos que dejó el autor se acomodó Pessoa los primeros años. En una de las habitaciones exteriores, a la que es probable que se cambiase en una de las etapas en que estuvo sin su familia, está ahora expuesta la cómoda alta de la que habla en una carta en la que cuenta cómo nació Alberto Caeiro, uno de sus tres principales heterónimos junto a Campos y Ricardo Reis (“no es un filósofo: es un sabio”, dice del primero Octavio Paz, uno de los grandes entusiastas de la obra del portugués en el mundo hispánico; “poeta futurista”, “cosmopolita” y “dandi vagabundo”, define al segundo; “pagano y escéptico por convicción, latinista por educación”, esboza sobre Reis).

Al lado está el estudio, en el que el museo expone la hoja con la última frase que escribió el autor: “I know not what tomorrow will bring” (“No sé lo que el mañana traerá”). Una planta más abajo los visitantes podrán encontrarse con la gran novedad de la casa, alrededor de 1.200 tomos originales en español, gallego, francés, griego, italiano, latín, portugués y, sobre todo, inglés de los más de 1.300 que componían la biblioteca personal del autor cuando este murió. Buceando un poco entre los lomos de los volúmenes se llega a los cinco de una antología de literatura clásica griega traducida al inglés, de uno de los cuales sale el epigrama de Páladas de Alejandría —”Hoy dejadme vivir bien; nadie sabe lo que podrá ser mañana”— que inspiró la susodicha última frase del poeta, según el catálogo A biblioteca particular de Fernando Pessoa. El portugués la resalta en su edición de 1916, como se puede comprobar en la versión digitalizada de las obras disponible en la web del museo, cuyo acceso ha facilitado la institución en una pantalla instalada en un costado de la sala. Aunque los libros no se pueden hojear, la experiencia de husmear desvergonzadamente por la biblioteca de uno de los mayores escritores del siglo XX es impagable.

Fernando Pessoa a los 26 años, en 1914.

Fernando Pessoa a los 26 años, en 1914. APIC / GETTY IMAGES

Entre las cuatro filas de libros, dos ediciones rústicas aparecen destacadas: una antología de tapas cobrizas de Walt Whitman publicada en 1895 (dice Harold Bloom en ‘El canon occidental’: “Pessoa no estaba loco ni era un simple ironista; es Walt Whitman redivivo, aunque un Whitman que da nombres distintos a mí mismomi yo real mi alma, y escribe maravillosos libros de poemas para los tres, así como un volumen distinto bajo el nombre de Walt Whitman”) y un ejemplar de 1910 de los Rubaiyat de Omar Jayam en la célebre traducción al inglés de Edward FitzGerald, el volumen más anotado de la biblioteca pessoana.

El escritor conoció los cuartetos en un ensayo sobre poesía persa de Emerson (incluido en Works of Ralph Waldo Emerson, un tomo encuadernado en tela roja ya desvaída y letras doradas de 1902 también expuesto en el museo), de acuerdo con un ensayo del experto Fabrizio Boscaglia. Pessoa tradujo 42 poemas del libro para una antología que intentó publicar infructuosamente y escribió 172 cuartetos bajo la influencia de Jayam-FitzGerald (la mayoría incluidos en una edición bilingüe que publicó en 2015 Gallo de Oro). “Omar Jayam fue, no el autor, sino la inspiración de FitzGerald”, escribió el portugués en su ejemplar de los Rubaiyat, donde también confesó: “Los traduje, como los había traducido FitzGerald, con justa y proba improbidad”.

Pessoa tenía alrededor de una veintena de libros en castellano, la mayoría obras menores o de consulta, con ausencias muy llamativas como el Quijote y el Siglo de Oro español (si bien llegó a tener las Poesías satíricas de Quevedo y Las cien mejores poesías (líricas) de la lengua castellana, que recopiló Menéndez y Pelayo, de acuerdo con los investigadores Jerónimo Pizarro, António Cardiello y Patricio Ferrari). En cambio poseía las obras completas de Rosalía de Castro en gallego y una edición madrileña del cuento Nochebuena de Gógol (según Pizarro, el portugués también leyó el Zaratustra de Nietzsche en español).

Otra de las obras editadas en España, De la dictadura a la república. La vida política en Portugal, del valenciano Luis Morote, se encuentra destacada en la primera planta del museo, en la sección dedicada a los heterónimos. Forma parte del grupo de 25 libros que firma como propios Alexander Search, uno de los primeros desdoblamientos de Pessoa. En la misma sala están a la vista el icónico retrato del poeta que pintó José de Almada Negreiros —un Pessoa anguloso y esbelto que mira hacia el vacío sentado a la mesa en el rincón oscuro de un café—, los esbozos de los tres heterónimos que el propio Negreiros talló en un mural junto a otras figuras literarias en el pórtico de la Facultad de Letras de la Universidad de Lisboa, así como una máquina de escribir que usó Pessoa en una de las tantas oficinas en las que trabajó como traductor comercial freelance —ubicada, por cierto, a una calle de la Rua dos Douradores, centro vital del asistente contable Bernardo Soares, a quien Pessoa adjudica la segunda parte de su obra magna, el Libro del desasosiego—.

Pessoa no solo trabajaba en el mismo vecindario que su semiheterónimo (lo llamó así en una carta), también tenía en su biblioteca uno de sus libros predilectos, las Reflexões sobre a língua portuguesa, del padre Francisco José Freire. Dice Soares en el Desasosiego que dormía con ese libro en la cabecera de su cama. Asomados a la ventana del piso en el que vivió Pessoa, los visitantes del museo tienen todavía la oportunidad de jugar con la idea de que están viendo algo parecido a lo que vio Soares una mañana lluviosa de 1929 en la que le costaba levantarse: “Desperté. El sonido de la lluvia sobresale más alto en el exterior indefinido. Me siento más feliz. Cumplí algo que ignoro. Me levanto, voy a la ventana, abro las puertas con una decisión de gran valentía. Luz en un día de lluvia clara que me ahoga los ojos en una luz pálida. Abro las propias ventanas de vidrio. El aire fresco me humedece la piel tibia. ¡Llueve, sí, pero aunque sea lo mismo es al final tanto menos! Quiero refrescarme, vivir, e inclino el cuello a la vida, lo extiendo por la ventana hacia afuera como hacia el yugo abstracto de Dios”.

Gracias quiero dar al divino
Laberinto de los efectos y de las causas
Por la diversidad de las criaturas
Que forman este singular universo,
Por la razón, que no cesará de soñar
Con un plano del laberinto,
Por el rostro de Elena y la perseverancia de Ulises,
Por el amor, que nos deja ver a los otros
Como los ve la divinidad,
Por el firme diamante y el agua suelta,
Por el álgebra, palacio de precisos cristales,
Por las místicas monedas de Ángel Silesio,
Por Schopenhauer,
Que acaso descifró el universo,
Por el fulgor del fuego
Que ningún ser humano puede mirar sin un asombro antiguo,
Por la caoba, el cedro y el sándalo,
Por el pan y la sal,
Por el misterio de la rosa
Que prodiga color y que no lo ve,
Por ciertas vísperas y días de 1955,
Por los duros troperos que en la llanura
Arrean los animales y el alba,
Por la mañana en Montevideo,
Por el arte de la amistad,
Por el último día de Sócrates,
Por las palabras que en un crepúsculo se dijeron
De una cruz a otra cruz,
Por aquel sueño del Islam que abarco
Mil noches y una noche,
Por aquel otro sueño del infierno,
De la torre del fuego que purifica
Y de las esferas gloriosas,
Por Swedenborg,
Que conversaba con los ángeles en las calles de Londres,
Por los ríos secretos e inmemoriales
Que convergen en mí,
Por el idioma que, hace siglos, hablé en Nortumbria,
Por la espada y el arpa de los sajones,
Por el mar, que es un desierto resplandeciente
Y una cifra de cosas que no sabemos
Y un epitafio de los vikings,
Por la música verbal de Inglaterra,
Por la música verbal de Alemania,
Por el oro, que relumbra en los versos,
Por el épico invierno,
Por el nombre de un libro que no he leído:
Gesta Dei per Francos,
Por Verlaine, inocente como los pájaros,
Por el prisma de cristal y la pesa de bronce,
Por las rayas del tigre,
Por las altas torres de San Francisco y de la isla de Manhattan,
Por la mañana en Texas,
Por aquel sevillano que redactó la Epístola Moral
Y cuyo nombre, como él hubiera preferido, ignoramos,
Por Séneca y Lucano, de Córdoba,
Que antes del español escribieron
Toda la literatura española,
Por el geométrico y bizarro ajedrez,
Por la tortuga de Zenón y el mapa de Royce,
Por el olor medicinal de los eucaliptos,
Por el lenguaje, que puede simular la sabiduría,
Por el olvido, que anula o modifica el pasado,
Por la costumbre,
Que nos repite y nos confirma como un espejo,
Por la mañana, que nos depara la ilusión de un principio,
Por la noche, su tiniebla y su astronomía.
Por el valor y la felicidad de los otros,
Por la patria, sentida en los jazmines
O en una vieja espada,
Por Whitman y Francisco de Asís, que ya escribieron el poema,
Por el hecho de que el poema es inagotable
Y se confunde con la suma de las criaturas
Y no llegará jamás al último verso
Y varía según los hombres,
Por Frances Haslam, que pidió perdón a sus hijos
Por morir tan despacio,
Por los minutos que preceden al sueño,
Por el sueño y la muerte,
Esos dos tesoros ocultos,
Por los íntimos dones que no enumero,
Por la música, misteriosa forma del tiempo.

 

In: El otro, el mismo (1964)

 

El escritor Gabi Martínez relata en ‘Un cambio de verdad’ su experiencia como pastor en la tierra de su madre

El escritor Gabi Martínez, en su peripecia como pastor.

Una de las más emotivas aventuras de los últimos tiempos es la protagonizada por el escritor Gabi Martínez (Barcelona, 1971) al convertirse en aprendiz de pastor en las tierras de dehesa y trashumancia de la Siberia extremeña. Se fue a vivir entre ovejas para conocer de primera mano las raíces de su madre, Eloísa, que creció en el vecino pueblo manchego de Agudo, en un mundo de “lobos, arroyos y encinas, de higos robados, sisones y tormentas”. De esa experiencia radical del autor ha surgido Un cambio de verdad (Seix Barral, 2020), que es un bucear en los orígenes, una considerable prueba física -nadie dijo que fuera fácil ser pastor-, una impresionante inmersión en la naturaleza y un tour de force literario, pero también una profunda reflexión ensayística sobre la ecología y nuestro futuro.

Acostumbrados a los viajes extremos a lugares remotos del autor barcelonés -uno de nuestros grandes viajeros-, en los pantanos sudaneses, en China, en el Hindu Kush, en la gran barrera australiana, sorprende y conmueve ese regreso al centro materno, a la comarca rica en rebaños, vida salvaje y rigores que es el verdadero ónfalo, el ombligo, el cordón umbilical y la placenta de Gabi Martínez. Desde ese lugar esencial, estimulado por el encuentro con la memoria familiar, las privaciones consustanciales al trabajo de pastor y la comunión absoluta con el medio, el autor alumbra uno de sus textos más ricos y personales.

“Me interesaba la noción de cambio”, explica Martínez, que narra en el libro su llegada a Sanjuanilla, donde el pastor Juan Alfredo le enseña el oficio: el uso del garabato, la vara de atrapar ovejas; secretos para que estas copulen más y mejor, la esquila, u ordeñar a una cabra… “Fui allí para cambiar de paradigma, de propuesta vital, para relativizar esta vida nuestra urbana llena de ruido y prisa. Encontré de entrada un concepto de cambio distinto: el desplazamiento de los rebaños de un lugar a otro siguiendo pautas y ritmos ancestrales”. Dos circunstancias alejan la aventura del escritor de la de cualquier viajero al uso: “Iba a trabajar, no como un mero observador, eso ya implicaba una actitud y una perspectiva muy concretas, y que la gente de allí no me viera como un simple extranjero de paso. Pero además me reconocían como hijo y nieto de vecinos, mis parientes: mi madre, mi abuela de Tamurejo y mi abuelo pastor, Eloy, de Garbayuela, envuelto en leyendas y del que mi madre aprendió a tratar con ovejas”.

Una oveja merina negra del rebaño que cuidaba Gabi Martínez.

La inmersión de Gabi Martínez en el mundo a priori cerrado del pastoreo, enfundado en un viejo chubasquero de la Guardia Civil prestado, tiene el encanto de esas historias iniciáticas del individuo que llega a la tierra de sus ancestros para ser reconocido por los habitantes del lugar e ir recuperando poco a poco la memoria familiar. “Descubrí que me miraban como a uno de ellos. Recordaban mi apellido y se me abrían puertas, me acogían, me contaban historias de mi propia familia, versiones distintas, a menudo sorprendentes, de lo que yo conocía, como lo de que a mi abuela la llamaban La Mosca, por su cabello negro azabache”. Ese viaje a las raíces no fue fácil y provocó algún bloqueo inicial. “Madre, naturaleza… son grandes palabras para manejarlas”, reflexiona el escritor. Esa línea narrativa se desdobla en multitud de pequeñas historias que se alimentan unas a otras -como la de la perra Siria o el truco de “hacer el reloj” si se te acercara un lobo- y se combina con el descubrimiento de las artes del pastoreo, de los gozos y sombras (incluso miserias) de la vida al aire libre, de las migas, y de unos sujetos fenomenales: las ovejas negras en cuya cría ecológica Martínez encuentra un símbolo de sus inquietudes medioambientales. “Era importante dar con un sujeto que destacara en ese paisaje y la visibilidad de la merina negra, la oveja preta, como la llaman, y el simbolismo de su recuperación me lo han proporcionado”. La oveja negra fue tratada como tal: se la marginó porque la lana blanca se podía teñir con cualquier tinte, y su color se convirtió en algo negativo. Gabi Martínez se ha implicado a fondo en la conservación de esa oveja paradójico signo de regeneración de la Siberia. En el epílogo recuerda la Caravana Negra, la expedición promocional de la especie montada con un puñado de artistas amigos, entre ellos el cineasta Agustí Villaronga, pastores ocasionales todos ellos.

“Siempre trato de ofrecer algo distinto en mis libros, la experiencia de hacer de pastor ha sido ya contada en profundidad por distintos autores, aquí mezclo muchas otras cosas”, continúa. “Las protagonistas de Un cambio de verdad no son las ovejas. Enfoco otros aspectos, especialmente el de la relación de las personas con los animales y con la naturaleza en general”. Martínez ha querido también cuestionar el tópico de la pobreza y la tristeza del campo y la vida rural presente tradicionalmente en nuestra literatura. “Se ha instalado tan profundamente ese relato, y el de la plenitud y bondad de la vida en la ciudad por contraste, que hasta la propia gente del campo ha llegado a interiorizarlo y creérselo”. Lo que lleva a Martínez a una crítica más profunda: “No hay autores en España que cuenten la realidad, hay que remontarse a Miguel Delibes para encontrar una visión auténtica”. El escritor catalán señala que obras como La lluvia amarilla (1988) de Julio Llamazares han contribuido a esa visión oscura y melancólica del campo. “Llevamos treinta años de lamento sostenido”, afirma. “Ya es hora de empoderar el campo y de construirle un relato positivo, acabando con la mirada de la intelectualidad literaria, distante y paternalista”.

Él ha tenido que buscar un referente, dice, en Félix Rodríguez de la Fuente, cuya presencia atraviesa Un cambio de verdad, y que “no era en puridad un escritor sino un comunicador”. El amor por la naturaleza de Félix, su inmersión vitalista e infinitamente curiosa en el medio, ha servido de ejemplo a Gabi Martínez, y el lector encontrará numerosísimas referencias a especies animales enumeradas con el placer que da el descubrimiento: buitres y cigüeñas negros, águila perdicera, elanio, somormujo.

El rebaño de Martínez, en la dehesa.

El libro es también un vehículo para las ideas de responsabilidad conservacionista y medioambiental del autor. “La dehesa extremeña es uno de los espacios más ricos en biodiversidad del mundo, paradójicamente es muy desconocido y hasta posee resonancias negativas en el imaginario de nuestro país. Tenemos una responsabilidad, también moral, frente a estos y otros espacios en unos momentos en que se percibe una gran descomposición de las reglas y responsabilidades políticas y sociales en nuestro país”. Martínez ve un paralelismo con principios del siglo XX. “No es casual que ahora se rescate a Unamuno y el regeneracionismo, aquel momento en que la Institución Libre de Enseñanza llevaba a caminar el territorio. Vivimos un nuevo momento que reclama comunión con la naturaleza”.

Embalado, Martínez aboga por un nuevo encuentro de la biodiversidad y la poesía y reivindica la voz de un Walt Whitman. Él mismo encuentra sus influencias en escritores tan diversos como Valle Inclán y Josep Pla por un lado y Annie Dillard y Jonathan Franzen por otro, y reivindica lo mejor del Nature writing, la prosa de no ficción sobre la naturaleza, convertida en género al alza. “Los escritores ha estado demasiado tiempo encerrados, han renunciado a la biodiversidad, el mercado ha estado demasiado presente y se ha cultivado novela histórica, novela negra, y la considerada alta literatura, de espaldas al mundo y la naturaleza. Y eso que el gran libro de nuestra tradición es uno de viajes: el Quijote”.

 

[Fuente: http://www.elpais.com]