Archives des articles tagués Topónimos
Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) présente l’exposition « Salonique, « Jérusalem des Balkans », 1870-1920. La donation Pierre de Gigord ». La découverte de la Salonique florissante avant la Shoah par de magnifiques photographies révélant la contribution majeure des Juifs à la vie économique, culturelle et politique, ainsi qu’à l’avènement de la modernité, la variété de juifs – séfarades, romaniotes (juifs hellénisés), ashkénazes -, la permanence des sabbatéens ou dönme, juifs convertis à l’islam...

 

Publié par Véronique Chemla

De Salonique, devenue Thessalonique en 1912, nous savons essentiellement le destin tragique de la quasi-totalité de ses Juifs, majoritairement sépharades, déportés – plus de 45 000 juifs – durant la Deuxième Guerre mondiale, et l’occupation allemande nazie dès le 9 avril 1941. Environ 96% des juifs saloniciens ont été assassinés lors de la Shoah, au camps nazi d’Auschwitz-Birkeanu.

Le musée d’art et d’histoire du Judaïsme (mahJ) invite à découvrir la vie, la diversité religieuse, la part majeure des juifs saloniciens dans l’économie, et ce, avant la Shoah, dans cette « Jérusalem des Balkans » au travers des photographies de Pierre de Gigord, collectionneur avisé dont sont présentés des tirages albuminés du premier photographe local, Paul Zepdji, les négatifs sur plaques de verre inédits d’Ali Eniss, drogman (interprète) au consulat d’Allemagne.

« Ville cosmopolite, comme d’autres grands ports du Levant, Salonique – la Thessalonique grecque sous l’Empire ottoman – fut longtemps une cité juive où les commerçants, de toutes confessions confondues, fermaient le samedi et durant les fêtes juives. Peuplée majoritairement de juifs romaniotes, ashkénazes et plus encore séfarades, la capitale macédonienne était aussi la ville ottomane la moins turque, nombre de musulmans étant des sabbatéens, juifs convertis à l’islam. »

« Le don de près de 400 photographies et documents par Pierre de Gigord, grand collectionneur dévoué à l’histoire de l’Empire ottoman, à l’œil avisé et à l’admirable générosité, constituent un enrichissement majeur pour le mahJ, dont la collection est désormais une référence sur la « Jérusalem des Balkans ». Les tirages albuminés du premier photographe local, Paul Zepdji, les négatifs sur plaques de verre inédits d’Ali Eniss, drogman au consulat d’Allemagne, amateur passionné auteur d’une vivante chronique photographique de la ville, font revivre un monde disparu. Ce sont aussi des autochromes, des albums de photographes amateurs, des documents du service photographique de l’armée d’Orient, des cartes postales, brochures et magazines qui racontent la vie de la cité. »

« Présentant une sélection de près de 150 pièces, l’exposition restitue l’histoire de Salonique de la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première Guerre mondiale. Hommes et femmes saisies dans leurs costumes traditionnels, modestes artisans, portefaix, commerçants, aux membres de l’« aristocratie » locale – liés à l’Europe par des attaches familiales et commerciales – la société se découvre. La modernisation urbaine : les quais et la Tour blanche, les cafés, les restaurants et les lieux de divertissements ; le secteur des Campagnes où les notables établirent leur résidence ; les zones déshéritées, ou s’installèrent les industries naissantes, hissant Salonique au rang de première ville ouvrière de l’Empire ottoman ».

« Mais aussi, dans la ville dorénavant grecque, le grand incendie d’août 1917, authentique traumatisme pour les juifs qui virent leurs quartiers historiques, les archives communales et plus de trente synagogues emportés par les flammes, avant les bouleversements géopolitiques provoqués par la Première Guerre mondiale. »

Le commissariat est assuré par Catherine Pinguet et Nicolas Feuillie, responsable des collections photographiques au mahJ. Catherine Pinguet est chercheuse associée au Centre d’études turques, ottomanes, balkaniques et centrasiatiques (CNRS – EHESS). Elle est notamment l’auteure d’Istanbul, photographes et sultans 1840-1900 (CNRS Éditions, 2011), de Les Îles des Princes. Un archipel au large d’Istanbul (Empreinte, 2013), de Felice Beato (1832-1909). Aux origines de la photographie de guerre (CNRS Éditions, 2014) et d’Une histoire arménienne. Les photographes dans l’Empire ottoman (Elytis, 2018).

Un catalogue est publié : « Salonique, 1870-1920 » de Catherine Pinguet, préfacé par Paul Salmona (CNRS Éditions, 2023. 172 pages. 45 €). Cette publication a reçu le soutien de la fondation pour la mémoire de la Shoah et du Centre national du livre. « Toutes les facettes d’une ville disparue, avec des photos inédites. »

« Capitale de la Macédoine ottomane, Salonique a connu au XIXe siècle une incroyable métamorphose. Cœur « industriel » de l’Empire, foyer de la modernité turque, jusqu’à la reconquête par les Grecs en 1912, la cité est une ville pluriethnique et multiconfessionnelle, un carrefour culturel et un havre aussi où se sont réfugiés, depuis des siècles, les sépharades bannis d’Espagne et les ashkénazes chassés d’Europe. Une véritable Jérusalem des Balkans. »

« En sélectionnant des images dans la plus riche collection privée de photographies dédiées à l’Empire ottoman, celle de Pierre de Gigord, Catherine Pinguet dresse un portrait de la ville de la seconde moitié du XIXe siècle à la fin de la Première Guerre mondiale. Elle restitue le quotidien des habitants et les mutations de la ville, de leur cadre de vie : animation des rues, activités commerciales et corporations de métiers, nouveaux édifices, quartiers résidentiels, périphérie déshéritée où sont apparues les premières industries. »

« Viennent s’ajouter les clichés d’événements majeurs, tels que la « révolution » jeune-turque de juillet 1908 dont Salonique a été le berceau, puis l’incendie d’août 1917, qui a détruit à jamais les quartiers historiques de la communauté juive. Ces flammes préfigurent la fin d’une époque, celle des grandes cités cosmopolites de la Méditerranée orientale qui disparaîtront les unes après les autres, dans des circonstances souvent dramatiques. » Un incendie criminel qui incitera des nombreux juifs à s’exiler vers la France, les États-Unis ou Eretz Israël (Terre d’Israël).

À l’occasion de cette exposition, le mahJ a organisé la rencontre filmée avec l’historienne Catherine Pinguet, commissaire de l’exposition, et le collectionneur Pierre de Gigord, animée par François Azar. Introduction par Paul Salmona, directeur du mahJ.
En plus de visites guidées, le mahJ a proposé la rencontre Salonique, « Jérusalem des Balkans » en présence notamment de Catherine Pinguet, commissaire de l’exposition, et d’Alexandra Patrikiou, musée juif de Grèce. « Retour sur l’histoire singulière de cette cité, tour à tour macédonienne, romaine, byzantine, puis ottomane cinq siècles durant, avant d’être rattachée a la Grèce en 1912. Pendant plus de deux millénaires, elle a abrité sans discontinuité une communauté juive qui constituait au début du XXe siècle la majorité de la population, faisant de cette capitale économique de la Grèce indépendante la « Jérusalem des Balkans » jusqu’à la déportation presque totale des juifs en 1943. »

À l’occasion de la publication de Salonique juive et ottomane. Les mémoires de Sa’adi Besalel Halevi (Lior éditions, présenté et préfacé par Aron Rodrigue, traduit du judéo-espagnol par Marie-Christine Bornes-Varol, 2023), le mahJ a aussi accueilli la rencontre filmée  Juifs dans la Salonique ottomaneAvec Aron Rodrigue, Stanford University, et Marie-Christine Bornes Varol, Cermon-Inalco, animée par François Azar, éditeur.

Sa’adi Besalel a-Levi, né en 1820 à Salonique, est un imprimeur et éditeur, fondateur en 1875 du journal sépharade en ladino ‘La Epoka’ et en 1895 du ‘Journal de Salonique’ en français. Proche de l’industriel Moïse Alatini, il le soutiendra dans tous ses efforts de modernisation de la communauté juive. Il est aussi connu pour son activité de chantre et de compositeur de chants liturgiques. Ses fils, notamment Sam Lévy, l’accompagneront et prolongeront son activité éditoriale après son décès à Salonique en 1903 ».
« Pionnier du journalisme ottoman et de la culture séfarade moderne, l’éditeur et chantre de synagogue Sa’adi Besalel Halevi (1820-1903) rencontra une vive opposition de la part des rabbins saloniciens, inquiets de ses vues progressistes. Documentant la vie quotidienne et les débats des juifs dans la Salonique ottomane, ses mémoires offrent un témoignage exceptionnel sur une communauté en proie aux tiraillements entre Anciens et Modernes. »
« Les mémoires de Sa’adi Besalel a-Levi constituent la première autobiographie connue d’un juif salonicien. Rédigées en judéo-espagnol à partir de 1881, elles offrent un exceptionnel panorama de la vie dans la Salonique juive et ottomane au XIXe siècle. Leur importance tient tant à la personnalité de leur auteur à la fois imprimeur, éditeur, journaliste, chantre et compositeur qu’à leur contenu qui joint à une vision éminemment subjective du monde juif ottoman, des descriptions d’ordre ethnographique, des aperçus de l’organisation communautaire, des luttes de pouvoir au sein de celle-ci, et enfin un plaidoyer pro-domo qui prend un caractère ardent et poignant. »
« Publié sous forme d’extraits dans plusieurs journaux, ce texte a exercé une grande influence sur la manière dont l’histoire des Juifs de Salonique a été remémorée et historicisée. Longtemps donné pour perdu, le manuscrit original rédigé en cursives hébraïques orientales (soletreo) a été redécouvert fortuitement à la Bibliothèque nationale d’Israël et est reparu en 2012 aux Presses de Stanford dans une remarquable édition intégrale désormais accessible au public francophone. »

Le mahJ a aussi proposé « Traces du cimetière juif de Salonique« . Une rencontre filmée avec le photographe Martin Barzilai et les historiens Annette Becker et Léon Saltiel, animée par Corinne Bensimon, et en écho à la publication de l’ouvrage Cimetière fantôme. Thessalonique, de Martin Barzilai, Annette Becker et Katerina Králová (Créaphis éditions, 2023). Une enquête de Martin Barzilai sur cette nécropole. Deux historiennes interviennent en contrepoint pour éclairer cette histoire : Katerina Králová et Annette Becker.

« Le photographe Martin Barzilai, petit-fils d’un Juif salonicien qui a fui en 1940 – à temps car environ 54 000 juifs de Thessalonique furent déportés et exterminés, soit 96 % de la population juive de la ville –, s’est rendu à plusieurs reprises à Thessalonique depuis 2018, à la recherche des fragments de tombes du plus grand cimetière juif d’Europe, disséminés dans la ville, à la suite de son expropriation par les Nazis en 1942. De cette enquête, il est revenu avec de nombreuses photographies, un journal de bord et des entretiens avec des personnes concernées par cette « mémoire fantôme ». Deux historiennes interviennent en contrepoint de son propos. »
« À la suite de la Reconquista, Isabelle la Catholique expulse les juifs d’Espagne en 1492. Ils sont accueillis » notamment « dans l’Empire ottoman, en particulier dans les Balkans et à Salonique. Ils représentent, au XVIIIe siècle, la moitié de la population de la ville et, jusque dans les années 1920, sont majoritaires en rapport aux communautés grecque et turque. Dans ce contexte, les juifs de Salonique ont pu conserver leur langue : le judéo-espagnol ou ladino ».
« Le cimetière juif de Thessalonique est alors le plus important d’Europe. On estime qu’il contenait environ 300 000 tombes. Une grande partie des inscriptions en caractères hébraïques sur ces stèles, en ladino et en hébreu, sont difficilement déchiffrables de nos jours. »
« En 1942, alors qu’ils contrôlent la ville depuis un an, les Nazis exproprient le cimetière en échange de la libération de 6 000 travailleurs prisonniers juifs, contraints aux travaux forcés. Les pierres tombales seront utilisées comme matériel de construction, par les Allemands puis par les Grecs, notamment pour l’enceinte de la nouvelle gare ferroviaire et dans un grand nombre d’autres chantiers. Aujourd’hui, on les retrouve à travers toute la ville et au-delà. »
« Environ 54 000 juifs de Thessalonique furent déportés et exterminés, soit 96 % de la population juive de la ville. Le photographe Martin Barzilai, lui-même petit-fils d’un juif salonicien qui a fui Thessalonique en 1940, s’est rendu à plusieurs reprises à Thessalonique depuis 2018, à la recherche ces fragments de tombes disséminés dans la ville, de ce qui a été rendu invisible, ces traces qui ont résisté au temps. De cette enquête il est revenu avec de nombreuses photographies – le livre en présente 64 en quadri – , un journal de bord et des entretiens avec des personnes concernées par cette mémoire fantôme. »
Focus sur…
Pierre de Gigord

« Diplômé de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, grand voyageur passionné d’Orient, Pierre de Gigord rassemble à partir des années 1980 la plus riche collection privée de photographies anciennes sur l’Empire ottoman. Des premiers procédés photographiques (daguerréotypes de Girault de Prangey, Constantinople, 1843) aux années 1920 (autochromes, vues stéréoscopiques, tirages argentiques…), on y trouve toutes les techniques et supports utilisés par les photographes professionnels et amateurs de l’époque. »

« Des ouvrages (premiers guides touristiques, récits de voyageurs, de diplomates, d’archéologues), des journaux illustrés, des magazines, des cartes et des éphémères (brochures, factures, publicités…) viennent compléter cet ensemble. Le don au mahJ des plus belles pièces du fonds exceptionnel qu’il a constitué sur Salonique constitue un enrichissement majeur de la collection du musée ».

Sélection d’ouvrages et d’expositions réalisés à partir de la collection de Pierre de Gigord : 
– Salonique, 1850-1918. La « ville des Juifs » et le réveil des Balkans, sous le direction de Gilles Veinstein, 1992, éditions Autrement
– Images d’Empire, collection Pierre de Gigord, Institut d’Études Françaises d’Istanbul, 1998 (exposition et catalogue)
– L’Orient des photographes arméniens, Institut du Monde Arabe/Cercle d’Art, 2007 (exposition et catalogue)
– Il était une fois l’Orient-Express, Institut du Monde Arabe/Snoeck, 2014 (exposition et catalogue)
– 100 Years of Travelers in Istanbul from Pierre de Gigord Collection, fondation Suna & Inan Kıraç, Istanbul Research Institute, 2015 (exposition et catalogue)
– Juifs d’Orient, Institut du Monde Arabe/Gallimard, 2021 (exposition et catalogue)
– L’Orient revisité. Les photographes arméniens dans l’Empire ottoman, Centre du patrimoine arménien de Valence, 2023 (exposition) »
Les juifs de Grèce
VA Editions a publié Sur les traces des juifs de Grèce d’Anastasio Karababas. « L’histoire des Juifs de Grèce présente un intérêt unique en Europe. Le judaïsme grec est sans doute le plus ancien du continent. Les Romaniotes hellénisés, les Sépharades de la Méditerranée occidentale et les Ashkénazes d’Europe centrale créent progressivement une mosaïque de communautés à travers le pays, chacune avec son histoire pluriséculaire et fascinante. Thessalonique, la « Jérusalem des Balkans », Ioannina, la capitale des Romaniotes, La Crète, Corfou, Rhodes, Larissa, Volos, Patras, Athènes… toutes ensemble, mais aussi chacune individuellement, font partie intégrante du monde hellène et de sa riche histoire. »
« Voici pour la première fois une image complète et détaillée de l’histoire des Juifs de Grèce depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, en passant bien sûr par la Shoah qui emporte près de 90 % de la communauté. Au-delà de la fresque historique, il s’agit également de mettre en lumière la contribution des Juifs grecs à la vie économique, culturelle, intellectuelle et politique du pays, ainsi que de révéler les pages dorées et les pages noires de la coexistence entre Juifs et chrétiens. »
Les juifs de Salonique

Selon l’historien Anastasio Karababas, la présence juive à Salonique remonte à l’époque hellénistique ou romaine. Au XIIe siècle, Benjamin de Tudèle estime le nombre de juifs à Salonique à 500. Du XIVe au XVIe siècle, affluent à Salonique des juifs persécutés d’Europe centrale, du sud de l’Italie et de la péninsule ibérique. Le sens du commerce de ces juifs redonne une vitalité à la ville en déclin depuis la conquête turque de 1430. Ce qui incite les sultans à lui accorder une grande autonomie.

Au début du XVIe siècle, les juifs deviennent majoritaires à Salonique. Ils se fixent dans le centre donnant sur le port. La ville s’affirme comme un des centres économiques de l’empire ottoman. En 1520, est ouvert dans le quartier juif le premier atelier d’imprimerie de la ville. Négociants, banquiers, tailleurs, bouchers, pêcheurs, enseignants, médecins… Les juifs exercent tous les métiers, et fréquentent, selon la communauté à laquelle ils appartiennent, leurs synagogues (Mayorka, Kastilla, Kalabria, Evora, Sicila). Le Talmud Torah Hagadol représente les juifs auprès du sultan.

Au XVIIe, la guerre de Trente Ans (1618-1648), les défaites militaires de l’empire ottoman, les épidémies, la crise économique influent sur la condition des juifs saloniciens qui affrontent la concurrence du port de Smyrne, deuxième port de l’empire ottoman.

En 1566, arrive à Salonique Sabbataï Tsvi qui se présente comme le messie et convainc peu de juifs. Les juifs (30000) représentent les trois cinquièmes de la ville.
Au XIXe siècle, c’est l’avènement de la révolution industrielle : chemin de fer, électricité. Les juifs, notamment la famille Allatini, contribuent à l’essor économique et à la modernité. En 1865, est créé le journal en ladino, El Lunar. De 1976 à 1912, l’AIU (Alliance israélite universelle) ouvre sept écoles. En 1910, David Ben Gourion se rend à Salonique, et y voit un « laboratoire du sionisme ».
En 1912, la Grèce met fin à la domination turque.
La réussite des juifs grecs alliée à un antijudaïsme chrétien orthodoxe est vraisemblablement à l’origine de l’incendie criminel en 1917 détruisant surtout des quartiers dans le port.

« Hiérarchisée, la communauté juive compte une classe supérieure (la djente alta) très influente, mais restreinte, qui a contribué au développement de l’éducation et à l’amélioration des conditions sanitaires de la ville. »

« Nettement plus nombreux viennent ensuite les membres d’une classe intermédiaire (los medianeros) extrêmement actifs dans la vie économique et sociale : commerçants, artisans spécialisés, employés dans les sociétés à capitaux étrangers (banques, comptoirs commerciaux, assurances), membres de professions libérales (enseignants, médecins, avocats). »

« Puis, largement majoritaires, les démunis (djente bacha) composés d’une foule de marchands ambulants, de petits commerçants, de journaliers et d’ouvriers non qualifiés dans l’incapacité de payer les taxes communautaires et qui vivent le plus souvent dans une extrême précarité. Les femmes, payées moitié moins que les hommes, travaillent, avant leur mariage, notamment dans les filatures et les manufactures. Une célèbre chanson est dédiée au sort d’une malheureuse employée à la Régie des tabacs, La Cigarrera. »

Les sabbatéens ou dönme 

« L’origine de la communauté des sabbatéens remonte à la seconde moitié du XVIIe siècle avec la conversion à l’islam du messie de Smyrne, Sabbataï Tsevi. Les sabbatéens qui, malgré l’apostasie de Tsevi, lui sont restés fidèles se désignaient comme ma’mīnīm (« croyants »). Comme ils pratiquaient une stricte endogamie et que rien ou presque n’a filtré de leurs croyances, ils sont suspects aux yeux des musulmans et rejetés par les juifs. »

« Au tournant du XXe siècle, les sabbatéens, formant trois groupes distincts, ont gravi les échelons de l’administration et de grandes familles sont à la tête de vastes entreprises. La figure la plus emblématique est celle du maire de Salonique, Hamdi bey, à l’origine des nouveaux équipements urbains : éclairage au gaz, réseau d’eau potable, élargissement du quai et des rues, tramway. Selon Joseph Nehama, « tout ce qui se fait d’utile, sous le nom des Turcs, est dû aux sabbatéens. »

Repères historiques
« 315 av. notre ère Fondation de Thessalonique par Cassandre, roi de Macédoine.
148 av. notre ère Conquête de la Macédoine par les Romains.
50 L’apôtre Paul vient prêcher le christianisme.
303 Construction de l’arc de Galère, qui célèbre la victoire romaine sur les Perses.
Vers 1169 Visitant la cité, le voyageur juif navarrais Benjamin de Tudèle mentionne cinq cents familles gréco-juives, ainsi que de petites communautés de Juifs originaires de Serbie et d’Italie. Elles exercent les métiers de tisserands, d’apprêteurs, de repasseurs, de fabricants de voiles, de tapis et de manteaux, principaux articles d’exportation.
1430 Conquête de la ville par les Ottomans sous le règne du sultan Murad II. Elle prend le nom de Selânik, ou Salonique.
1492 À la suite de l’expulsion des juifs d’Espagne, les premiers réfugiés viennent s’installer dans la ville ; à la fin du XVe siècle, ils sont près de 20 000.
1512 Création de la première imprimerie juive.
1520 Fondation du Talmud Torah.
1655 Sabbetaï Tsevi prêche à Salonique. Considéré comme un messie par de nombreux juifs, sa conversion forcée à l’Islam, en 1666, est à l’origine de la communauté des sabbatéens ou dönme (« renégat » en turc).
1668 Le célèbre voyageur ottoman Evliya Çelebi mentionne 56 mahalle juifs (« quartiers », en réalité quelques rues regroupées autour de lieux de culte), soit plus que les musulmans qui en détiennent 48 et les chrétiens.
1807 Inauguration de l’hôpital Hirsch. Jacob Meir est nommé grand-rabbin (Haham Bashi). Le tramway est électrifié.
1836 Instauration d’un grand rabbin (Hakham Bachi).
1856 Rescrit impérial (Hatt-i Humayun) déclarant tous les citoyens de l’Empire égaux, sans distinction d’ordre religieux, ethnique ou linguistique. Pour les non-musulmans, la liberté de culte est garantie, ainsi que la libre jouissance de leur immunité traditionnelle, en matière d’organisation interne de leur communauté.
1857 Fondation d’une première minoterie à vapeur par la société Darblay jeune, Allatini et Cie.
1864 Publication de la première revue juive, El Lunar, par le rabbin Judah Nehama.
1873 Ouverture de la première école de l’Alliance israélite universelle, dont le président est le médecin, homme d’affaires et philanthrope Moïse Allatini.
1874 Premier numéro du journal judéo-espagnol La Epoca, dirigé par Bezalel Saadi Halévy, qui paraîtra durant 36 ans.
1877-1878 Guerre russo-turque, qui se conclut par une défaite ottomane et des pertes territoriales dans les Balkans.
1880 Mise en service de la filature Torres et Misrahi.

1883 Ouverture de la briqueterie Allatini.

1890 Grand incendie.
1895 Parution du Journal de Salonique qui sera publié jusque fin 1911, sous la direction de Samuel Saadi Lévy, dit Sam Lévy.
1898 Construction de la synagogue Beth Saul dans le quartier des Campagnes.
1902 Inauguration de la nouvelle mosquée (Yeni Camii) des sabbatéens dans le quartier des Campagnes.
1903 Attentats anarchistes des guèmidji (« bateliers »), avec la destruction de la Banque ottomane, du club allemand et de l’hôtel Colombo, afin d’attirer l’attention des Occidentaux sur la répression ottomane en Macédoine et en Thrace.
1908 Salonique, berceau de la « Révolution » jeune-turque : manifestations, scènes de liesse et de fraternisation inédites. Abdülhamid II, autocrate et dernier grand sultan calife, est contraint de rétablir la Constitution qu’il avait abolie en 1878. L’avocat juif séfarade Emmanuel Carasso, grand-maître de la loge maçonnique Macedonia Rissorta (« La Macédoine ressuscitée »), est élu député de Salonique.
1909 Après une tentative de contre-révolution monarchiste, le sultan Abdülhamid II est déposé, exilé à Salonique et emprisonné dans la villa Allatini. Son frère Mehmed V Reşad lui succède. Abraham Benaroya fonde la Fédération socialiste ouvrière.
1910 Eli Modiano, ancien élève de l’École centrale de Paris et concessionnaire des bétons armés de la maison parisienne « Bureau Technique Hennebique », est chargé de la construction du bâtiment des douanes.
1912 La première guerre balkanique oppose la Serbie, la Bulgarie et la Grèce à l’Empire ottoman. Hasan Tahsin Pacha, commandant en chef de la 8e armée ottomane, signe le protocole de reddition de Salonique aux Grecs. Le 10 novembre, les troupes grecques entrent dans la ville, puis les bulgares le 11 novembre. Durant la semaine qui suit, la communauté juive connaît des exactions sans précédent : plus de 50 viols, environ 400 boutiques et 300 habitations vandalisées, des hommes battus en pleine rue dont deux tués par balle.
1913 Le roi Georges Ier de Grèce est assassiné près de la Tour blanche par l’anarchiste Aléxandros Schinás. La seconde guerre balkanique redessine les frontières des belligérants. Le traité de Bucarest ratifie le rattachement de Salonique et d’une partie de la Macédoine à la Grèce.
1915 Débarquement des troupes de l’Entente, françaises, anglaises et italiennes en particulier, sous le commandement du général Sarrail, qui partent se battre sur le front de l’Est.
1916 Établissement du gouvernement provisoire de défense nationale d’Elefthérios Vénizélos, partisan de l’entrée en guerre de la Grèce aux côtés de l’Entente.
1917 Un grand incendie ravage un tiers de la ville, et particulièrement les quartiers juifs. 50 000 Juifs perdent leur logement. 70 000 personnes se retrouvent sans-abri, soit, selon la presse salonicienne, 71 % de juifs, 15 % de musulmans et 14 % de Grecs.
1918 Ernest Hébrard est chargé d’établir les plans de reconstruction des quartiers détruits par l’incendie.
1923 Le traité de Lausanne instruit l’échange de populations entre la Grèce et la Turquie. La ville fait face à l’arrivée massive de réfugiés grecs originaires d’Asie mineure et au départ forcé des musulmans, les sabbatéens compris.
1931 Incendie criminel du camp Campbell, où vivent plus de deux cents familles sinistrées de l’incendie de 1917. Saccage et profanation de tombes.

1937 Confrontée aux pressions exercées par les autorités municipales, la communauté juive accepte de céder une parcelle de son cimetière pour l’agrandissement de l’université Aristote.

9 avril 1941 Début de l’occupation allemande.
1942 Le 11 juillet, près de 9 000 juifs âgés de 18 à 45 ans sont sommés de se réunir place de la Liberté et sont soumis durant des heures à des exercices physiques humiliants, sous un soleil de plomb. Il s’agit de recenser le nombre d’hommes à envoyer aux travaux forcés.
À partir du 6 décembre, la nécropole juive, d’une superficie d’environ 35 hectares, est entièrement détruite.
15 mars – 10 août 1943 Déportation des Juifs de Salonique : près de 96 % d’entre eux sont déportés et assassinés. Les spoliations par l’occupant allemand et ses collaborateurs grecs s’accompagnent d’une volonté d’effacer les traces des juifs dans la ville : plusieurs quartiers sont rasés. Les autorités municipales remplacent les toponymes : le quartier Baron Hirsch, les rues Allatini, Saul Modiano, Saadi Halévi, Carasso prennent des noms grecs. »
Anastasio Karababas, Sur les traces des juifs de Grèce. Préface par Serge Klarsfeld. VA Editions, 2023. 17 x 25. 1 cahier couleur. 338 pages. ISBN-13 ‏ : ‎ 978-2360932634. 28 euros.
Salonique juive et ottomane. Les mémoires de Sa’adi Besalel Halevi. Lior éditions, 2024. Texte : Sa’adi Besalel A-Levi. Présenté et préfacé par Aron Rodrigue et Sarah Abrevaya Stein. Traduit du judéo-espagnol par Marie-Christine Bornes-Varol. Traduction de l’anglais : Loïc Marcou. 15x21cm. 592 pages. 25 €. ISBN : 978-2-490344-11-6
Catherine Pinguet, « Salonique, 1870-1920 ». Préface de Paul Salmona. CNRS Éditions, 2023. 280 pages. 45 €. EAN : 9782271143129 
Annette Becker et Katerina Králová (textes)Martin Barzilai (photographies, texte), Cimetière fantôme. Thessalonique. Créaphis éditions, 2023. 208 pages. 22,5 x 16,5 cm. ISBN : 978-2-35428-203-5. 28 €

Du 19 septembre 2023 au 21 avril 2024 

Hôtel de Saint-Aignan
71, rue du Temple 75003 Paris
01 53 01 86 65
Mardi, jeudi, vendredi : 11h-18h Mercredi : 11h-21h Samedi et dimanche : 10h-19h
Visuels :
Affiche
Ali Eniss, Débarcadère face à la place de l’Olympe, mahJ
Ali Eniss
Débarcadère face à la place de l’Olympe
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
Splendide instantané du quotidien des Saloniciens : femmes juives en costume traditionnel et d’autres vêtues à l’européenne, hommes coiffés de fez, de chapeaux ou de turbans, marchands ambulants, devant les bateaux de la société Hamidiye partant à destination du parc Bechtchinar, de la Tour blanche et du quartier des Campagnes.
« A Monsieur et Madame J.E. Blunt, souvenir affectueux de leurs amis de Salonique, 1872-1899 »
mahJ
Album composé de 17 épreuves albuminées montées sur planche par le studio Gamliel, offert par des amis saloniciens à John Elijah Blunt, consul britannique, et sa femme, en 1899, lors de leur départ.
En troisième page, est reproduite une caricature inédite par un dessinateur non identifié, condamnant le colonel Henry (« traître » et faussaire), le commandant Esterhazy (au pied de la statue) et l’état-major français.
C’est à partir de l’affaire Dreyfus, qui a fait grand bruit à Salonique, que les juifs connaissent les premières attaques de chrétiens, les Grecs en tête. Les invectives ont pour toile de fond une rivalité économique croissante et des divergences politiques, les juifs souhaitant que leur ville reste ottomane.
Ali Eniss
Pêcheurs et dockers saloniciens
Tirage moderne d’après un négatif celluloïd
mahJ
Contrairement aux autres communautés juives des grands ports du Levant, celle de Salonique compte des pêcheurs, comme en témoignent des chansons populaires en judéoespagnol, dont la célèbre Serena (« Sirène ») : « Dans la mer il y a une tour / Dans la tour il y a une fenêtre / C’est là qu’est posée une colombe / Qui appelle les marins… »
Les pêcheurs se divisaient en deux groupes, regroupés en corporations : les Moros, qui pêchaient au large et restaient en mer une semaine, y compris le samedi, et les Gripari qui pêchaient en eaux peu profondes.
Ali Eniss
Autoportrait dans un studio
Vers 1900
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
Ali Eniss, drogman (interprète) au consulat d’Allemagne, a photographié Salonique durant les douze premières années du XXe siècle, avant de gagner Istanbul peu après la conquête de la capitale macédonienne par les Grecs.
À Istanbul, la famille Eniss habite dans le centre européen, à Şişli, un quartier cossu et le plus moderne d’Istanbul où se sont installés de nombreux Selânikli (« Saloniciens », surnom donné par les Turcs aux sabbatéens). À sa mort, le 18 avril 1948, un article publié dans La Revue kémaliste indique que la passion de ce « grand photographe turc » remontait à 1900 quand, après avoir visité l’Exposition universelle de Paris, Ali Enis Oza (son nom en Turquie) avait fait escale à Vienne où un professionnel l’avait initié aux différentes techniques photographiques.
Quatre décennies après sa mort, son atelier et ses plaques de verre ont été découvertes lors d’un chantier dans les décombres de son ancien immeuble. Des chiffonniers avisés s’en sont emparés et les ont revendues à des antiquaires.
Ses photographies, inédites et plutôt bien conservées, offrent une vision extrêmement vivante de la ville.
Paul Zepdji
Portefaix (Hammals) juifs
Épreuve albuminée
mahJ
Les portefaix juifs détiennent à Salonique un quasi-monopole. Regroupés en corporations, ils se partagent des secteurs selon leur spécialité : los hamales de la kioshe (« portefaix du coin ») pour le transport du charbon ; los ratones (« les souris »), près de la synagogue Italie (dont « souris » est le surnom), transportent des équipements lourds ; los hamales del commerco (« du marché ») et de la Station (« de la gare ») sont débardeurs et dockers, etc.
Une caisse du photographe, avec ses initiales « P.Z. », fait office d’accessoire
Ali Eniss
Arc de triomphe du Cercle des Intimes lors du premier anniversaire de la révolution jeune-turque
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
Juillet 1909
mahJ
D’abord proche des idéaux jeunes-turcs, le Cercle des Intimes fut créé en 1908, d’abord proche des idéaux jeunes-turcs, avec pour principal objectif l’amélioration des conditions de vie des Juifs (corporations professionnelles, artisans et ouvriers qualifiés) et leur insertion dans la société ottomane
Ali Eniss
Les quais de la gare de Salonique
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
La gare jouxtait le faubourg Hirsch, un quartier juif ainsi dénommé en raison de l’importante contribution du baron Maurice de Hirsch, construit pour reloger les sinistrés de l’incendie de 1890. Ce quartier a également accueilli des réfugiés russes, puis, en 1903 et en 1905, des Juifs de Kichinev (actuelle Chisinau, en Moldavie) et d’Odessa fuyant eux aussi les pogroms. Des Saloniciens nommaient ces Ashkénazes los Yiddishim (ceux qui parlent yiddish), Lehlis (Polonais), ou Mashemahas (de l’hébreu ma shemeha ? « Quel est ton nom ? »), question qui leur était prêtée sitôt leur arrivée, sobriquet ensuite appliqué aux prostituées et aux proxénètes du quartier du Vardar.
Leurs synagogues pouvaient avoir droit à des surnoms aussi péjoratifs que los chicharones (fauteurs de trouble) ou los lokos (les fous).
De cette gare partira à destination d’Auschwitz-Birkenau, le 15 mars 1943, le premier convoi de Juifs de la ville.
Paul Zepdji
Juive salonicienne
Épreuve albuminée
mahJ
Cette image a largement été reproduite sous forme de carte postale. Comme nombre de photographes à l’époque, Paul Zedpji prend ses modèles devant un paysage peint que l’on retrouve d’une image à l’autre. Plus qu’un portrait, la jeune femme photographiée est l’illustration d’un « type » avec son costume traditionnel.
Paul Zepdji
Juifs saloniciens
Épreuve albuminée
mahJ
Comme cette épreuve albuminée a été reproduite sous forme de carte postale, il pourrait s’agir de musiciens et de chanteurs sollicités lors de circoncisions et de mariages. Ils portent l’entari, caftan rayé, sur lequel est porté une forme particulière de binis, vêtement de dessus avec des manches assez étroites et une doublure de fourrure. À noter que ces hommes, le plus jeune, imberbe, excepté, posent chapelet à la main.
Ali Eniss
Enfants en promenade le long des murailles
Tirage moderne d’après un négatif celluloïd
mahJ
Ils sont coiffés d’un fez, portent un uniforme, un costume ou le caftan.
Un des rares clichés très spontané d’Ali Eniss réalisé dans la haute ville.
Paul Zepdji
Les frères sabbatéens Mustafa et Osman Fazıl
Fin XIXe siècle
Épreuve albuminée sur carton
mahJ
Ce portrait non daté porte une légende manuscrite au verso.
Mustafa Fazıl, avocat, a été l’un des fondateurs de l’école Terakki (« Progrès »), qui a ouvert ses portes en 1877 (quatre ans après l’ouverture de la première école de l’Alliance israélite universelle).
Dans le domaine de l’éducation, les sabbatéens font figure de pionniers : Mustafa Kemal a d’ailleurs été scolarisé dans l’un de leurs établissements, celui de Şemsi Efendi.
Ali Eniss
La Nouvelle Mosquée
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
Ali Eniss a consacré une série de photographies à la construction, puis à l’inauguration de la nouvelle mosquée (Yeni Camii) des sabbatéens* et il est probable qu’il ait appartenu à cette communauté.
Cette mosquée, la dernière à avoir été construite à Salonique et la seule érigée à l’extérieur des murailles de la ville, se situe dans le quartier résidentiel des Campagnes.
Sa construction a été confiée à l’architecte italien Vitaliano Poselli (1838–1918). Elle représente l’apogée de l’éclectisme architectural salonicien : proche de mosquées ottomanes de l’époque, l’édifice mêle des éléments empruntés à la Renaissance et au baroque, aux arts décoratifs du début du siècle et au style ornemental mauresque. Les petites tours sont munies d’horloges.
Ali Eniss
La brasserie Olympos
Vers 1905
Tirage moderne d’après un négatif sur verre
mahJ
La distillerie fondée en 1883 par Carlo Allatini, et gérée onze ans plus tard par la famille, est transformée en brasserie par Fernandez et Misrahi, qui lui donnent le nom d’Olympos. C’est l’un des plus grands complexes industriels de la Méditerranée orientale qui, en 1912, se modernisera et emploiera 200 ouvriers.
Anonyme
Le cimetière juif
Autochrome
mahJ
Derrière la nécropole juive, un cimetière chrétien, avec une chapelle coiffée de deux clochetons, et un cimetière musulman. Sur les hauteurs, l’hôpital municipal.
Les citations proviennent du dossier de presse.

En la segona entrega de la sèrie ‘El que no hem menjat – Un rèquiem pop per la cuina catalana’, Miquel Bonet us explica que la salsa de romesco és la sang de la nació catalana.

Escrit per Miquel Bonet

Amb una mica de sort, ja haureu passat pel tràngol anual de la calçotada. En aquest punt de prolegomen cal establir amb contundència que més d’una calçotada per temporada és una violació flagrant del bon gust, un vici social i un excés injustificable, fins i tot a la regió on aquesta celebració gastrofolclòrica és pròpiament pròpia, ço és el nord del Camp de Tarragona i pocs quilòmetres més enllà. Amb un dia a l’any de fer el mec, escoltar i proferir tòpics nacionalcunyadistes, emmascarar-se els dits i autoinflingir-se una indigestió gratuïta ja n’hi ha prou per complir el ritual de la catalanor. Tranquils, ja heu fet el fet. No insistiu. Rebutgeu més invitacions amb un no, gràcies, que el consentiment és bàsic en una societat sana.

També cal dir que el procés d’apropiació cultural s’ha tancat. És ja prou absurd voler circumscriure la tradició als seus límits històrics quan s’ha estès com una taca d’oli per tot Catalunya i inclús zones rebels del País Valencià; o fins i tot a Madrid on, com sap tothom, s’hi fa la millor calçotada. El preu que hem pagat per aquest èxit és la tristíssima folklorització: quan les festes populars s’allunyen dels seus orígens geogràfics i esdevenen mainstream, inevitablement se simplifiquen i banalitzen, perdent components de puresa i genuïnitat. Avui, es pot fer una calçotada en un reducte bàrbar de la Garrotxa i serà més o menys igual que una que es faci al Baix Ebre o al nucli irradiador de Valls. Però no passa res, perquè els calçots, que no deixen de ser putes cebes escalivades (o ceballots, o faves en versions més sofisticades i perdudes de la festa) no són, ni de bon tros el més important de la calçotada. Tampoc ho és la botifarrada posterior ni el costum bizarre d’acabar-ho tot plegat inflant-se el ventre de taronges. El que és rellevant és la seva part líquida, que la fa dúctil, adaptable i exportable. El que n’ha fet un esdeveniment multitudinari i encara no del tot engolit per la subnormalitat i el capitalisme. El que compta és la salsa.

La salsa és el romesco —de fet, una manifestació del romesco de les moltes formes que pren, com el diable—, que és la sang de la nació catalana.

La salsa és el romesco —de fet, una manifestació del romesco de les moltes formes que pren, com el diable—, que és la sang de la nació catalana. I la seva libació anual un acte de penediment dels nostres pecats com a poble i un desgreuge amb el que hem fet amb el nostre Sud. Hola, sóc Miquel Bonet i us he vingut a parlar de la humitat. Això és El Que No Hem Menjat i sóc aquí per separar el gra de la palla, els llots de les aigües, la Catalunya Vella de la Nova, la substància de la forma. La part teòrica és senzilla i la tindrem aviat enllestida. Els catalans ètnics som gent molt bàsica. És un idea que serà recurrent en aquesta sèrie: som una mena de gots romanitzats —ço és bestiotes vikingues nou-riques— que venim del bosc i les muntanyes, on estàvem arrecerats després d’un seguit de males decisions. Teníem —i tenim— recursos naturals limitats i terres de cultiu i pasturatge escadusseres. Un dia, bruts com guilles i assalvatjats com senglars, vam començar a tirar avall i a matar moros. Vam aprendre a navegar i vam veure món. Vam connectar amb les tradicions de pobles que havien habitat el mateix territori conquerit, com ara els ibers, els grecs i els romans. Però no ens vam barrejar amb ningú, específicament ni amb jueus ni amb musulmans. De fet, als moros els vam escombrar, com demostra el fet que a la Catalunya Nova en podem trobar milers de rastres en la toponímia però cap en els llinatges autòctons. És a dir, que els vam pelar tots. I els que no vam poder pelar els vam posar en guetos i els vam expulsar uns anys més tard, perquè els catalans som gent horrible i sanguinària. Avui dia també, encara que haguem desenvolupat una art sibil·lina i subtil per dissimular-ho. D’aquest viatge, d’aquesta davallada als inferns, en va sorgir una cuina pròpia.

Però avancem uns segles fins a una altra data cabdal de la Història del país. Era a finals del mil·lenni passat, jo feia de cuiner i un dia se’m va presentar a dinar, de manera inesperada, un equip de rugbi italià. Estaven famolencs i tenia poc gènere. Se’m va acudir bullir espaguetis a l’engròs —tres quilos de Barilla del número 5, quan encara no era una marca homòfoba— però patia perquè, donats el volum de producció, la pressa i l’origen dels clients, la pasta quedés al punt grenyal i no amb la consistència desfeta que agrada aquí. No se’m van queixar d’això sinó de la quantitat de salsa. Era una amatriciana que ja tenia feta, amb cansalada nacional perquè el guanciale encara no ens havia arribat, però perquè n’hi hagués per tothom als primers plats que sortien de la cuina la vaig estirar massa. La van trobar excel·lent, però ho volien amb més sugo. No n’hi havia més, de puto sugo. Desesperat, vaig haver d’engiponar-me una alternativa per oferir: vaig agafar el pot del romesco freshly home made, li vaig tirar un raig d’aigua per obtenir la fluència desitjada i vam començar a servir espaguetis amb romesco a italians. S’ho van fotre, naturalment, perquè s’haurien fotut qualsevol cosa. Un dels integrants de l’equip, el torracollons curiós habitual, a l’anar-se’n em va venir a trobar. Primer em va explicar que l’important d’un plat de pasta no és la pasta sinó la salsa, i que de salsa no n’hi ha mai prou. Encabat em va dir que no havia tastat mai aquella cosa taronjosa, avinagrada i amb gust d’avellanes, però que n’hi donés la recepta.

Quina anècdota més bona. Des d’aquell dia que entenc el romesco d’una altra manera, com una substància que es contrau i s’expandeix segons la necessitat. Que neix concentrat i sec des de la tècnica de la picada i creix i es multiplica amb l’aportació líquida. De fet, el romesco és un pesto. O un curri, per dir-ho apel·lant a la merda de cultura gastronòmica exògena que ha suplantat des de la barcelonitat tòxica la tradició culinària pròpia. Això ho explica molt bé Maria Nicolau a Cuina o Barbàrie, quan diu que «el romesco és la gran ferida oberta de la cuina catalana». Incomprès, maltractat, malmenjat i subestimat, és el suc del Sud que no només sustenta qualsevol aliment sòlid —vegetal, farinaci o proteic— sinó que lubrifica la relació traumàtica que es va originar en la colonització bestial i inconclusa dels territoris de la Catalunya Nova. Jo hi afegeixo que és la sang de la pàtria, i no és una imatge poètica: totes les dones tarragonines menstruen romesco, com sap tothom versat en ginecologia diatòpica. I ja ha sortit Tarragona. Haureu sentit que l’origen del romesco, així com la seva composició, són coses confuses, amb moltes paternitats i maternitats, i conflictes de genitura i propietat perpetus. Tot collonades.

El que és clar és que el Nord encara està en procés de comprensió de l’arquitectura complexa del romesco, com ho demostra que Josep Pla no va entendre res.

El romesco té un origen concret, que és el port de la ciutat de Tarragona, i es va expandir a la seva àrea d’influència històrica: la línia de costa que comprèn des del port de Cambrils fins al Penedès Marítim, per mar, i l’interior del Camp de Tarragona, tirant cap dins. En tota aquesta regió s’hi desenvolupen, com aparicions marianes, manifestacions locals del romesco, que per moltes variants que presentin SÓN EL MATEIX, putos sectaris de campanar. Ara he recordat que, fa poc, quan Los Angeles Clippers va fitxar l’extraordinari basquetbolista James Harden amb la temporada començada, els periodistes el van increpar i van dubtar que es pogués integrar al seu nou equip. Harden es va picar i va respondre: «Jo penso el joc i sóc un creador a la pista. Necessito algú que confiï en mi, que cregui en mi, que entengui que no sóc un jugador de sistemes. Jo sóc el sistema». Uau, quin tio. Doncs bé, el romesco és com la barba de Harden. És l’entramat tofut i sistemàtic on reposa una manera de cuinar. I està tan ben teixit que suporta qualsevol variació de situació, d’ingredients i aplicacions, sigui un plat o una salsa, sense que l’essència se’n ressenti.

Ja us he dit que és una cosa genuïnament tarragonina, però és vital no fer mai cas dels teòrics locals, perquè cap tarragoní té prou perspectiva per parlar de Tarragona i s’acaben indefectiblement mirant el melic. I això que hi ha hagut grans proselitistes i descriptors del romesco a la ciutat, com els tres Antonis —Gelabert, Alasà i Adserà, morts— i David Solé, entre els vius. Tots ells donen preeminència al guisat mariner conegut com a Romesco o Romesquet, com a origen i pedra angular, tal com s’ha cuinat sempre al Serrallo i mana la tradició, però bandegen la desconstrucció sistèmica i regional que proposo. No passa res, tots tenim raó. El que és clar és que el Nord encara està en procés de comprensió de l’arquitectura complexa del romesco, com ho demostra que Josep Pla no va entendre res, com també assenyala Nicolau. Per a l’empordanès, el romesco és una variant del sofregit del seu país de dalt, però «més complicat». Cony de dropo. És a dir, que des de la perplexitat, ho aborda des del Yin de la cuina catalana —el sofregit—  i no des del Yang que és la picada. Recordeu: univers en contracció vs. univers en expansió.

Però que Pla no capís el concepte no vol dir que no n’intuís la fonamentalitat. En un article a Destino de 1951 ens explica com Antoni Alasà el va convidar a conèixer el romesco i la institució del Mestre Romescaire, que naixia llavors com un primer intent de donar al SISTEMA la importància que es mereix. Gairebé un segle després, no ens n’hem acabat de sortir. Tot i això, el text de Pla és fundacional. Hi deixa anar una primera bomba sobre les cuines turístiques per excel·lència de l’època: «Ni Itàlia ni França tenen en realitat cuines nacionals, perquè ambdues són variadíssimes i d’una matisació extremada». D’Espanya no pot dir el mateix perquè escrivia en una dictadura feixista, però és evident el que en pensava. La pregunta que ens hauríem de fer amb honestedat és si Catalunya —el Principat— té una cuina nacional o en són dues de confederades i la resposta la trobaríem en aquesta ‘ferida oberta’ que us estic mirant d’explicar. En tot cas, la conclusió de Pla és una taula de la llei: «El que és veritablement autòcton, únic i prístinament tarragoní és el romesco. Tarragona està en aquest punt al capdavant de la cuina catalana».

Si heu arribat fins aquí potser voldreu saber com es fa un romesco, i si heu estat atents a la lliçó d’avui potser haureu entès que això és el menys important. Tanmateix, pels retardadets de la classe, farem una concessió pedagògica. Hi ha tres fases consecutives: la sòlida, la líquida i el tall. El romesco té un ingredient bàsic que és el pebrot de romesco. És tan obvi que el mateix nom ho indica. Una nyora no és un pebrot de romesco, esclar. Al pebrot s’hi han d’afegir alls. El consens regional sistèmic indica la proporció d’una cabeça d’alls escalivada per un gra d’all cru. Però aquest últim es pot ometre sense remordiments per refinar el resultat final. Després hi intervenen els fruits secs: un grapat d’avellanes i ametlles torrades (hi ha gent que us dirà que avellanes mai o que ametlles mai, però ni puto cas). I encabat ja entrem en l’opcionalitat: el tomacó escalivat, el pa fregit o el julivert entren i surten de l’equació segons convingui a l’elaboració desitjada. Sobre aquesta base sòlida trinxada al morter o al túrmix s’hi apliquen els líquids que la deixaten. Oli —només el d’oliva és halal—, vi ranci quan el romesco ha de generar un guisat i vinagre quan ha de generar una salsa freda. Tot i que això també és facultatiu. L’aigua la farem servir per modular la viscositat, també segons el que se’n vulgui fer.

I ja està. Ui sí, que complicat. Només faltarà afegir-hi el tall. Ho admet absolutament tot. Peix d’escata, peix blau, bacallà, cefalòpodes, marisc —en la versió salsa freda—, conill, porc, menuts, arròs, pastes, patates, fesols i el que convingui. Si m’ho pregunteu a mi, i això és opinió personal i no ciència com fins ara, el romesquet de pop és insuperable. Però sap greu perquè els pops són més intel·ligents que la majoria de catalans i gairebé estan extingits a la nostra costa. Deixem-ho aquí, me’n vaig a plorar llàgrimes amargues i sudistes per Catalunya i la seva cuina impracticada. És en Bonet qui us ho diu.

 

[Font: http://www.nuvol.com]

La de la migración, una de las literaturas latinoamericanas más estimulantes, cuenta cómo el continente se desangra, pero también cómo se reinventa.

Escrito por Federico Guzmán Rubio

De las expediciones romanas a la conquista española y la intervención francesa en México, Latinoamérica contiene en su nombre al menos tres series de viajes y guerras. El viaje y la guerra, la guerra y el viaje: en ese binomio parece cifrarse el origen y el destino del subcontinente. La historia que habita en este topónimo –el más violento de los que quiebran el mundo– alude a viajeros europeos que desembocaron en esta tierra a la que bautizaron como un homenaje a sí mismos. Latinoamérica como una meta inerte, un territorio fijo, una tierra para ser moldeada y cuya forma debe ser conservada. Pero Latinoamérica también se mueve, ya sea como un latido o como un estremecimiento. Tras ser reducida a un punto de llegada y negársele la posibilidad de la partida, Latinoamérica –primero por curiosidad con los Sarmiento y los Prieto, y después por necesidad con medio continente en el camino– empezó a viajar.

Aunque viajar es un verbo reservado para los exploradores de la época de los descubrimientos, para los artistas sublimes y tuberculosos del Grand Tour o para los turistas all inclusive de hoy; los latinoamericanos más bien migran, se refugian, se exilian, son desplazados, persiguen y son perseguidos, huyen. En cada uno de estos verbos –mucho más próximos en la experiencia latinoamericana de lo que el diccionario permitiría suponer– podría rastrearse una tradición literaria construida entre el desarraigo y la nostalgia, la ira y la tristeza, la gratitud y el reproche. Habría, por ejemplo, todo un corpus sobre el exilio, de los golpes y palos con los que fray Servando conoció la topografía de España a las tardes melancólicas y madrileñas de Alfonso Reyes, y de los sudamericanos que se dispersaron por el mundo huyendo de las dictaduras a la diáspora cubana y venezolana que arrastra su Caribe hasta las geografías más insospechadas. Pero si hay una experiencia nómada que define el presente latinoamericano, es sin lugar a dudas la de la migración.

Representar en una obra literaria un fenómeno con tantas aristas resulta imposible y pretender que exista un libro para cada una de las variantes del éxodo latinoamericano sería algo absurdo. Ante la multitud de causas que motivan la migración, a los sociólogos no les queda más que responder que se trata de un fenómeno multifactorial. Encima, cada uno de estos factores se confunde con los otros, pues no hay un migrante que parta por un solo motivo, e incluso si así fuera, cada uno de esos motivos incluye a otros: supuestamente hay quien huye de la pobreza y quien huye de la violencia, pero la violencia no se explica sin la pobreza y la pobreza no es sino la forma más normalizada de la violencia. Por si fuera poco, Latinoamérica es una gran encrucijada de la que parten y se cruzan mil caminos hacia todas partes –incluida hacia sí misma–: el que lleva del Perú a Japón, el de Ecuador a España, el de Venezuela a Colombia, el de Haití a República Dominicana y el del norte, el gran camino del norte que en realidad son innumerables caminos –cada vez más retorcidos y peligrosos– que idealmente desembocan en el raído pero todavía vistoso sueño americano, aunque más frecuentemente lo hagan en el desierto sin salida.

En la época de los datos y las noticias falsas, por fortuna, está la literatura para buscar verdades parciales a través de (re)creaciones ficticias y, con una subjetividad explícita, acercarse a otras vidas, otras realidades, otras historias. No es que la literatura explique el fenómeno de la migración —para eso están las ciencias sociales—, pero sí permite verlo desde otro lugar, más cercano y fragmentado, que elude las esencias y, por ello, a veces las captura. La literatura es una forma de conocimiento que no aspira a serlo. Y también es oportunista: en el cruce de fronteras e identidades que toda migración entraña, en la transformación de formas de ser y de hablar, en el cuestionamiento y la reconfiguración de historias personales y nacionales encuentra un material idóneo para la experimentación lingüística y los personajes complejos, para las tramas contradictorias y las moralejas imposibles, para la fusión de tiempos verbales y la ambigüedad permanente, como sintetizó “El emigrante”, el microcuento de Luis Felipe Lomelí, con sus dos únicas líneas y cuatro palabras:

—¿Olvida usted algo?
—Ojalá.

Porque la historia de cualquier migrante –es decir, la historia de la migración– está construida de ausencias y lejanías perpetuamente pasajeras, de silencios y oscuridades que nunca se dirán ni verán la luz, de orígenes que, aunque recientes, cobrarán inevitablemente la verosimilitud de las leyendas que hablan de tiempos inmemoriales y de lugares míticos. Antes de partir, el destino al que se dirige el migrante tiene un carácter fabuloso que se pierde apenas llega –si lo consigue– y, conforme ese nuevo espacio se vuelve vertiginosa y trágicamente verdadero, el lugar del que partió se va difuminando y pierde realidad hasta adquirir un estatuto legendario. Aunque regrese años o décadas después, ya no encontrará el lugar del que partió y no se reconocerá en el país que alguna vez fue suyo, y por arraigado que se sienta en su nueva patria, en alguna parte de sí mismo se seguirá siendo extranjero. Allá o acá, acá o allá, en mayor o menos medida, desde el momento en que se va, el migrante está condenado a vivir, para siempre, en otra parte.

No es que la literatura explique el fenómeno de la migración —para eso están las ciencias sociales—, pero sí permite verlo desde otro lugar, más cercano y fragmentado, que elude las esencias y, por ello, a veces las captura.

Esto se lee, por ejemplo, en Huaco retrato (2021), de Gabriela Wiener, crónica novelada o novela de no ficción en la que la autora viaja de ida y vuelta de la España donde vive al Perú del que partió solo para corroborar que no pertenece ya a ninguna parte y que ambos países, por familia y amores que tenga en Madrid y Lima, le resultan extraños. Este extrañamiento no afecta nada más a lo geográfico y al presente, sino también al pasado y a lo familiar, como queda claro cuando Wiener empieza a investigar la historia de su célebre antepasado, el arqueólogo y saqueador Charles Wiener, que estuvo a punto de descubrir Machu Picchu y que se convierte en símbolo del racismo y colonialismo europeo. Pero lo único que logra averiguar la escritora con seguridad es que ni siquiera es seguro que el célebre arqueólogo sea realmente su ancestro, por orgullosa que esté su familia de portar un apellido alemán.

El presente familiar, encima, es igualmente conflictivo, pues Wiener cuestiona la solidez de su relación poliamorosa, su obstinación por vivir en un país –España– en que es constantemente discriminada. Entre dos (i)realidades separadas por un océano, el libro se convierte en un salvaje cuestionamiento de la propia vida, pero también en un intento desesperado por crear un relato personal que aporte un mínimo de certezas y en que la autora pueda reconocerse, por doloroso que resulte. “Soy consciente de que intento construir algo con fragmentos robados de una historia incompleta”, afirma Wiener en algún momento, en una sentencia que bien podría aplicarse a la historia que todo migrante se cuenta a sí mismo sobre su propia condición.

El caso de Cristina Rivera Garza no es muy distinto, pues la mexicana también emprende, en Autobiografía del algodón (2021), una pesquisa por su genealogía migrante. Como una leyenda –como siempre sucede en estos casos–, la escritora había escuchado en la mesa familiar que sus ancestros erraron por el norte de México y el sur de Estados Unidos, ganándose y perdiendo la vida, en un tránsito tan caprichoso como el curso del río Bravo, cuyas aguas en buena medida determinaron la historia familiar. Rivera Garza decide emprender un viaje para recorrer esa geografía perdida, pero en los desiertos de Nuevo León, Tamaulipas, Coahuila y San Luis Potosí solo encuentra pueblos fantasmas, en los que ella también adopta ese papel y hace del norte de México el lugar de sus apariciones para reclamar lo que alguna vez fue de los suyos. Porque alguna vez esa región prosperó con el cultivo del algodón, y se fundaron pueblos y se construyeron presas, y donde ahora no hay nada salvo la amenaza del crimen organizado, hace no tantas décadas se organizaron huelgas que atrajeron a un curioso José Revueltas y el mismo Lázaro Cárdenas planificó crear una serie de asentamientos que sirvieran como una barrera a una probable expansión estadounidense.

Pero todas esas historias pertenecen a un pasado olvidado; de esa vida nómada de los ancestros de la escritora no queda nada, como no queda nada de los cultivos de algodón, cuyos ciclos, plagas y precios obligaban a los campesinos a migrar, huyendo de la pobreza y con la esperanza de encontrar, en un territorio cada vez más lejano, ahora sí, la posibilidad de prosperar. Pero si la tierra, la especulación y la historia se encargaron de desvanecer los cultivos y los pueblos que vivían de ellos, fueron los propios ancestros de la escritora los que no se preocuparon por guardar ningún testimonio de su nomadismo o, más aún, de eliminar cualquier huella que pudiera seguirse para seguir el rastro hasta hallar algo parecido a un origen. Después de todo, la misma Rivera Garza escribe que “Migrar también es borrar. Y ser borrado” y, al migrar ella también a Houston, como algunos de sus antepasados, se tiene que contentar con la historia de que fue uno de sus parientes quien plantó los árboles de una de las principales avenidas del centro de Houston, quizá con el consuelo de que ellos sí pueden echar raíces en el lugar que celebran con su sombra.

Allá o acá, acá o allá, en mayor o menos medida, desde el momento en que se va, el migrante está condenado a vivir, para siempre, en otra parte.

Ambos libros, Huaco retrato y Autobiografía del algodón, aparte de la construcción de un relato resultante de múltiples migraciones en las que se cruzan toda clase de anhelos y violencias, tienen en común una asombrosa naturalidad para vincular, entre desplazamiento y desplazamiento, acontecimientos históricos, vivencias personales, reflexiones intelectuales, reivindicaciones políticas y lecturas de toda clase. Para Wiener y Rivera Garza, todo está conectado. Hay una audacia estimulante al lograr que un arqueólogo farsante, el poliamor, el arte inca y los relatos decimonónicos de viajes en el caso de Wiener, y el cultivo del algodón, José Revueltas, un puñado de pueblos fantasma del desierto y la infancia en el de Rivera Garza digan tanto sobre nuestro presente. En lo que la mayoría de las literaturas contemporáneas del yo fracasan, ellas triunfan: en hablar del mundo cuando hablan de sí mismas, y viceversa.

Abandonando la primera persona, son legión las novelas que tratan el tema de la migración en todas sus variantes, desde la motivada masivamente por los conflictos armados, como La multitud errante (2001), de Laura Restrepo, centrada en los desplazados por la violencia política colombiana, hasta las que exploran sus raíces y consecuencias sociológicas, como Al otro lado (2008), del tijuanense Heriberto Yépez. Este último aspecto resulta especialmente tentador para la novela, pues la amalgama cultural que involucra toda migración encuentra su forma literaria ideal en un género que hizo de la polifonía de voces y la incorporación de toda clase de discursos su seña de identidad. Una muestra de ellos es Seúl, São Paulo (2019), de Gabriel Mamani Magne, novela boliviana a pesar de su deliberadamente engañoso título que narra las dinámicas migratorias de dos primos entre San Pablo y La Paz a ritmo de K-pop, en la que las identidades son vistas como un lastre o una fortaleza, por ejemplo, cuando un personaje define a otro como “Ni boliviano ni brasileño. Vos, Taycito, eres igual que nosotros: aymara”.

Quien mejor oído tuvo para escuchar la música polifónica de la migración fue el mexicano Yuri Herrera, cuya obra se distingue por construir una lengua única, construida lo mismo por arcaísmos que por neologismos y toda clase de dialectos que giran en torno de un concepto tan difuso como el español mexicano. Su proyecto literario –uno de los más coherentes de la actualidad gracias a su armónico caos de influencias– parecía concebido para narrar la frontera de México con Estados Unidos, donde las vallas de acero nada pueden hacer para detener el surgimiento de nuevas culturas, levantadas sobre los esplendores y las ruinas de las anteriores.

En Señales que precederán al fin del mundo (2010), Herrera narra, en el tono ancestral y profético de la leyenda, el periplo de Makina al país del otro lado del río, en busca de su hermano desaparecido. La nouvelle elude el registro realista al convertir cualquier referente reconocible en metáfora de sí mismo, como el español y el inglés, convertidos aquí en “la lengua latina” y “la lengua gabacha”. De esta forma, el mundo que tiene la frontera en su centro se narra con reconocimiento y extrañeza, como cuando se describe a los migrantes, haciendo énfasis –no podía ser de otra manera en el caso de Herrera– en su lengua:

Son paisanos y son gabachos y cada cosa con una intensidad rabiosa; con un fervor contenido pueden ser los ciudadanos más mansos y al tiempo los más quejumbrosos aunque a baja voz. Tienen gestos y gustos que revelan una memoria antiquísima y asombros de gente nueva. Y de repente hablan. Hablan una lengua intermedia con la que Makina simpatiza de inmediato porque es como ella: maleable, deleble, permeable, un gozne ente dos semejantes distantes y luego entre otros dos, y luego entre otros dos, nunca exactamente los mismos, un algo que sirve para poner en relación.

Señales que precederán al fin del mundo se preocupa por estar a la altura del laboratorio lingüístico que es la frontera, y lo consigue, no mediante la imposible imitación de un idioma que elude con sagacidad la prisión del tratado de dialectología, sino con la recreación de una lengua imaginada: uno desearía, al acabar el breve libro, que en alguna parte se hablara como en la prosa de Yuri Herrera, pero ese país solo existe, por fortuna y por desgracia, en su literatura.

De una u otra forma –pues es rara la ocasión en que esta no tenga nada que ver con la migración–, todas las obras mencionadas hasta ahora tocan el tema de la violencia en alguna de sus manifestaciones, pero se centran más bien en reflexionar sobre el experimento cultural que todo nomadismo constituye y cuyo resultado –a saber si fallido o exitoso– es una humanidad siempre cambiante. No obstante, cuando de lo que se habla es de México como territorio de paso por las caravanas migrantes de Centroamérica, se vuelve imposible encontrar cualquier morona de optimismo. De los infiernos que existen en el mundo, el que atraviesan los migrantes a lo largo de México es de los más crueles y meticulosos. Muchas novelas, como El cielo árido (2012) y La fila india (2013), de los mexicanos Emiliano Monge y Antonio Ortuño, dan cuenta de este horror. También es el caso de El verbo J, de la salvadoreña Claudia Hernández, en donde a la violencia política, delincuencial y migratoria se suma la sexual, pues el protagonista migra para huir de la homofobia solo para descubrir, tristemente, que esta no conoce fronteras y cada vez se ejerce con mayor brutalidad.

La literatura de la migración es la de lo que se deja atrás, la del rompecabezas confeccionado no por piezas sino por encrucijadas, la que no cuenta nada al regresar porque ella no vuelve, la que no puede descubrir un mundo nuevo porque está ocupada, creándolo.

Fue la crónica, sin embargo, quien mejor supo reflejar esta oscuridad, a grado tal que la lectura de Los migrantes que no importan (2010)del también salvadoreño Óscar Martínez, se vuelve casi insoportable por su recuento de la violencia feroz que se ejerce contra los migrantes centroamericanos de forma incluso planificada, pues los infiernos, cuando son tan perfectos, de espontáneos no tienen nada. Durante un año, Martínez atravesó México para conocer de primera mano a lo que se enfrentan los migrantes centroamericanos: durmió en los albergues donde ellos duermen, se trepó al tren que lo mismo los transporta que los mutila; atravesó desiertos y selvas donde manda el crimen organizado y cruzó el río que separa el próspero norte del sur asesino. El objetivo explícito de este periplo es dialogar con los migrantes durante la más difícil de sus travesías, ya que solo hablando con un compañero de viaje es como se sienten en confianza de contar su historia, que casi siempre explica el motivo de una huida –de la pobreza, de la violencia, de los desastres naturales– más que el de una búsqueda.

Según Ricardo Piglia, no hay viaje sin narración e, incluso, el motivo del viaje es el deseo de narrar. Piglia piensa sobre todo en el viajero que cuenta al regreso lo que descubrió, la tierra desconocida que él miró por vez primera. De cierta forma, también inspirada en un viaje, la literatura de la migración es el exacto opuesto: es la literatura de lo que se deja atrás, la del rompecabezas confeccionado no por piezas sino por encrucijadas, la que no cuenta nada al regresar porque ella no vuelve, la que no puede descubrir un mundo nuevo porque está ocupada, creándolo. Pero Piglia agrega que hay otro modo de narrar elemental, el de la investigación, que construye un relato a partir de indicios desperdigados. La literatura de la migración, entonces, sería la fusión de las dos formas más básicas de narrar, dado que se dedica a investigar un viaje en perpetua marcha, un viaje que no culmina.

Hay pocas literaturas más radicales y contradictorias que la de la migración, no solo por su fusión formal, sino porque transita de los horrores más salvajes a las mezclas culturales más sugerentes. Leerla, por ello, es leer una de las literaturas latinoamericanas más estimulantes, porque la literatura de la migración cuenta cómo el continente se desangra, pero también cómo se reinventa. ~

 

[Fuente: http://www.letraslibres.com]

Gaiteiros, non desfile en Madrid hai uns días polo San Patricio.

Escrito por BIEITO ROMERO

Creo que non é difícil intuír dende esta columna que teño certa querenza pola cultura celta. Coido que cando se fala de celtismo en xeral, Irlanda ocupa un lugar de certo privilexio por ser un deses territorios onde mellor se conservou esta cultura. Galicia e Irlanda teñen unha relación histórica de irmandade, ben o sabemos os galegos. Para nós, esta cuestión, sempre xera un debate que sen dúbida axuda a consolidar e afianzar ese vínculo. Moitas son as cuestións que afondan nas raíces comúns dos dous pobos pero, entre todas, hai unha destacable pola súa relevancia: a profunda relixiosidade, ben arraigada nos dous países, mesturada ata a confusión con antigos ritos pagáns. Galicia é o lugar de Europa con máis topónimos relacionados con santas e santos e aínda que na Irlanda non se dá esta circunstancia, a súa relixiosidade é moi profunda ata na actualidade. É Lá Fhéile Padraigh ou san Patricio o gran santo patrón dos católicos irlandeses, sen discusión. Un santo nacido en Britannia, cunha longa historia persoal e a quen se lle atribúe a principal introdución do catolicismo en Irlanda. O trevo é unha planta asociada a el.

Dise que o empregaba nas homilías para explicar o misterio da trindade ou a divindade tripla, Deus, Xesucristo e Espirito Santo nas tres follas da planta. Tamén hai outra antiga lenda que conta que foi san Patricio quen acabou coas serpes na illa, animal que segundo a relixión católica está asociado ao demo, moito dicir. Quizais sexa un dos santos máis coñecidos internacionalmente debido a emigración de irlandeses por todo o mundo e tamén pola súa importante presenza na hostalería. O 17 de marzo celébrase o seu día en moitos lugares e alén da relixiosidade, nesta xornada destacan os desfiles de gaiteiros e o consumo de cervexa negra típica irlandesa ben popular e característica. Fóra da illa, quizais o desfile máis importante e vistoso sexa o de Nova Iorque onde se tingue o río Hudson de cor verde e participan milleiros de persoas. En Galicia tamén se celebra nas principais cidades e na Coruña a torre de Hércules ou de Breoghán ese día ilumínase de verde en honor a este persoeiro. Gloria ao santo pero máis á xente que mantén a esencia dun pobo tan único como é o irlandés.

 

[Imaxe: Rodrigo Jiménez | Efe – fonte: http://www.lavozdegalicia.es]

Trátase da Axencia Tributaria de Galicia, Atriga.

A directora da Axencia Tributaria de Galicia (ATRIGA), María Vitoria González, comparece no Parlamento

A directora da Axencia Tributaria de Galicia (ATRIGA), María Vitoria González, comparece no Parlamento.

A Mesa pola normalización lingüística celebrou que a Xunta « rectificase » e eliminase os topónimos deturpados dos correos electrónicos oficiais da Axencia Tributaria de Galicia (Atriga). Nun comunicado remitido aos medios, A Mesa sinala que, despois da protesta presentada a través do servizo A Liña do Galega, a Xunta remitiu ás traballadoras e traballadoras da entidade pública unha nova lista de rodas cos topónimos oficiais.

Para A Mesa, a rectificación da Atriga, entidade pública « ao servizo do interese da Comunidade autónoma de Galicia », é un novo éxito da cidadanía galega contra os continuos ataques ao galego. « Ataques », lamenta o presidente da Mesa, Marcos Maceira, « que veñen mesmo das institucións que deben defendela ». « A Xunta está a permitir », sinala, « cando non os exerce directamente, ataques á lexislación que debe facer cumprir, entre os que se atopan a Lei de normalización lingüística, o decreto para a recuperación e fixación da toponimia, o decreto polo que se aproba o nomenclator ou mesmas sentenzas xudiciais.

A Mesa explicou que conta cun servizo gratuíto para tramitar queixas ante a vulneración dos dereitos lingüísticos, así como para felicitar a quen dos pasos cara á garantía do dereito a vivir en galego.

[Imaxe: CONCHI PAZ – Europa Press – fonte: http://www.galiciaconfidencial.com]

O lugar non existe. Existe As Raposeiras, en Vilasantar, que era o lugar ao que a Consellaría de Mobilidade quería referirse.

astutas

Nota de prensa da Xunta da Galiza pasada polo tradutor automático.

Hai deturpacións e deturpacións. La Coruña ou Ourense son xa uns clásicos, todos e todas atopámolos algunha vez. Hainos que renxen aos oídos, como pode ser Ginzo, Puebla ou Vivero. E hai, superior a todos eles, a deturpación superlativa, na que xa non é que se deturpe o nome do lugar, senón que simplemente se traduce literalmente polo seu equivalente español.

Isto é o que vén de facer a Xunta da Galiza, a Administración que en teoría máis debería de velar pola lingua e polo respecto á toponimia propia do país.

Nunha nota de prensa oficial para informar dun convenio entre a Consellaría de Infraestruturas e Mobilidade e o Concello de Vilasantar, nomeábase un lugar, na nota en español, inencontrábel por moito que un deixase as pestanas procurando no mapa ou ben que preguntase á veciñanza: Las Astutas.

“Se reurbanizará esta travesía urbana en el entorno de la Casa del Ayuntamiento, en el núcleo principal del municipio, en Las Astutas, mejorando el estado del firme en ese punto”, afirmábase textualmente na nota oficial emitida polo departamento que dirixe Ethel Vázquez.

‘Las Astutas’. Inexistentes en guías de topónimos, mapas da Galiza, de Vilasantar e da comarca das Mariñas ou onde quer que se buscase. Non aparecía. E non aparece simplemente porque non existe.

‘Las Astutas’ é a tradución literal que un tradutor automático fai do topónimo que si existe en Vilasantar: As Raposeiras. De feito, a nota oficial da Consellaría en galego si que respecta a toponimia: “Reurbanizarase esta travesía urbana na contorna da Casa do Concello, no núcleo principal do municipio, nas Raposeiras, mellorando o estado do firme nese punto”.

As Raposeiras, na parroquia de Vilasantar, no Concello do mesmo nome e na comarca das Mariñas. Porque na Galiza hai tres lugares con ese nome. Ademais do de Vilasantar, haino en Rairiz de Veiga e na Caniza.

 

[Fonte: http://www.nosdiario.gal]

Meslèu que d’inventar toponims eras comissions municipalas qu’an tengut a preservar e transméter era microtoponimia locala

Bèthhag

Escrich per Joan-Pau Ferré

Eras comunas de Hogaron (de son nom francizat Fougaron) e de Bèthhag (prononciat [bɛ’tʃatʃ], oficialament Betchat), arrespectivament situadas en Comenge (País d’Aspèth e Salias) e en Coserans, que venguen de botar en plaça placas bilinguas enà ensenhar eths camins publics. Era associacion Eth Ostau Comengés qu’acompanhèc aqueris projèctes.

Despuish eth 21 de heurèr de 2022, data de promulgacion dera lei arrelativa ara descentralizacion, era desconcentracion e era simplificacion (dita “lei 3DS”), eras comunas de mens de 2000 abitants (que n’èran entrò aquiu dispensadas) que deven d’aqueste pè nà ençà nommar e numerotar eths camins comunaus e alimentar ua basa nacionala d’adreças estandardizadas qua vocacion de vénguer ua arreferéncia unica nà localizar eths lòcs. Era realizacion d’aqueth adreçatge que deu atau perméter aths factors, aths liuraires deras comandas passadas per internet e aths servicis de secors de ganhar un temps preciós pr’amor eras adreças precedentas que s’arresumavan soen a un nom de lòcdit pas tostemps conegut peths GPS.

Meslèu que d’inventar toponims o de balhar aras carrèras eth nom d’un personatge illustre, eras comissions municipalas de Hogaron e Bèthhag qu’an tengut a preservar e transméter era microtoponimia locala, en concertacion damb era associacion Eth Ostau Comengés, autora d’arrecèrcas istoricas e d’enquèstas au près deras gents enà cuélher aqueth patrimòni culturau immateriau.

Eths elijuts de Hogaron e de Bèthhag qu’an tanben volut qu’eth nom occitan auge era madeisha talha qu’eth nom “oficiau” francizat. En tèrmes de visibilitat e de prestigi culturau, qu’èra indispensable qu’eras duas lengas arrecebessen eth madeish tractament (madeisha polissa e madeisha talha).

Era comuna de Hogaron qu’a tanben profitat dera ajuda deth Conselh Departamentau de Nauta Garona nà doblar eths panèus d’entrada d’aglomeracion. Que i aurà atau quate panèus EB10 pera D13: dus que portaràn era inscripcion “Hogaron” e dus autis eth nom “Eths Carboèrs”, ath nivèu d’aqueth lòcdit.

 

[Sorsa: http://www.jornalet.com]

“É a primeira vez que se realiza a tradución completa desta colección tanto ao castelán como ao galego de hoxe porque son moitísimas cantigas -427- e porque, debido á estrutura que seguen, cómpre descompor e recompor as estrofas para que se comprendan ben os textos”, explica a experta Elvira Fidalgo.

Dúas páxinas das ‘Cantigas de Santa María’

O Grupo de Investigación de Románicas da Universidade de Santiago de Compostela (USC) está a traballar nunha nova edición crítica das Cantigas de Santa María de Afonso X O Sabio, que estará acompañada dunha “tradución ao galego actual”, e que se editará en colaboración co Centro Ramón Piñeiro para a Investigación en Humanidades. O grupo aborda diferentes liñas de estudo vinculadas coa Idade Media e dentro delas a catedrática de Filoloxía Románica Elvira Fidalgo céntrase dun modo moi particular nas cantigas, campo no cal está especializada e no que leva afondando desde hai máis de tres décadas.

A investigadora ten estudado esta obra en todos os seus aspectos: a edición dos textos, a análise das súas formas métricas, o léxico empregado para a súa redacción, o que tería sido o seu público receptor, o proceso de creación ou a análise da sociedade medieval que se reflicte nos seus versos. “Esta é unha das peculiaridades desta obra porque, como se trata de textos narrativos, onde se contan feitos que lle podían pasar a calquera persoa na Idade Media, sen distinción de clases sociais, de lugares ou de etnias, ofrécenos un debuxo perfecto da vida e costumes das xentes do século XIII”, indica.

A catedrática xa realizou recentemente a primeira tradución completa ao castelán que existe destes textos, dispoñíbel en formato electrónico na web da Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes. A súa finalidade é facilitar a comprensión destas composicións aos investigadores que non están familiarizados co galego medieval (nin co galego) e que as usan como soporte para as súas investigacións nos campos máis diversos.

Explicación dos topónimos

Na actualidade, Fidalgo está a elaborar unha nova edición crítica das cantigas desde a proposta das normas ortográficas do galego actual. Tanto a edición como a tradución ao galego estarán accesíbeis na páxina web do Centro Ramón Piñeiro, onde tamén se aloxará un recurso electrónico (e-Strela) que facilitará a investigación ás persoas investigadoras que desexen coñecer os detalles máis precisos das Cantigas de Santa María, achegando así mesmo a obra ao público menos especialista.

“É a primeira vez que se realiza a tradución completa desta colección tanto ao castelán como ao galego de hoxe porque son moitísimas cantigas -427- e porque, debido á estrutura que seguen, cómpre descompor e recompor as estrofas para que se comprendan ben os textos”, explica a experta.

“O estudo e a investigación na literatura medieval teñen que adaptarse aos tempos actuais. Por iso, a combinación de manuscritos medievais e das Humanidades Dixitais é imprescindíbel no noso labor de investigación e de difusión do coñecemento adquirido”, salienta a investigadora.

[Imaxe: USC – fonte: http://www.nosdiario.gal]

Tal com feia RENFE, prioritza l’ús de denominacions com « Cerbère » enlloc de « Cervera » o « Cervera de Marenda »

Cervera o Cervera de la Marenda, si es vol diferenciar de la capital de la Segarra. Aquest és el nom correcte en català d’aquest poble del Rosselló, però Rodalies de Catalunya continua entestat a utilitzar el topònim en francès, Cerbère, tal com feia l’Estat quan era el titular d’aquest servei ferroviari. El nom en francès apareix als horaris i mapes de la línia R11, que acaba a Portbou i inclou el canvi de via i també en un tuit, d’aquest divendres mateix, del compte oficial de Rodalies, indicant una incidència.

Tal com recorda en una piulada a X, l’activista Xavier Dengra, l’ús de la denominació francesa atempta contra « el criteri oficial de l’Estatut, de l’Institut Geogràfic Nacional, de l’Institut d’Estudis Catalans i de l’Oficina Pública de la Llengua Catalana de Perpinyà ».

Una decisió que sobta tractant-se d’un servei de rodalies depenent del Departament de Territori de la Generalitat de Catalunya.

Actualització a un quart de set de la tarda: Rodalies ha esborrat el tuit on parlava de Cerbère

 

[Foto: Aleix Freixas (ACN) – font: http://www.racocatala.cat]

A obra de Xoán Colazo vendeuse en só tres meses.

Xoán Colazo na presentación do libro onte en Candeán, Vigo

Tan só tres meses despois de saír á venda, o libro do economista Xoán Colazo Cento doce viaxes na miña terra esgotou xa a súa primeira edición e comeza a surtir as librarías coa primeira reimpresión da obra.

A  obra, publicada por Sermos Galiza S.A., empresa editora de Nós Diario, achega en 492 páxinas encadernadas en tapa dura, con máis de 250 fotografías a toda cor, as reflexións do autor sobre diferentes lugares da xeografía física e humana galega, profundamente transformada. Colazo leva décadas percorrendo os camiños do país e desde o nacemento de Sermos Galiza, en 2012, publicando, como integrante do colectivo Xea, estas reflexións. Agora, a través desta obra, convida a revivir esas « andainas polas derradeiras paraxes descoñecidas da Galiza ».

[Fonte: http://www.nosdiario.gal]

Escrich per Christian Andreu

L’istòria europèa es plena de migracions que se tenguèron long de totas las preïstòria e istòria del continent. Los primièrs umans modèrnes que i arribèron aperaquí fa 30 000 ans èran pas blancs. La lor origina foguèt l’Africa negra e la lor pèl se mantenguèt aital durant de centenats d’ans fins que lo clima l’esclarziguèsse. Mas tanben i aviá d’umans ja en Euròpa, los neandertalians, que demorarián pas gaire après aquela arribada.

Èra una societat matrifocala, egalitària e pacifica.

Après lo retirament de las darrièras glaciacions, los europèus parlavan segon plusors cercaires una meteissa lenga amb benlèu divèrses dialèctes desparièrs. L’istòria d’aquela lenga auriá contunhat fins a uèi lo jorn sonque per la lenga basca, car seriá la darrièra lenga viva parlada pels europèus abans l’invasion dels indoeuropèus. La pròva que foguèt parlada una lenga semblabla per tota Euròpa foguèt ja demostrada fa d’annadas pels cercaires, amb d’evidéncias lingüisticas de paraulas e toponims semblables, dempuèi la peninsula Iberica fins a Alemanha e l’èst europèu.

Aquela Euròpa es la granda doblidada dels libres d’istòria actuals, benlèu per d’interèsses politics o culturals. Sèm los eiretièrs de Grècia e Roma, mas Euròpa tanben aguèt d’abitants amb de costumas pròprias e una lenga pròpria abans aquelas culturas. Lo continent èra pas void quand i arribèron los romans. Segon mai d’un cercaire i aviá de vilas de fins a mai de 20 000 abitants dins de vals dobèrtas, sens muralhas, e ont l’arqueologia demostrèt que durant de longas pontannadas (fins a 2000 ans) se tenguèt pas de guèrras: èran los natius d’Euròpa.

Una societat diferenta

Segon mai d’un arqueològ, coma Marija Gimbutas, aqueles natius europèus avián un art naturalista, sens cap de referéncia a de tematicas militaras. Coneissián plan la metallurgia mas foguèt pas emplegada per fargar d’armas. La lor organizacion sociala èra matrifocala, çò es sens cap de dominacion del sèxe masculin sul femenin ni mai del femenin sul masculin. Èra una societat egalitària.

“Èra una societat matrifocala, e benlèu tanben matrilineara, agricòla e sedentària, egalitària e pacifica, çò diguèt Marija Gimbutas. Finiguèt amb l’arribada dels indoeuropèus, una societat patriarcala, estratificada, pastorala, nomada e qu’aviá la guèrra per unic sens de la vida. Long de tres ondas migratòrias militaras poguèron conquistar tota Euròpa entre los ans 4200 e  2500 abans lo Crist”.

En 2800 abans lo Crist avián conquistat tota Euròpa.

Uèi, aürosament, comença d’èsser descobèrta aquela societat europèa que visquèt abans l’arribada (benlèu val mai de dire la conquista) dels indoeuropèus. Lo trabalh de divèrses arqueològs dont Marija Gimbutas (que faguèt escòla) dobriguèt la draia, que uèi ja es camin, dins l’arqueologia actuala. Es la descobèrta d’una Euròpa amagada als abitants del continent, benlèu pr’amor de rasons politicas e culturalas masculinas car lo principi basic que contrarotlava aquela societat èra femenin e pas masculin. Una societat restacada mai a de tempses plan anteriors ont los clans èran matrifocals e los grops èran de ginecogrops, çò es que la relacion entre los umans èra pas lo nuclèu de la familha, car los mainatges èran de totòm e tota la tribú los sonhava pr’amor que l’identitat èra gropala.

Aquela Euròpa, totun, finiguèt quand arribèron los indoeuropèus, uèi identificats amb la cultura nomada asiatica dels kurgans (tanben dicha yamnaya). Uèi, la genetica confirma que los kurgans indoeuropèus comencèron de conquistar Euròpa amb de carris de cavals e de nòvas armas fa 6000 ans. Aperaquí en 4300 abans lo Crist l’arqueologia comença de trapar de vilatges cremats e pilhats près dels fluvis Dnièpre e Danubi. Son las mòstras arqueologicas pus ancianas d’aquela invasion.

En 2800 abans lo Crist avián conquistat tota Euròpa e los gèns masculins de l’epòca demesissián fòrça, çò que, segon la genetica, vòl dire que los òmes indoeuropèus raubavan de femnas europèas e aucissián los òmes. La lor lenga foguèt impausada e pauc a cha pauc l’antiga lenga europèa comencèt de declinar. Lo temps creariá plusors lengas, uèi conegudas coma indoeuropèas. E l’istòria dels natius europèus finiguèt alavetz. O benlèu pas…

 

[Sorsa: http://www.sapiencia.eu]

Puan está em cartaz no cinema do IMS Paulista ao longo do mês de dezembro.

Escrito por

O principal problema de Puan, de María Alché e Benjamín Naishtat, é seu título, compreensível de imediato apenas por argentinos razoavelmente familiarizados com seu sistema universitário. Puan é o nome informal do departamento de filosofia e letras da Universidade de Buenos Aires, localizado próximo à estação de metrô de mesmo nome. É como, para um paulistano, dizer que “Fulano estudou na São Francisco”.

Esse topônimo é o epicentro de uma “comédia filosófica” que põe em cena algumas das características mais louvadas do cinema argentino: construção narrativa inteligente, sátira social, abordagem ao mesmo tempo sutil e incisiva de grandes questões de nosso tempo, elenco formidável.

Tudo começa quando morre inesperadamente o titular da cátedra de filosofia política, o respeitadíssimo professor Caselli, deixando o departamento acéfalo e os colegas aturdidos. O sucessor natural de Caselli seria o tímido Marcelo Pena (Marcelo Subiotto), seu adjunto durante décadas. Mas ocorre que, de modo igualmente inesperado, chega de volta da Alemanha o midiático, sedutor e narcisista professor Rafael Sujarchuk (Leonardo Sbaraglia), disposto a brigar pelo cargo. Para complicar, Rafael está namorando uma jovem atriz (Lali Espósito), a celebridade do momento.

Ironia e melancolia

Essa disputa acadêmica, opondo homens de personalidades contrastantes, serve aqui como catalisador de embates e ideias muito mais amplos. Durante um par de horas, veremos os temas centrais da filosofia política e existencial ser testados e tensionados nas mais diversas situações: de um “show filosófico” no aniversário de uma madame a uma aula para adultos na periferia; de uma manifestação política de rua a uma conversa com artistas e ativistas nos confins dos Andes bolivianos; de reuniões acadêmicas à ocupação de uma fábrica por suas trabalhadoras.

As contradições sociais, as questões de gênero, a cultura descartável das celebridades, a eterna crise econômica argentina, tudo isso aflora na tela sob um olhar que se equilibra entre a ironia e a melancolia. Ideias basilares do pensamento social ocidental (Rousseau, Hobbes, Locke, Spinoza) são confrontadas com a algaravia de nossa época. Tudo passa pelos olhos e pelos silêncios do protagonista Marcelo Pena, que parece a todo momento se perguntar que diabos está acontecendo com o mundo.

A narrativa é dinâmica, mudando de velocidade e de tom de acordo com as exigências dramáticas, passando com segurança do timing de comédia de costumes para uma cadência mais lenta e reflexiva em certos momentos.

Contra a corrente

Conscientes de que estão fazendo cinema, e não literatura ou discurso político, os diretores constroem cenas visualmente poderosas e plenas de sugestão metafórica, como a do pacato café bonaerense “sitiado” por uma manifestação de rua, ou a subida de uma ladeira íngreme por um táxi de ré. O caos do mundo invadindo as reflexões etéreas do professor; a necessidade de inverter o sentido usual do trânsito, equivalente urbano do “remar contra a maré”.

O tango “Niebla del Riachuelo”, citado várias vezes ao longo do filme e cantado pelo protagonista no final, acentua a melancolia portenha e confirma, talvez, o verso de Manuel Bandeira: às vezes “a única coisa a fazer é tocar um tango argentino”.

Nota à margem: a codiretora María Alché surgiu para o mundo como a perturbadora protagonista adolescente de A menina santa (2004), de Lucrecia Martel. Anos depois, passou à direção, estreando em longa-metragem com Família submersa (2018). Seu parceiro de direção em Puan, Benjamín Naishtat, realizou, entre outros, o ótimo Vermelho sol, também de 2018.

Sucesso de público em seu país, ganhador dos prêmios de roteiro e ator (Marcelo Subiotto) no festival de San Sebastián, Puan chega a nós num momento de incerteza e apreensão quanto ao futuro do cinema argentino, diante das ameaças do presidente eleito de extinguir o Instituto Nacional de Cine y Artes Audiovisuales (INCAA). No recente festival de Mar del Plata, a comunidade cinematográfica argentina produziu um vídeo poderoso em defesa da instituição. Ele fala por si:

Après sa granda contribucion als estudis lingüistics e toponimics occitans, mai que mai de Lemosin, Ives Lavalada nos suspren amb la publicacion d’un libre de contes d’Irlanda publicat en çò de l’Union Occitana Camila Chabaneu (UOCC), associacion culturala del País Nontronés. Per ne saber mai, Jaumeta Beauzetie, de l’UOCC, a fach una entrevista de l’autor.

Ives Lavalada: «Sens lenga pòt-un contunhar de parlar d’identitat e d’avenir?» | Jaumeta Beauzetie

Aguei ‘gut revirat un conte d’Andersen; e un viatge en Irlanda m’a convidat a entrar dins lo monde gaelic

Setz conegut coma especialista de la lenga emb de las edicions de diccionaris, libres de toponimia e publicatz un libre de contes, coma quò se fai? Atz vos publicat d’autres libres de contes?

Segur que dins çò qu’ai fach lo monde se focalizen sus los diccionaris e obluden la resta. Quilhs-quí son evidentament la basa perque dins un país occitan tot a passat per la lenga. Sens lenga pòt un contunhar de parlar d’identitat e d’avenir? Hep brezhoneg Breizh ebet: sens breton, pas de Bretanha; e los bretons an plan rason. Mas una cultura se deu pas limitar a la sola lexicografia. La paraula, escricha o ben orala, deu pas ‘ver de frontiera. Limitar l’usatge de l’occitan a sa dimension territoriala es facilitar son embarrament eventuau. Nòstra situacion culturala nos balha doas armas, lo francés e l’occitan, quitament per quilhs que son a s’occitanizar. Las doas nos deven servir; e l’universalitat de la cultura occitana nos deu menar au dialògue de las culturas. Ai totjorn pensat entau (ma formacion l’i es queraque pas per ren). Qu’es maitot un afar de volontat personala e de consciéncia. En 1992, faguei una adaptacion dau libre sacrat daus maias; un jorn aguei l’eideia d’escrir 500 nuveus proverbis (en occitan, francés e espanhòu); puei de trabalhar a doas edicions bilingüas d’Òdas de Pablo Neruda, en partir de l’espanhòu; puei d’adaptar en òc e francés un grand roman brasilier, en partir dau portugués. Per çò qu’es daus contes, aguei ‘gut revirat un conte d’Andersen; e un viatge en Irlanda m’a convidat a entrar dins lo monde gaelic. A chasque còp qu’es una nuvela aventura; dins l’intimitat d’un pòble; una autra prigondor d’umanitat a transmetre. L’adaptacion a l’occitan lemosin demanda de l’audàcia e un engatjament que nos enrichesís.

L’elaboracion daus Contes Irlandés m’a tengut a l’òbra pendent unes 6 mes

Se vos fatz tot vos mesme, mesa en pagina, fòtos, etc.? Quò deu prene beucòp de temps

Qu’es ben entau que quò se passa; dempuei totjorn: chausida, escritura, presentacion, illustracion. L’imprimeire se charja dau tiratge; l’editor es l’intermediari; a condicion de los trobar… Un miracle. E tene beucòp a la qualitat de la lenga, de l’expression; per daus textes que poden servir en public, dins daus cors de lenga; punt de despart per d’autras creacions individualas, perqué pas? L’elaboracion daus Contes Irlandés m’a tengut a l’òbra pendent unes 6 mes. Un còp fach lo pretzfach, la gròssa dificultat es de trobar daus legeires per ‘chaptar las edicions e permetre de compensar, en partida solament, los despens engatjats. Vesem ben que la gent se balha pas de garda dau chamin segut per arribar a l’edicion…

Perqué atz vos chausit l’Union Occitana coma editor?

Simplament perque l’i a bela pausa que coneisse sos animators; dau monde que respecten mon trabalh e ma persona; daus militants occitanistes vertadiers. Perque sei membre de l’associacion. E que, emb l’ajuda financiera dau CLEO, prumiera associacion occitana nascuda en 1970, qu’era aisat e naturau de poder menar a bona fin daus projectes.


LAVALADA, Ives. Contes irlandais / Contes d’Irlanda. Union Occitane Camille Chabaneau, 2023. 13 contes bilingües illustrats. 214 paginas. 25 èuros, mandadís comprés.

De comandar a l’UOCC: +33(0)5 53 60 76 99 o ben +33(0)5 55 33 10 48.

 

[Sorsa: http://www.jornalet.com]

Vista dá catedral de Chíchester

Escrito por BIEITO ROMERO

Hai anos tiven a sorte de coñecer un anaco de Cymru, nome que recibe o País de Gales no seu idioma propio da rama céltico britónica. A verdade é que gardo un grato recordo daquela viaxe. Foramos en coche dende o sur de Inglaterra onde ofreceramos un concerto na maxestosa catedral de Chíchester. O día anterior, nese mesmo lugar, estivera tocando o icónico artista de orixe irlandés Bob Geldof dentro dun ciclo de músicas moi diversas.

Dende alí dirixímonos a Dolgellau, unha localidade duns 2.500 habitantes aproximadamente situada no Parque Nacional de Snowdonia (ou Parc Cenedlaethol Eryri, en galés). Neste parque con 1.085 metros de altura está Snowden, a montaña máis alta de Gales e a que lle dá o nome ao lugar. Dolgellau lembrábame moito aos pobos de lousa da provincia de Lugo, incluso a paisaxe da contorna era verdadeiramente semellante.

A diferenza máis significativa a primeira vista é o exquisito coidado e respecto arquitectónico e a verdade que iso xa dá para unha importante reflexión comparativa. Polo demais, alén deste detalle substancial, e se non escoitas falar, semellaría que andásemos por Galicia perfectamente. Mais aí é onde eu quedei abraiado escoitando o idioma daquela xente.

O galés é o idioma céltico máis falado. Arredor do 20 % da poboación galesa emprega habitualmente a súa lingua, o cal é unha esperanza de supervivencia importante para un idioma tan minoritario que tamén ten que resistir o forte empuxe do inglés. Naquel lugar e dentro do festival ao que iamos, chamado Sesiwn Fawr [Gran Sesión], unha alta porcentaxe da xente que alí estaba empregaba o gales e abofé que non entendiamos nin papa pero era ben fermoso sentilos falar entre eles e recoñecernos a nós mesmos nesa mesma situación de posuír unha lingua propia.

A toponimia de Gales é alucinante e a composición dalgunhas palabras nas que non había nin unha soa vogal era ben curiosa para nós. Como curiosidade comentar que moi preto dese lugar está o nome de pobo máis grande do mundo con 58 caracteres que para nós é practicamente imposible de pronunciar, mais se queredes probar aí volo deixo: Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch.

 

[Fonte: http://www.lavozdegalicia.es]

Escrit per Andreu Pujol

L’apertura lingüística al Congres dels Diputats negociada gràcies a la força electoral de l’independentisme ha obert el meló de la denominació que ha de rebre la nostra llengua. Que en un primer moment es parlés de català, basc i gallec va suposar un cert sacseig al País Valencià. El nou Consell de la Generalitat Valenciana, format per la coalició entre PP i VOX, va veure-hi l’oportunitat de remenar entre les deixalles del blaverisme: amb falsa indignació presentaven com una agressió una pretesa exclusió de la llengua valenciana de la cambra espanyola.

La pantomima era especialment patètica per dues raons a la vegada. La primera és que sabien perfectament que el valencià estava essent reconegut amb el nom de català: ningú no negaria traductors als valencians, bàsicament perquè serien els mateixos –potser valencians també– que per la resta de catalanoparlants. La segona és que poc abans, tant PP com Vox s’havien mostrat contraris a la possible utilització al Congrés de qualsevol llengua que no fos la castellana: ni valencià, ni català.

Força més adient va ser la reacció de Ximo Puig, demanant que s’utilitzés la denominació de “català-valencià” per referir-se a l’idioma que té el seu hàbitat dins de les coordenades marcades per FragaMaóSalses i Guardamar. De nou, els mateixos que es dediquen a castellanitzar topònims valencians i a desmuntar totes les polítiques de normalització lingüística de l’anterior govern van sortir a queixar-se amb l’antiga cantarella acientífica i terraplanista que parla de dos suposats idiomes diferents. Paral·lelament, des de l’independentisme català van sorgir algunes veus indocumentades –entre les quals la d’algun diputat– a blasmar de la doble denominació, com si aquesta fos una concessió al secessionisme lingüístic.

Poc s’ha trepitjat el País Valencià si s’ignora l’ús generalitzat que es fa del terme “valencià” per referir-se a l’idioma autòcton. No és una qüestió de dretes, esquerres, espanyolisme o valencianisme: aquest és el nom que donen tots els valencians a la seva parla. La ignorància ens podria fer pressuposar que aquest fet es produeix des de la famosa Batalla de València, amb consegüent imposició d’un relat separador. Doncs no. Manuel Sanchis Guarner, al seu llibre La llengua dels valencians, recull testimonis del segle XV en els quals ja es parla de “llengua valenciana”, sense que en cap moment això pretengués transmetre que es tractava d’un idioma diferenciat del de les Illes Balears o Catalunya. No es pot obviar, tot i així, que denominar una llengua en funció de les divisions administratives té un punt d’absurd: hem de dir valencià a Vinaròs i català a Ulldecona? Mitja Catalunya té una parla més similar a la de València que a la de Barcelona!

Els lectors ja em perdonaran per explicar aquestes obvietats, però el desconeixement de qüestions tan bàsiques és el motor d’algunes de les reaccions abans citades. És necessari que abans coneguem bé allò que diem defensar i estimar, tot i que no sempre les coses es fan per aquest ordre.

La denominació “català-valencià”, més que veure’s com una agressió a la unitat de la llengua, s’ha de contemplar com una oportunitat per tancar una carpeta absurda, deixant clar que són dos noms per a una mateixa cosa. És més: des del meu punt de vista, seria bo que transcendís l’àmbit polític i s’utilitzés d’una manera generalitzada, de tal manera que els parlants del País Valencià es veiessin reconeguts amb la denominació que empren habitualment.

També hem de tenir clar que la constant polemització al voltant de l’idioma és fruit d’una voluntat assimiladora externa. Convertir la llengua catalanovalenciana en un conflicte permanent és la millor manera per fer-la retrocedir, en tant que el que hauria de ser una fluida eina de comunicació quotidiana es converteix en un cansat camp de batalla. Tot allò que ajudi a esborrar reticències i a eliminar suspicàcies serà una bona iniciativa: és el cas de la denominació “català-valencià” (o viceversa, és clar).

[Font: http://www.eltemps.cat]

Andreu Carretero ha publicat ‘Els noms dels ocells en el llenguatge popular català’ · El llibre inclou totes les espècies dels Països Catalans i, de cada una, se’n registren sinònims, refranys, frases fetes, mimologismes…

VilaWeb

La cuereta blanca és l’ocell amb més noms recollits al llibre. Foto: Wikimedia Commons / Artur Mikołajewski / CC BY-SA 3.0

Escrit per Jordi Badia i Pujol i Laura Gállego Marfà

Ho sabíeu que al nostre país hi ha 387 espècies d’ocells, però que tenen 6.816 noms? I com s’explica aquesta disparitat de xifres? Doncs perquè hi ha molts noms populars escampats per ací i per allà, és a dir, hi ha espècies que són anomenades de moltes maneres diferents. Aplegar aquests noms ha estat la feina que ha fet durant anys Andreu Carretero (Mataró, Maresme, 1956) i que ha culminat en el llibre Els noms dels ocells en el llenguatge popular català (Cossetània, 2022). El moixó més destacat de la portada del llibre és la cuereta blanca (Motacilla alba), i hi és per mèrits propis: amb 235 sinònims és l’espècie anomenada de més maneres de cap a cap del país.

“La mitjana de sinònims per espècie és de disset, és a dir, un mateix ocell és anomenat de disset maneres diferents de mitjana”, explica Carretero. I què ho fa que hi hagi espècies que en tinguin tants? “Tenir més sinònims o menys depèn de la proximitat que tinguem amb l’espècie. Com més fàcil de veure sigui, més ens hi familiaritzem i més noms hi posem”, diu.

Una passió transmesa als alumnes

Andreu Carretero ha estat durant més de trenta anys professor de llengua catalana i literatura a l’ensenyament secundari, i alhora fa anys que es va començar d’interessar per l’ornitologia: va començar a observar, estudiar i entendre els ocells, és anellador auxiliar i ha col·laborat en projectes de seguiment d’ocells. Aquesta passió l’ha dut a viatjar per Europa, Àfrica i Àsia. “De sempre m’han interessat els ocells. Si anava a muntanya, al camp, al bosc, si em trobava algú –pagesos, caçadors…–, els deia: ‘Heu vist l’esparver gros?’, per saber si sabien aquell nom concret, que és l’astor, per exemple. I m’ho anava apuntant en llibretes.”

Però vet aquí que el camí de les llibretes al llibre passava per l’institut d’Argentona, on va treballar abans de jubilar-se: “L’origen del llibre és un treball de recerca que van fer dues noies d’Argentona, la Raquel i la Marta, el curs 2000-2001. Els vaig proposar que fessin alguna cosa sobre els ocells i la llengua. Van buscar noms populars, però també sobretot frases fetes, refranys…: la presència dels ocells en la llengua.”

I vint anys més tard, tancat a casa arran del coronavirus, va decidir de reprendre aquell treball: “Els vaig demanar permís i vaig posar fil a l’agulla. Vaig sistematitzar tot allò que tenia recollit, vaig consultar ornitòlegs d’uns quants llocs i en va sortir aquest treball, que toca els dos vessants, l’ornitològic i el lletraferit.”

“Abans que el temps ho esborri…”

Partint del llibre titulat Abans que el temps ho esborri, de F. Xavier Baladia, Carretero ens explica l’objectiu de la seva obra: “Abans que el temps ho esborri, poder disposar d’un recull dels noms dels ocells en els àmbits més diversos possibles del llenguatge popular català”, diu en el pròleg.

Per això li demanem per les fonts. Com ha obtingut la informació? “Parlant amb pagesos, amb caçadors, amb gent de camp, amb ornitòlegs locals, amb gent que ha estudiat els ocells de sempre. I també, molt, en els llibres.” Hi ha noms de tots els Països Catalans? “Sí. La part de país ha estat més bibliogràfica, però també tinc contactes, per exemple, amb ornitòlegs valencians amb qui m’escric o amb qui he quedat algunes vegades. M’han passat informació curiosa de noms i de frases fetes. De les Illes hi ha un treball excel·lent que és l’Atles ornitonímic de les Illes Balears, en què referencien geogràficament el lloc on un informant concret ha dit el nom d’un ocell.”

Carretero insisteix molt en la vivesa i la vigència de tot aquest recull. I per això, al pròleg del llibre, hi diu: “No es tracta de ressuscitar fòssils medievals […], sinó de no perdre aquells noms que fins fa poc temps eren ben vius.” Per què es perden els noms? Hi ha dos motius, explica. En primer lloc, per l’oblit del món rural, ben visible. I, en segon lloc, per la imposició del registre estàndard, que deixa al marge les formes dialectals.

Un estudi exhaustiu i rigorós

El llibre conté un cos central, de més de dues-centes pàgines; i dos annexos, d’una cinquantena de pàgines més. Al cos central és on hi ha tota la informació aplegada i estructurada.

Primer de tot, després del nom de l’espècie, ens n’indica els sinònims. Aquest és, sens dubte, l’apartat més important i la justificació principal del llibre. Sorprenen, com hem dit, els 235 de la cuereta blanca, a molta distància dels 159 del pit-roig, que és el segon. Carretero ens fa veure que els sinònims es poden referir a característiques físiques (àguila de dits curts, cigne menut), a l’ambient on viuen (martinet d’olivera, teuladí de canyar), a la procedència geogràfica (busqueta de Barbaria, corb mallorquí), a singularitats de comportament (ànec roncador, picafigues), als hàbits alimentaris (caçamosques, menjapinyols), al cant que emeten (put-put, xurubit), a la resposta a factors climàtics (ànec de tardor, ocell de la pluja), o bé a la relació amb sants (gall de Sant Pere, pardalet de la Mare de Déu).

La segona informació fa referència a les frases fetes en què intervenen els noms d’ocells. Carretero en destaca algunes de genuïnes i que fan de mal traduir, com ara semblar un niu de puputs (‘tenir, una cosa o un lloc, molt desordre’) i portar un cap com un niu de garses (‘anar escabellat’). La gallina (més de noranta) i el gall (més de vuitanta) són els ocells més presents en les nostres frases fetes.

En tercer lloc, el llibre ens dóna informació sobre refranys amb noms d’ocells. L’autor posa en relleu que n’hi ha de tota mena, com ara de relacionats amb el pas del temps (Quan al camp veu garbes de blat, el cucut se’n va aviat), amb l’oratge (Quan canta la perdiu, que plourà diu, pagès busca ton niu), amb la gastronomia (Escudella de gallina els morts ressuscita)… També n’hi ha qui-sap-los de misògins (Perdiu i dona, encara que pudi és bona).

Un tema interessant de què tracta aquest llibre és la quantitat de noms d’ocells que s’ha traslladat al lèxic comú o al lèxic d’argot. N’hi ha moltíssims exemples, de camps tan diversos com ara la sexualitat (tita), la botànica (ull de perdiu), els jocs (l’oca), els qualificatius (gamarús, capsigrany)…

Carretero també garbella les endevinalles, els topònims, les rondalles, el bestiari festiu… per trobar-hi noms d’ocells. Un apartat curiós és el recull de casos d’imitació per homofonia, com ara Mentre éreu per dalt (pardal) tot fent el lloro (lloro), jo us vaig cridar per di’us (perdius) que teníem que anar-hi (canari). Però sens dubte el més singular és el dels mimologismes, mot usat per Joan Amades per significar “la interpretació en termes de llenguatge verbal dels crits dels animals i del soroll que fan les coses”. L’ocell amb més mimologismes és la mallerenga (Ja t’hi tinc! Ja t’hi tinc!), seguida de l’oreneta (Lleva’t dematí! Lleva’t dematí!). En relació amb aquestes expressions, Carretero ens confessa d’on en va treure moltes: “Jacint Verdaguer va fer un llibre molt curiós, El que diuen els ocells, on explica allò que li sembla que diuen els ocells i ho comenta, ho explica i en diu anècdotes”.

Per cloure el llibre, després del cos central, hi ha dos annexos. En el primer, hi apareixen els casos de polisèmia, és a dir, els noms populars que corresponen a més d’una espècie; la gent diu àguila, per exemple, a cinc espècies diferents. El segon aplega els casos de sinonímia, per a saber la quantitat de noms populars que es refereixen a una sola espècie, classificació encapçalada, com hem dit, per la cuereta blanca, amb 235, seguit a molta distància del pit-roig, amb 139.

La tasca continua

Carretero explica que, després de llegir el llibre de Verdaguer esmentat suara, va veure que el poeta feia servir molts noms d’ocells i que d’allà en podia sortir un altre treball: “Verdaguer és un personatge que sempre m’havia interessat i quan vaig acabar el llibre vaig pensar que ara tenia l’empenta d’investigar-lo. De manera que vaig començar a llegir-me tot Verdaguer. Cada vegada que sortia el nom d’un ocell, me l’anotava. He fet taules, he anat buscant i copiant tots els fragments en què apareixien noms d’un ocell, i tinc recollides 102 espècies i 1.600 fragments.”

Per una altra banda, un projecte molt interessant li va arribar del centre d’ensenyament on va treballar fins a la jubilació: “El secretari de l’institut d’Argentona m’ha ofert de preparar-ne una versió en línia consultable, una mena de Viquipèdia, que pugui rebre suggeriments d’ampliació, perquè la gent pugui suggerir no tan sols noms sinó també refranys, dites, frases fetes, etc. Ara treballem en això.”

La feina continua, doncs. Sortosament.

[Font: http://www.vilaweb.cat]

Antavianaipsilambayahoohouyhnhnmsilflayquarksnarkxerrapetairebarboteixotpiswi o Subolesa són algunes de les paraules creades per literats amb objectius diferents i resultats diversos. Algunes han triomfat gràcies al teatre; d’altres gràcies a la ciència; algunes estan pràcticament oblidades i d’altres han donat nom corporacions empresarials gegantines. Al seu darrere hi ha noms tan coneguts com Pere Calders, James Joyce, Lewis Carroll, Jonathan Swift o Ursula K. Le Guin.

Detall d’una il·lustració dels Viatges de Gulliver, amb els yahoos fent d’esclaus dels houyhnhnms (els cavalls).

Escrit per Àlex Milian

Antaviana era una paraula màgica en un conte de Pere Calders, «En començar el dia». Se la inventa un xiquet, Abel, que de bon començament la fa passar com un topònim. Repeteix Antavianaantavianaantaviana per a fer-li creure a sa mare que estudia geografia. Passat un temps, Abel li voldrà assignar un objecte, batejar alguna cosa amb el nom d’antaviana, però tots els objectes al seu voltant ja tenen nom…

La troballa d’antaviana va ser un miracle creatiu de Calders que gairebé passà desapercebut al món literari català i universal. Per sort, el 1978, la companyia teatral Dagoll Dagom va decidir fer un muntatge amb diversos contes de Calders i música de Jaume Sisa, però no trobava de cap manera un títol. Tal com ho explica Agustí Pons a Pere Calders, veritat oculta (Ed. 62, 1998), «havia arribat l’hora de posar títol a l’espectacle. Calders n’havia proposat dos: Paradís amb sobreàtic i Quins arle-quins. Als components del grup els agradava Calderilla, però aquest era un títol que Calders no acceptava perquè feia referència al seu nom —i l’escriptor era enemic declarat de la vanitat— i perquè calderilla era una paraula lingüísticament incorrecta».

Un dels caps visibles de Dagoll Dagom, Joan Lluís Bozzo, tindrà una idea en un punt indeterminat entre Barcelona i Alacant, segons el relat de Pons: «Durant un viatge que el grup va fer amb la furgoneta fins a Alacant per participar en un Festival de las Nacionalidades —encara amb el [anterior muntatge] No hablaré en classe—, Joan Lluís Bozzo va proposar AntavianaAntaviana era una paraula màgica, que no volia dir res i que ho volia dir tot». Això tenia avantatges i inconvenients, segons els components de la companyia: podia semblar un topònim o un nom femení i desorientar el potencial espectador; podia fer creure que el conte d’Antaviana era el principal de l’espectacle i no era així, però la paraula tenia ganxo. «Antaviana —resumeix Pons— permetia posar nom a moltes coses, reals o imaginades, i, per tant, també podia posar nom al recull de contes de Calders». Els membres de Dagoll Dagom van votar i Antaviana va guanyar.

L’obra va tindre un èxit espaterrant i Antaviana va esdevenir un nom mític del teatre català de l’època, tot i que molts encara pensen que pot ser un nom de dona o un lloc remot.

La vida de les paraules inventades té un destí tan incert com el seu origen. Per exemple, yahoo i quark són paraules inventades per Jonathan Swift i James Joyce, respectivament, que després han donat nom a un gegant tecnològic de l’era d’Internet i a una partícula fonamental de la matèria (vegeu el requadre).

Pel que fa a Antaviana, l’èxit del títol, de la paraula i de l’obra potser van esperonar la imaginació dels membres de Dagoll Dagom, perquè, anys després, a la sèrie de televisió La memòria dels cargols (TV3, 1999), utilitzarien les paraules inventades com a recurs humorístic. Els personatges barrejaven termes del lèxic pagès amb paraules inventades, aconseguint el doble joc de riure’s del món rural i de l’urbà (que no l’entén): com quan un jove Biel Duran li demanava al seu pare que no marxés molt temps perquè hi havia molta feina: «Quan tornareu? S’han d’artigar les feixes, meixancar els rostolls i esparmullar les carruxes». La broma s’aniria fent gran, sobretot amb les espremulles. Entre els guionistes estava el mateix Joan Lluís Bozzo, a més de Lluís Arcarazo, Francesc Orteu i Eduard Cortés. El compte actual de Twitter de Bozzo encara és @espremulla.

Alícia al país del xerrapetaire o el barboteixot

Un dels autors que juga més amb noves paraules és Lewis Carroll. Ho fa a The hunting of the snark, un llarg poema on la principal invenció ja és al títol: l’snark és una barreja entre snake (‘serp’) i shark (‘tauró’). Amadeu Viana n’ha signat una traducció-versió en edició bilingüe de Pagès Editors (1999) que va titular La caça del Merma (el Merma és l’Snark).

Però la culminació de Carroll en aquest sentit és un poema que està inserit a Alícia a través del mirall, «Jabberwocky», que està ple de noves paraules. El mateix títol ha estat traduït per Amadeu Viana i Salvador Oliva amb solucions tan diferents com El barboteixot (Viana) i Xerrapetaire (Oliva).

Ja explica Salvador Oliva en una nota a l’edició d’Editorial Baula de 2015 que la paraula Jabberwocky està formada «a partir de to jabber, ‘parlar d’una manera atropellada’» i alerta que «el poema és una paròdia de les edicions de textos en anglès antic», d’una banda; «i de l’altra, un exemple d’escriptura automàtica sense sentit». Oliva explica que, per a la seua versió, ha preferit donar «més importància als elements sonors» i deixar «de banda el sentit, perquè no en té».

La primera estrofa del Jabberwocky, en anglès i les seues traduccions al català són les següents:

Twas brillig, and the slithy toves

Did gyre and gimble in the wabe;

All mimsy were the borogoves,

And the mome raths outgrabe».

 

La mateixa estrofa en la versió d’Oliva:

«Rostillejava, i l’actillís teixó

giroscava furant pel gesperbatge

i el misfluix era com un papaó.

I els perds xiublaven a l’escatge»

 

I, una altra vegada, la mateixa estrofa, segons la traducció de Viana:

«Era temps brillós: les eslludentes tolves

girclaven varrivant en les onacles

assats mimayres eron los borogovis,

e·l bormi ratins abrisanava»

 

Per demostrar que no escrivia a la babalà, i alhora riure’s dels estudis acadèmics sobre la poesia, Lewis Carroll fa que Humpty Dumpty interpreti el significat d’aquesta primera estrofa a petició d’Alícia. Seguim amb la traducció de Salvador Oliva:

«Senyor, teniu molt d’enginy per explicar paraules», va dir l’Alícia. «Seríeu tan amable d’explicar-me el sentit del poema “XERRAPETAIRE”?».

I Humpty Dumpty li respon: «Puc explicar tots els poemes que s’han inventat, i una bona pila dels que encara no s’han inventat».(…)

»« »Rostillejar » vol dir les quatre de la tarda, que és l’hora d’encendre el forn per al rostit del sopar».

»«Això ja ho entenc bé», va dir l’Alícia. «I « l’actillís’?».

»«Bé, « actillís » vol dir « actiu » i « lis ». « Acti » vol dir « actiu ». Veus? És com si fos una caixa de núvia que té més d’una cosa a dintre: hi ha dos sentits empaquetats en una mateixa paraula».

»«Ah, ja ho entenc», va dir l’Alícia amb un aire pensarós. «I què vol dir « teixo»?».

»«Bé, « teixo » és una cosa semblant al teix, però també s’assembla a una sargantana i a un tirabuixó».

»«Deu ser una criatura amb un aspecte estranyíssim».

»«Ho és», va dir Humpty Dumpty, «i també t’he de dir que fa el niu sota els rellotges de sol i s’alimenta de formatge».

Tintinnabulation i ipsilamba

Entre les paraules inventades més famoses de la literatura hi ha tintinnabulation, que Edgar Allan Poe fa servir al poema The Bells i que Txema Martínez tradueix ‘els campaneigs’ a Poesia completa (Quaderns Crema, 2016), i Ipsilamba, que Vladimir Nabokov inventa a Invitation to Behading (en realitat publicada originalment en rus el 1936, sense versió catalana, i en castellà, Invitado a una decapitación, editat per Anagrama el 2021. Al protagonista del llibre, Cincinnatus, li agradaven les paraules mentre que els altres nens «s’entenien a la primera paraula, ja que no tenien mots que acabessin de manera inesperada, potser amb alguna carta arcaica, una ipsilamba, que es convertia en ocell o en tirador amb resultats sorprenents». La paraula també pren protagonisme a Reading Lolita in Tehran (Leer Lolita en Teherán), on la professora de literatura Azar Nafisi recorda l’experiment que va fer un cop va ser expulsada de la Universitat de Teheran: un petit club de lectura amb dones en l’Iran dels aiatol·làs. Cada alumna dona una versió del que creu que és ipsilamba: «un ball», un «peixet platejat», «un so, una melodia», un abracadabra

Aquest cap de setmana, silflay

Una altra novel·la on els conills són protagonistes també és rica en paraules inventades per l’escriptor. A El turó de Watership (1971), Richard Adams fa una faula on els conills tenen el seu propi idioma i les seues peculiars matemàtiques.

La paraula amb més possibilitats de triomfar fora d’aquesta gran novel·la és, sens dubte, Silflay, que és ‘sortir fora per anar a menjar’. Owsla i Hrair tenen definicions peculiars en sengles notes a peu de pàgina de l’autor. «Quasi totes les llorigueres tenen un Owsla o grup de conills forts o intel·ligents, de dos anys o més, que envolten el Cap dels Conills i la seva femella i exerceixen l’autoritat. Els Owsla varien. En una lloriguera l’Owsla pot ser la banda d’un guerrer; en una altra pot consistir principalment en patrullers llestos o assaltants d’hortes. De vegades un bon narrador hi pot trobar el seu lloc; o un conill visionari o intuïtiu. A la lloriguera de Sandlefor, en aquest temps, l’Owsla tenia més aviat caràcter militar (encara que, com es veurà més endavant, no tan militar com d’altres)».

Els conills també tenen una manera concreta de comptar: «Els conills poden comptar fins a quatre. Qualsevol número superior és hrair, ‘una pila’ o ‘un miler’. Per això diuen U Hrair (‘el miler’) per significar, col·lectivament, tots els enemics (o elil, com ells els anomenen) dels conills: la guineu, els erminis, les mosteles, els gats, els mussols, els homes, etc. Probablement, hi havia més de cinc conills en la conillada en què nasqué en Cinquè, però el seu nom, Hrairoo, vol dir petit miler, és a dir el petit d’una colla, o com es diu entre altres petits, el ‘caganiu’».

La magnífica traducció és de Montserrat Solanas per l’edició d’Edhasa (1989).

Yahoos i houyhnhnms

De vegades, la creativitat més radical dels escriptors crea mons nous per als quals ha d’inventar topònims i gentilicis nous. El fenomen és tan antic com la literatura (els mateixos mites literaris des dels sumeris fins als grecs inventen mons nous), però Jonathan Swift als Viatges de Gulliver, publicat originalment el 1726 (Adesiara, 2015), demostra una imaginació desbordant en aquest sentit: a més dels petits lil·liputencs que tots coneixem, Swift és també el creador d’una paraula que va donar nom a un dels més famosos buscadors d’Internet: Yahoo. Els yahoos apareixen a la quarta part dels Viatges de Gulliver i són pràcticament esclaus dels houyhnhnms, que són una mena de cavalls, tan intel·ligents com els humans i amb una llengua pròpia.

Els yahoos —segons Swift, Gulliver i la traductora Victòria Gual i Godó (en la versió d’Adesiara)— «tenien el cap i el pit coberts de pèl gruixut, en alguns arrissat i en altres llis. Tenien barba com les cabres i una llarga pelussera a l’esquena i a la part de davant de les pots i els peus, però la resta del cos era pelada, de manera que els podia veure la pell, que era d’un color marró com d’ant».

Gulliver també aclareix l’origen de houyhnhnm: «La paraula houyhnhnm, en la seva llengua, significa ‘cavall’ i, etimològicament, ‘perfecció de la natura’. Vaig dir al meu amo —explica Gulliver a la novel·la— que em costava expressar-me, però que milloraria tan de pressa com pogués, i esperava que al cap de poc temps li podria contar meravelles. Li plagué encarregar a la seva pròpia euga, als seus poltres i als servents de la família que aprofitessin totes les oportunitats d’instruir-me, i cada dia, durant dues o tres hores, feia el mateix esforç en persona. Alguns cavalls i eugues distingits del veïnat començaren a venir sovint a casa nostra quan es va escampar la notícia que hi havia un yahoo extraordinari que sabia parlar com un houyhnhnm i semblava mostrar en els seus mots i les seves accions alguns indicis de raó».

La imaginació de Swift no acabava aquí. Abans de visitar el país dels houyhnhnm, Gulliver també viatja a Brobdingnag, Laputa, Balnibarbi, Luggnagg, Glubbdubdrib i el Japó (nació exòtica que al segle XVIII utilitza com a contrast realista, i alhora humorístic, amb els regnes inventats).

Òbviament, la juguesca de Swift la repetiran després altres autors que crearan mons totalment nous: J. R. R. Tolkien a El senyor dels anells, el 1957 crea els hobbitsMordor, etc.; C.S. Lewis, a Les Cròniques de Nàrnia (Destino) fa el mateix i Ursula K. Le Guin inventa Terramar en la seua trilogia més famosa, publicada entre 1968- i972 (i en català per Raig Verd). A Catalunya, cal recordar que el lleidatà Josep Maria Francès a la novel·la del 1936 Retorn al sol (Voliana Edicions, 2018) va inventar una Catalunya confinada sota Montserrat en un món subterrani batejat Subolesa (sota Olesa de Montserrat).

Els odonians i el piswi

El 1974 Le Guin inventa a Els desposseïts [Raig Verd, 2018] Odo i els odonians. Ho explica així a la introducció del conte «El dia abans de la revolució», dins de Les dotze direccions del vent (Raig Verd, 2022)«La meva novel·la Els desposseïts parla d’un petit grapat de persones que s’anomenen odonians. El nom deriva de la fundadora de la societat, Odo, que va viure unes quantes generacions abans de l’època de la novel·la i que, per tant, no participa en l’acció —excepte implícitament, en el sentit que tot va començar amb ella».

Però Le Guin també crea paraules noves, a l’estil Carroll. En un altre dels contes inclosos a Les dotze direccions del vent, concretament a «La regla dels noms», s’inventa un ocell, el piswi, del qual desgraciadament, no dona molts detalls: «Portava un petit carregament variat de teles, sandàlies, plomes de piswi per adornar capes, encens barat, pedres de lleugeresa, herbes delicades i unes denes de vidre ben grosses de Venway… el gènere habitual d’un venedor ambulant».

La ciència-ficció és un terreny ben adobat per al naixement de paraules noves. El gran escriptor polonès Stanisław Lem les utilitza com a recurs humorístic als seus Diaris de les estrelles, una obra intel·ligent i divertida que, malauradament, no s’ha traduït mai al català. La versió espanyola de la traductora Jadwiga Maurizio (Bruguera, 1978), pot donar una idea de l’ús humorístic dels «neologismes buits» de Lem al «Viaje vigésimo»: «Pero tal como suele pasar, mis sueños no se realizaron. Al ver que la primera caja que había sacado del cohete tenía un costado hundido, lleno de inquietud por las preciadas piezas que había reunido, me puse al instante a deshacer todos los cajones. Las mirdangas estaban en buen estado, pero las calusinas tenían toda la parte baja arrugada. Desde luego, no podía dejar las cosas así. En unas horas desprendí las tapaderas de las cajas más grandes, abrí los baúles, puse los gronsos encima del radiador para que se secaran, empapados como estaban con el té del termo, pero lo que me hizo temblar de verdad fueron los rehenchos. Tenían que ser el orgullo de mi colección (…) Tendí todavía las matulcas en una cuerda de secar ropa y me fui a la cocina para preparar la cena».

Tancat en una petita nau rumb a Antaviana, Balnibarbi o ves a saber, el protagonista dels Diaris de les estrelles de Lem, no podia fer ni ipsilamba ni silflay.

El quark de James Joyce

Quark no és ben bé una paraula inventada sinó una mena d’error, una paraula equivocada en boca d’un taverner que ha begut massa, en una obra de James Joyce.

Tots estem fets de quarks perquè el descobridor de la partícula, Murray Gell-Man, volia un nom que rimés amb pork (‘porc’) i, durant un temps, en va dir quork, una paraula inventada per ell mateix que no li feia el pes. Poc després del descobriment de la partícula subatòmica, Gell-Man es va assabentar que, en el Finnegans Wake de James Joyce, un personatge —el taverner del pub H. C. Earwicker de Dublín— aixeca una gerra de cervesa i demana un brindis per Mister Mark, trabucant les paraules, de manera que, en compte de Three quarts for Mister Mark (‘Tres quarts pel senyor Mark’) demana «Three quarks for Muster Mark!». És llavors que el físic Gell-Man decideix batejar quark la nova partícula. Fins aquell moment, un quark podia ser, com a molt, l’onomatopeia que es fa servir per a l’escataineig d’una gavina o un ànec. De manera que el brindis de Finnegans Wake podria traduir-se «Tres qüecs pel sonyor Mark!». Gràcies a aquesta carambola lingüística, ara els quarks són una part fonamental de tots nosaltres. Salut!

 

[Font: http://www.eltemps.cat]

Escrito por M. Pilar García Negro

Permítanme que recorde unha anécdota xa ben distante no tempo. Na primavera de 1980, unha servidora acudiu ao XVI Congreso de Filoloxía Románica, que tiña lugar en Palma de Mallorca. As protocolares intervencións culminaron cunhas palabras do, daquela, conseller de Cultura do goberno das Balears. Foron en español, mais, ao final, declarou: «Ahora me van a permitir que les dirija unas palabras en el idioma de estas islas», e proferiu un breve saúdo en catalán. Desde aquela, manexei, de xeito informal e semi-humorístico, unha distinción sociolingüística ben doada de entender, entre linguas que se falan sen permiso e aqueloutras para as cais é preciso solicitalo. Tamén poderíamos falar (entre nós, polo menos) de «galego eclesiástico», aquel que se permiten bispos ou arcebispos, con habitual perorata na lingua oficial do Estado e leve complemento circunstancial na lingua «propia» da Galiza.

O de «propia» –como saben todos vostedes– é letra legal (Estatuto), así que, se non queremos ofender a semántica, se é “propia”, as demais serán «alleas»… Vaites, vaites! A boa hora o Tribunal Constitucional respeita a semántica! Para el (1986), o galego é lingua «propia» no sentido de «peculiar», pois sentencia que tamén o é («propia») o castelán… Que ricos que somos, que diría un arxentino: temos dúas linguas «propias» e nós, nos biosbardos!

A anécdota daquel conselleiro balear, visto o Congreso de que se trataba e que congregaba filólogos-as romanistas de todo o mundo mundial (con obriga, por tanto, de teren familiarización mínima coas linguas evoluídas desde o latín), agrandaba o seu ridículo, a súa superfluidade, mais era demostrativa da submisión política ao marco constitucional e, por tanto, dos limites marcados ás linguas diferentes do español.

Desde aquel lonxincuo 1980, voltemos aos nosos días. «Hablamos español» / Vox teñen a ben visitar tres lugares da nosa nación (Sanxenxo, A Coruña, Ourense) para chantar neles como nos «debemos» chamar e para nos dar permiso de utilizar «en gallego» os nomes reais, históricos, creados hai centos de anos polo povo galego e deturpados barbaramente pola incuria dos poderes públicos españois e polos seus capataces operantes na nosa terra. Isto en 2023, após toda a loita de décadas por restaurarmos a nosa toponimia e despois de dúas leis que estabelecen cais son as formas da mesma non só lexítimas senón legais. Refírome á lei autonómica 3/1983, de Normalización Lingüística (artigo 10) e á lei do Estado 2/1998 (artigo único) que estipula como oficiais as denominacións de A Coruña e de Ourense para as provincias respectivas, conforme o nome oficial das cidades correspondentes.

Máis unha volta, a cidadanía galega secundou a iniciativa da Mesa pola Normalización Lingüística, que, por enésima vez, houbo de lembrar o noso dereito e o noso deber de chamármonos como nos chamamos e non como nos queren chamar desde a histérica intransixencia española. A Mesa… é unha ONG. El haberá institucións públicas galegas? Haberá Xunta (de que, de onde?)? Haberá Real Academia Galega? Haberá Consello da Cultura Galega? Haberá Universidades galegas? Haberá unha compañía pública de radio e de televisión? Serán unha ilusión dos sentidos? (porque do peto non o son, desde logo…). É tolerábel ter que aturar, a esta altura do filme histórico, semellante agresión, semellante insolencia? Pensarán que somos individuos de Protectorado? Valen de algo as leis promulgadas pola Comunidade Autónoma galega e polo propio Estado español?

Barbarización dos nosos nomes: Nunca Máis!! (tamén fóra do mar e da costa hai chapapote…).

 

[Fonte: http://www.luzes.gal]

Foxo do lobo en Viana do Bolo

Escrito por BIEITO ROMERO

A palabra lobo procede do termo latino lupus. Nun dos seus significados defíneo como un animal mamífero, carniceiro, semellante a un can de gran tamaño cunha cor de pelo pardo agrisado, cabeza aguzada, orellas curtas, ergueitas e con rabo longo e peludo.

canis lupus ou lobo é un animal milenario que antigamente habitaba na práctica totalidade do hemisferio norte, quedando reducido o seu espazo na actualidade a unhas áreas moi minguadas nas que habitan as diferentes subespecies.

Animal mitolóxico e totémico está presente en diferentes culturas do planeta representando poder, forza, nobreza, espiritualidade e ata curación.

Dende a lenda histórica da antiga Roma, cuxos fundadores Rómulo e Remo foron aleitados por unha loba, ao mitolóxico e monstruoso lobo Fenrir das culturas nórdicas ou dende os lobos sagrados e curandeiros das culturas indíxenas americanas ata os temibles e familiares lobishomes galaicos, a presenza do lobo é constante nas súas diferentes acepcións. En Galicia o lobo está moi presente pero tamén moi estigmatizado. Infunde medo, e os ataques que provoca ocasionalmente sobre o gando fan que en determinados ámbitos estea considerado como un animal daniño.

Mais por outra banda actúa como un gran regulador ecolóxico, xa que é predador de especies que na actualidade se están a converter nun problema invasor por falta dese equilibrio natural provocado, en parte, pola mingua de individuos desta clase.

Na miña casa sempre sentín falar de lobos, e practicamente sempre con connotacións negativas, agás cando se falaba da súa intelixencia e astucia. Escoitei contos arrepiantes sobre lobos e historias reais que lle sucederon aos meus avós, a familiares e a xentes de preto. Souben da historia do considerado lobishome que vivía nunha aldea non moi de lonxe á nosa e tamén do significado do chamado popularmente aire do lobo.

A innumerable toponimia referida a este mítico animal é un reflexo da súa fonda pegada na cultura popular: Lobeira, Lobelle, Lobás, Fonte do lobo ou Foxo do lobo son algunhas dos innumerables testemuñas da súa presenza milenaria na nosa terra.

Moitas son as locucións, cantigas, adiviñas e refráns na cultura popular galega referidos a este impoñente animal, mais eu para este texto quédome co que di en terra de lobos ouvear coma todos, moi doado de entender nestes tempos.

 

[Fonte: http://www.lavozdegalicia.es]

Sinal en Perexe

Escrito por Xabier Lago Mestre

O Parlamento galego ten debatido sobre a problemática lingüística do Bierzo recentemente. A Xunta manifestou o seu desexo de axudar a recuperar a nosa toponimia galegoberciana. Por suposto, os falantes do Bierzo queremos que os nosos topónimos tradicionais teñan o protagonismo que lles corresponde. Porque a nosa dignidade colectiva se manifesta nunha representación cultural en galego. Mágoa que desde os poderes políticos de León e Valladolid non saiban ver que temos unha especificidade lingüística que debe ser respectada e protexida, ainda que outros non a compartan nin a sintan.

Velaí a resistencia cultural que facemos acotío, coa nosa fala popular, mesturada de vellas verbas locais, fincadas na terra, propias de orónimos, hidrónimos, antropónimos, etc. Tampouco faltan as anónimas pintadas nos sinais de tráfico, como berros na noite de pedra. Non dubidamos que a visualización da toponimia é fundamental. As xuntas veciñais das localidades coñecen os seus topónimos, mellor que ninguén para recuperalos. E o Consello comarcal berciano debería comprometerse á divulgación con recompilacións toponímicas, carteleira, novos mapas actualizados, folletos turísticos bilingües, etc.

Sinal en Veiga de Valcarce

Neste labor de recuperación toponímica vai vir ben a axuda da Comisión toponímica de Galicia. No traballo de campo haberá que escoitar aos veciños, os suxeitos lingüísticos. Outra fonte de investigación será a documentación monástica que xorde na lingua galega medieval. Casos das abadías de s. Pedro de Montes, Carracedo, Andrés de Espiñareda, Cluniego de Vilafranca, Samos, O Cebreiro, etc. Os investigadores sabemos da castelanización toponímica feita cos censos fiscais da Idade Moderna. Incluso os notarios e párrocos castelanizaban os nomes persoais (Castelao por Castellano, Souto por Soto, Carballo por Carbayo, etc).

No Bierzo os procesos históricos de castelanización son progresivos. A nosa toponimia foi trocada paseniño. Hai que ter en conta as institucións que utilizaron a escrita en castelán como instrumento do seu poder. Daquela os oficiais (correxidores, notarios, recadadores, etc) interpretaron a realidade berciana segundo a súa visión castelá. Para os foráneos, os topónimos galegos, ante a súa complexa fonética e grafía, foron rexistrados en castelán. Por iso, Perexe paso a Pereje, o río Valcarce quedou Valcarcel ou Valcarcer, o vello castelo de Cornatelo castrado en Cornatel, a desputada devesa do Fabeiro (Ponferrada) foi desgaleguizada en Fabero, etc.

Hai outras numerosas formas de castelanizar a toponimia berciana. Lembramos os casos dos artigos galegos que son suprimidos. As Médulas famosas soan a las Médulas, o castro da Ventosa (Cacabelos) resta en castro Ventosa, a comarca da Somoza evoluciona a La Somoza, etc. Todo moi paseniño, sen causar problemas, que as institucións así o escriben e mandan. O idioma oficial castelán remata cos topónimos galegos sen pausa, primeiro polos maiores (comarcas, concellos, serras, cordais…) e despois os menores (outeiros, regueiros, montes…).

Sinal en Parada de Souto

Por suposto, a recuperación toponímica non vai ser conflitiva. A maioría falante castelán non quere cambios toponímicos, que si xa son oficiais, están na documentación escrita, levan décadas como tais, etc. Logo temos aos leonesistas, que defenderán o seu asturleonés ou mailas súas falas locais, etc porque verán invasións culturais, como cando aconteceu o ensino regrado do galego no Bierzo (2000). Non faltarán eses etnógrafos foráneos que defenderán o mantemento das súas presuntas falas locais, como esencia comunicativa dos veciños até a súa morte. E faltan os filólogos que nos traerán as reviradas isoglosas e as medidas liñas dialectais que tanto afastan. No fondo, todos eles pasan do mantemento do galego no Bierzo, nin cavilan en ter unha lingua con funcionalidade no século XXI. Trátase de fomentar o uniformismo castelán e manter modalidades lingüísticas indefinidas que só teñen valor turístico e investigador.

Non podemos pasar por alto a lexislación que protexe o poder lingüístico castelán. O galego do Bierzo non ten categoría xurídica de oficial, sendo a mesma lingua que falan na Galiza, todo depende da raia do Cebreiro. Vaia imaxinario político-administrativo! As Cortes de Castela e León aprobaron unha lei do réxime local, no seu artigo 24.1 lemos, “la denominación de los municipios habrá de ser en lengua castellana”, queda claro!, e engade, “respetándose las denominaciones existentes a la entrada en vigor de esta Ley”, grazas por esta xenerosidade política, só faltaría ter de trocar os perigosos nomes dos concellos en galego (Trabadelo, Ponferrada por Puenteherrado, etc). Que saibas que non se pode tocar La Vega de Valcarce, nin Balboa, para nada recuperar os censurados A Veiga, Valboa ou Toural dos Vados. A devandita lei rexional ilexítima está para cumprila… sempre quedará a rebelde pintada anónima.

 

[Fotos do autor – fonte: http://www.praza.gal]